La «Coalition citoyenne pour le Sahel» souhaite aussi «l’ouverture de premier procès de soldats et de responsables de milice, de manière très rapide, notamment en ce qui concerne des massacres qui ont été particulièrement documentés comme celui d’Inates au Niger ou celui de Djibo au Burkina Faso voire d’Ogossagou au Mali».
«Il est nécessaire aujourd’hui que les procédures, que les autorités ont annoncé avoir lancées, aboutissent de manière concrète et visible», a confié Mme Niagalé Bagayoko à nos confrères de RFI. Et la coalition est naturellement favorable au dialogue avec certains jihadistes. Pour Mme Niagalé Bagayoko, il y a différents niveaux de dialogue. «Il y a bien entendu le dialogue que certaines autorités nationales, notamment celles du Mali, ont déclaré vouloir engager avec certains chefs de groupes jihadistes, notamment Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. Mais, il y a un deuxième niveau qui est celui des dialogues qui sont menés en réalité au niveau local».
Et de rappeler que, aujourd’hui, «la difficulté est qu’il n’existe pas de coordination entre ces différents niveaux et l’un des enjeux est vraiment de parvenir à inscrire l’ensemble de ces initiatives dans un schéma beaucoup plus global de gestion de la crise».
La transparence dans les budgets de la défense est également l’une des recommandations de la coalition. Une exigence justifiée par les scandales qui ont éclaté au Niger puis au Burkina Faso et également au Mali. «Dans un contexte de guerre, ces scandales vont à l’encontre justement de ce principe de protection des populations et même de respect des soldats eux-mêmes», a déploré Mme Niagalé Bagayoko. En effet, poursuit-elle, comment accepter aujourd’hui que «des soldats risquent leur vie et en mainte, puisque le nombre de soldats tués au cours des dernières années varie entre 200 et 400 par an selon les pays. C’est donc énorme».
Et comment accepter que «ces soldats soient déployés avec des moyens qui restent quand même dans l’ensemble relativement insuffisants, alors même que les budgets qui leur sont destinés sont détournés». Cette exigence est adressée non seulement aux Etats de la région, mais également aux partenaires internationaux. «Il doit y avoir une conditionnalité absolue lorsqu’il existe des programmes de coopération militaire avec des États pour que les budgets affectés à la défense y soient réellement consacrés», a conclu Mme Niagalé Bagayoko dans l’entretien accordé à RFI le 13 avril 2021.
Naby
Source : Le Matin