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Mot de la semaine : Sobane

Sobane la martyre, Sobane la cité fantôme, Sobane l’innocente. Il vient de se passer dans cette petite agglomération de moins de 400 âmes l’une des tueries les plus horribles jamais commises dans les livres d’histoire au Mali. Le lundi 10 juin 2019, la vie s’est arrêtée pour plus d’une centaine de maliens victimes de la sauvagerie la plus abominable. Cette date restera gravée dans la mémoire des rescapés du deuxième holocauste malien, après celui d’Ogossagou. Comment l’homme peut-il devenir un loup pour l’homme ? L’opinion nationale et internationale va-t-elle continuer à condamner seulement sans agir ? Le Président de la République va-t-il continuer à menacer comme pour Ogossagou sans sévir ?

Cet énième massacre et cette deuxième tuerie sans discernement et en masse prouvent à suffisance qu’il n’y a non seulement pas d’Etat, mais aussi et surtout que les forces étrangères présentes au Mali ont un autre agenda différent. Le complot international contre le pays de Soundiata Keita serait en marche. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de la présence des forces Barkhanes, de la MINUSMA, du G5 Sahel et des forces armées maliennes et surtout malgré les moyens aériens conséquents, qu’aucune force n’ait soupçonné aucun mouvement suspect ni pour Ogossagou ni pour Sobane.
Pire, comment les forces du mal pourraient commettre leurs crimes pendant des heures et rentrées indemnes dans leur base ? L’heure est à l’interrogation et tout porte à croire que s’il y a eu Sobane, c’est parce que les auteurs des abominables crimes commis d’Ogossagou n’ont même pas été recherchés, à fortiori punis. Les enquêtes, comme d’ailleurs dans les autres faits similaires, n’ont jamais permis de connaitre la vérité et même la décision de dissoudre la milice Dana Amassagou n’a pas prospéré. La justice malienne est à plat ventre et le gouvernement est incapable du moindre acte pour sécuriser les citoyens de cette zone en proie à une guerre intercommunautaire. N’ayons pas peur des mots, les conflits au centre du Mali sont entre Peuls et Dogons, les hommes politiques peuvent atténuer voire mettre de la diplomatie dans leurs propos. Nombreux sont les observateurs qui croient aujourd’hui en cette thèse communautariste. La tuerie en masse au centre, reléguant du coup la crise au nord au second rang, n’est rien d’autre que la mise en application du machiavélique plan de la partition du Mali, minutieusement élaboré par la France et mis en œuvre par leurs complices que sont les gouvernants et les groupes armés rebelles. Comment comprendre que la France, 7ème puissance du monde, disposant des moyens de renseignements modernes et des avions de surveillance, n’ait pu détecter le moindre mouvement des miliciens et donner des informations au gouvernement malien sur les mouvements de ces tueurs en série. Ou mieux, qu’elle n’ait pas intervenu par les airs pour dissuader les criminels. Que dire de la MINUSMA, forte de plus de 14 000 hommes dont la vocation première est la stabilisation du Mali, qui au lieu de jouer son rôle avec ses moyens colossaux se laisse plutôt téléguidée par la France ; mettant plus l’accent sur le respect des Droits de l’Homme que sur la préservation de l’unité et la cohésion nationales.
Quant au Gouvernement, sa responsabilité est double. Il est non seulement incapable d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, mais aussi et surtout, il serait responsable de la naissance de ces milices à base communautaire. Alors, le dernier mot revient au Peuple souverain.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept
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