Le plateau dogon au Mali, c’est cette partie du pays dogon où certains pensent que c’est seulement 10% des terres qui sont « cultivables » ; le reste étant occupé par des roches dures. Et pourtant les gens y ont découvert l’Etoile de Sirius et y vivent depuis la nuit des temps.
Cette zone produit des milliers de tonne d’échalote (oignon) pouvant atteindre un chiffre d’affaire de 5 à 7 milliards de FCFA par an. Les paysans y battent les ingénieurs agronomes des écoles de blancs par la maîtrise des techniques culturales. C’est la seule zone au monde où le paysan crée un sol sur du grès dur et fait des productions records. En tout cas, tous les prophètes révélés ont reçu leurs dons sur des montagnes, et au plateau dogon/Falaise de Bandiagara, il y a des montagnes qui font réfléchir l’homo sapiens sapiens.
Quel est le problème ?
D’abord un classement de la zone en patrimoine mondial de l’UNESCO sans l’implication réelle des populations est une trahison et un blocage du développement envers ce génie créateur qu’est le paysan dogon car, on lui impose des normes dans la construction des habitats et dans l’exploitation naturelle.
Ensuite l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce machin qui agit comme un rouleau compresseur sur tous les pays du monde sauf certainement la grande Chine, Nous savons qu’elle agit négativement sur l’échalote du pays dogon. La première règle mortelle de l’OMC est l’ouverture des frontières aux produits agricoles extérieurs subventionnés. Faites un tour au marché « sougounikoura » à Médine (à Bamako), vous verrez que le producteur d’échalote, le commerçant lui-même est en train de saboter l’échalote du pays dogon, à plus forte raison celle de l’office du Niger. Une importation massive de l’oignon rouge d’Hollande phagocyte indéniablement la production nationale. A prix subventionné et dans un marché libre cet oignon importé coûte moins cher que l’échalote du pays dogon. Qui autorise cette importation ? Qu’est-ce que l’Etat fait pour protéger cette filière ? En tout cas pas avec le PCDA (Programme de compétitivité et diversification agricole), financé par la banque mondiale à coût de milliards sans impacts durables. Les paysans s’organisent à travers la mise en place d’une interprofession presque mort-née car, sans moyens et soutiens conséquents de l’Etat.
Le renard est dans le poulailler, il faut donc des moyens efficaces pour y faire face. Le voisin sénégalais qui a fermé ses frontières avec la « Guinée d’Ebola », a été obligé de prendre ses responsabilités avec la pression des producteurs d’oignons nationaux pour réguler l’importation de l’oignon de ce pays. La décision est toute simple : tant que la production nationale sénégalaise d’oignon est présente sur le marché, point d’importation. En ce moment le paysan peut capter le marché et lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire. Tandis qu’au Mali, la quantité d’importation augmente au moment de la période de pointe de la production nationale. Ce qui situe toute la responsabilité de l’Etat malien dans la mort programmée de la filière échalote au Mali. Un phénomène qui est même pire pour la filière riz. Sans échalote à travers la construction des micros barrages au pays dogon, cette belle culture dogon vendue à travers le monde va sans nul doute se prostituer afin de permettre aux populations de survivre.
La grande question est la suivante : le modèle de marché des produits agricoles est-il adapté pour construire une souveraineté agricole ? Mais la réponse est bien claire, c’est NON !
Ainsi, le monde rural est bien trahi par :
– La signature des APE (Accord de partenariat économique) sans analyse approfondie des clauses ;
-L’abandon de la filière échalote pour assister à sa mort programmée
-Le manque d’une véritable vulgarisation agricole au Mali ;
-Les importations sans discernement qui tuent les filières agricoles nationales ;
-Les subventions des intrants agricoles sans effet sur l’augmentation de la production et de la productivité agricole : il s’agit de rendre efficace ces subventions pertinentes ;
-Une recherche agricole malienne basée sur le mensonge. Mais à quand un moratoire sur la recherche agricole malienne pour mieux situer les responsabilités d’une autre forme de crime contre l’humanité ?
Le Mali se trouve dans un modèle d’économie extraverti !
Pour y sortir, évitons les forums, les foires,…. Mais vivement un livre vert sur l’agriculture malienne dans une approche systémique et participative (le foncier n’étant qu’un élément du système !). On peut même avoir une bonne reforme foncière (Cadastre) sans soutenir l’économie si les facteurs liés aux règles internationales ne sont maitrisées.
SDF
Source: Canard de la Venise