Il y a juste un mois et demi, je suis allé à sa SOURCE, l’écouter chez lui à Bolibana. Il y a juste un mois et demi qu’ensemble, nous prenions photo avec son dernier livre chez lui. Il n’est plus de ce monde. Mort le 3ème anniversaire de l’accession de l’actuel président, IBK, au pouvoir, le doyen Amadou Djokoroni, compagnon fidèle de feu Modibo Keita, père de l’indépendance, repose en paix depuis.
Il aura été de ceux qui ont fondé le Mali des années 60, il aura été celui qui a le plus défendu l’héritage de feu Modibo Keita tant par ses interventions pérennes pour témoigner, clarifier, contester que par ses nombreux livres sur cette période importante de notre histoire politique et sur le Mali en général. Il vient de publier tous les discours importants de Modibo Keita en un faramineux volume. Je l’ai rencontré deux fois dans ma vie. Une première quand j’étais étudiant à l’ENSUP, j’étais à Dravela, lui à Bolibana, je suis allé un jour chez lui parler de livres, de cultures, du Mali. La seconde fois, il y a juste un mois et demi.
À deux jours d’une conférence que je devais animer sur le thème : LES CAUSES PROFONDES DES LUTTES ANTI-COLONIALES à l’hôtel Olympe de Bamako, parrainée par l’ancien président Dioncounda Traoré, je suis passé chez le doyen à Bolibana avec mon frère Fabou Kanté. On a parlé du Mali, de l’Afrique. Je fus ému de voir son pantalon de prisonnier politique au nord du Mali qu’il nous a montré. Il l’aurait porté durant 8 ans comme bagnard. En prison, interdit d’écriture, il a tout de même réussi à détourner l’attention des geôliers. Chaque extrait du manuscrit était enseveli dans le sable à des endroits différents. Le survivant des prisonniers devait un jour le déterrer et faire en sorte que témoignage soit porté sur ce pan de l’histoire du Mali.
Il y a juste un mois et demi, le doyen avait encore un regard lucide, une voix sereine, une mémoire fertile…ce fut notre dernière rencontre. Il est mort en homme libre, digne, patriote résolu. Un héros et un modèle. RIP cher doyen qui aura mérité du Mali DIGNE….
Yaya TRAORE
Source : Le Reporter