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MORIBA DABO, CANDIDAT AUX LEGISLATIVES EN COMMUNE III : «Je viens à la politique pour servir et non me servir »

interview

Moriba Dabo est candidat aux législatives du 24 novembre 2013, en commune III du district de Bamako. Agé de 33 ans ce jeune patriote est marié, père de deux enfants. Journaliste de profession, son destin l’amène aujourd’hui à la politique. Il est chargé de ressources humaines à « DABO COMPAGNIE », l’entreprise familiale qui emploie une centaine de personnes. Après le lycée Askia Mohamed et l’IGLAM, il a fait une spécialisation technique en journalisme d’investigation en France. Il nous a accordé une interview dans laquelle il évoque sa candidature.

Comment êtes-vous rentré dans la politique ?
Moriba Dabo : je me suis engagé dans la politique suite aux événements de mars 2012. On s’est dit qu’on a trop négligé la politique pendant des années. On est resté à l’écart et on s’est toujours dit que la politique était destinée à une certaine classe de personnes. Alors que ce n’est le secret de polichinelle de personne. Je me suis dit puisque nous avons reçu une bonne éducation, il est donc inadmissible  que les parents payent si cher notre éducation et qu’on s’asseye pour laisser ce pays à la portée des gens qui ne se soucient que de leur personne. C’est pour cela que je dis que  l’événement de mars 2012 est la faute de tous, mais les politiciens sont les premiers responsables. Donc, j’ai alors décidé, avec des amis, de créer un mouvement afin de nous investir dans la politique. Pour que je puisse avoir un espace où je peux m’exprimer librement. C’est à  ce moment-là que mon frère m’a mis en contact avec Jean Marie Sangaré, l’actuel ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies. Ce fut le début de ma carrière politique.
Que reprochez-vous aux députés pendant la crise politico-sécuritaire qui a secoué notre pays ?
M.D : Ce que je reproche aux députés de l’assemblée nationale c’est qu’aucun d’eux n’a interpellé un ministre par rapport à la situation du nord. C’est ce qui a fait que le pays a failli s’écrouler.
Pourquoi le choix de vous présenter aux élections législatives ?
M.D : D’abord je suis très en colère contre les députés du Mali de façon générale et en particulièrement  de ma commune. Elle génère beaucoup de ressources, mais on ne voit jamais la trace dans la commune. Comparez seulement la commune III aux autres communes et vous constaterez que rien n’est fait dans ma commune, surtout ce qu’on nomme infrastructure. Aucun député de la commune n’a fait la restitution des sessions parlementaires. Alors qu’ils ont un budget voté pour cela, ils ne le font jamais.  C’est pourquoi aucun député de la commune III n’a fait deux mandats. Il est là seulement à l’approche des élections. C’est donc cette situation que je veux changer et apporter ma pierre à l’édifice national.
Parlez nous de vos projets à la députation 2013
M.D : Si je suis élu député, je compte restaurer d’abord la confiance entre la population et son élu, parce que la législative est une élection de proximité. Je m’engage  à rétablir la confiance  entre la collectivité et son élu ; à restaurer la démocratie participative, très importante d’ailleurs. Je compte mettre en place un conseil de sages, doté de chefs de quartiers, d’imams, de jeunes leaders. Rien ne sera décidé sans avoir les concerter. Dans mes projets, je compte faire des propositions de loi pouvant doter certaines communes d’infrastructures sanitaires de référence, surtout la commune III. Je veux travailler avec les élus municipaux de la commune III, afin d’avoir un jumelage avec une ville française. Le but est de partager les expériences. Ils viendront ici pour vivre notre quotidien et on formera une délégation également pour aller là-bas. J’ai comme ambition d’améliorer les conditions de travail de nos frères qui sont dans les salons de beautés, ateliers mécaniques, etc. Nous avons un projet pour eux, la formation de 6 mois en France et après ils deviendront des formateurs à leur retour ici. Je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais e peux faciliter le projet à travers mes relations. Pourquoi pas pour le développement de ma commune ?
Face à des ténors de la scène politique, Adama Sangaré, le maire du District ; Abdel Kader Sidibé, maire de la commune depuis 15 ans ; Safiatou Traoré, députée sortante, tous candidats en commune III, que proposez-vous de plus aux électeurs pour avoir leur suffrage ?
M.D : D’abord, j’ai du respect pour les aînés de la scène politique qui ont 5 à 15 ans d’expérience. Je propose ma jeunesse, ma vitalité et ma créativité à ma commune. Quand je serai élu, les gens verront comme ils n’ont jamais vu un député, car nos députés sont presque tous des personnes avides dans la commune. Une chose qui est incompréhensible pour moi, c’est de voir des candidats qui ne résident pas dans la commune, mais qui veulent devenir député de cette commune. Qu’ils aient un peu de respect pour cette commune quand même.
 Contrairement à beaucoup d’autres je suis très social, courtois. J’aimerais montrer le rôle du député à ma collectivité, me mettre à la disposition de ma commune. Je me focaliserai beaucoup sur la jeunesse. Elle doit me soutenir parce qu’on est jeune, on a beaucoup d’ambition pour la collectivité. Moi, je suis engagé dans la politique pour servir mon pays et non pour me servir de mon pays. Car, s’il ne s’agissait que de ma modeste personne, je n’allais jamais me présenter aux législatives, ni faire de la politique. On a envie de rétablir la définition de l’homme politique : être honnête, courtois, proche de la collectivité, respectueux pour ceux qui l’ont élu.
Vous êtes jeune. Cela ne sera-t-il pas un handicap pour votre candidature?
M.D. : Bien au contraire. Comme vous pouvez voir, mon QG est plein de jeunes depuis l’aube jusqu’à minuit. Ce sont des jeunes soucieux de leur devenir, des jeunes avec des ambitions, des jeunes intellectuels sortant des écoles supérieures d’ici et d’ailleurs. Ils se sont engagés avec moi par conviction. Car ils ont vu en moi quelqu’un qui peut faire mieux que ces gens qui sont aux commandes depuis des années. C’est pour cela qu’ils ont décidé de soutenir un candidat jeune, afin que les choses changent. Sinon, je ne leur donne même un franc. Le JAMAA, est un parti doté de jeunes de conviction.
Une fois élu vous aller rejoindre la mouvance présidentielle. Pourquoi ?
M.D.:   Bien sûr. Nous avons soutenu le président de la république IBK à la présidentielle en tant que directeur adjoint de la campagne. Toutes les activités que nous avons menées dans notre commune, nous les avons financées nous-mêmes. Avec IBK, chacun a mis la main dans la poche. On a toujours estimé que la politique doit se faire de façon très claire et honnête. Le JAMAA, est un parti doté de jeunes de conviction. Donc une fois élu je soutiendrai toutes les actions du président de la république durant les 5 ans de son mandat, parce que nous avons commencé ensemble. Ceci n’est plus une question mais un fait. Mais il y a des gens qui nous considèrent comme des ennemis ou des rivaux, alors que ce n’est pas le cas. Dans la mesure où ils ont décidé de voter pour IBK, ils devront aussi nous soutenir. Ils ne devraient pas suivre les partis qui vont s’opposer à IBK dans l’assemblée nationale. C’est ce triste constat que je fais. Il faut également que les gens ne se laissent pas acheter par les partis politiques. Car ici au Mali il y a de nombreux exemples d’achat de confiance et après les corrupteurs tournent le dos pour 5 ans.
Pourquoi le JAMAA ? 
M.D : Le parti JAMAA vient de la dislocation d’un parti qui s’était fixé de ne pas aller à l’élection présidentielle, afin de mieux s’installer à travers le Mali. On a d’abord créé une association « JAMAA ». On s’est positionné  et c’est IBK qui nous est sollicité lors des élections présidentielles. Il nous a demandé d’être directeur de campagne à travers Jean Marie Sangaré. Finalement on a décidé de soutenir IBK et on est parti avec lui. Maintenant que l’objectif du président  est atteint, il faut poursuivre le projet politique, d’aller aux élections législatives et aux communales. Parce qu’ici à JAMAA, on a dit qu’on fera la politique autrement, avec la conviction. Le parti a décidé à l’unanimité que je sois son candidat en commune III. Ce n’est pas parce que je suis le meilleur, mais ce fut un choix.
 
Aujourd’hui JAMAA est représenté aux Etats Unis, en France et en Allemagne. Dans JAMAA., il n’y aura pas un candidat ou responsable éternel, contrairement aux autres partis. On veut faire la politique comme en Europe c’est-à-dire que les militants mettent la main à la poche, pour financer les activités du parti. A JAMAA, chacun s’acquitte de sa cotisation. Tout ça pour que les leaders politiques, les opérateurs économiques ne puissent pas avoir la mainmise sur le parti. Nous voulons montrer, à la jeune génération, que la politique est une conviction et non une profession. Il faut vivre sa conviction. A JAMAA nous ne tournons jamais le dos à la collectivité, aux électeurs, car c’est eux qui vont nous élire. A JAMAA, nous voulons révolutionner la scène politique malienne tout en l’innovant.
Donc c’est cette vision qui explique le slogan du parti « JAMAA TA DE BE LABAN » ?
M.D. : Absolument, « JAMAA TA DE BE LABAN». Ici, n’y a pas question de nanti, de pauvre ou autres chose d’approchant. Le parti est accessible à tout le monde. Si quelqu’un a des idées ou d’autres choses à partager avec des camarades jeunes, il n’hésite pas et c’est pareil pour les vieilles personnes. Le respect est quelque chose de très important dans le JAMAA qui veut un Mali prospère, uni et conscient.
Votre mot de la fin ?
M.D : Je lance un appel à toute la jeunesse, pour qu’elle s’implique davantage dans la politique parce, qu’elle occupe la majorité de la population. Elle est le nerf des partis politiques. Il faut qu’elle arrête de se sous-estimer. Mon souhait est qu’elle participe aussi aux élections municipales, afin d’être  une force de responsabilités dans nos mairies. Bien entendu, il n’y a pas d’école pour devenir président, ministre, député. Mais on apprend dans la vie. Je demande la bénédiction des chefs de villages, des imams, des sages pour ma candidature. Je demande à mes parents de la commune III, mes amis, connaissances, à tout le monde et plus particulièrement à la jeunesse de soutenir massivement Moriba Dabo, alias Maurice. J’ai de très bonnes idées et je voudrais les mettre à la disposition de ma collectivité. « Nous voudrions triompher et ceci ne peut se faire sans votre concours ».
 Propos recueillis par Habibatou Coulibaly

Source: Le Guido

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