Une mission d’information et de sensibilisation sur le terrain
Après les douloureux épisodes des années 2013 et 2014 qui ont été soldées par de gros soupçons de fraudes et de fuites de sujets lors des examens de fin d’année (DEF, BAC, BT, CAP), le ministère de l’Éducation n’entend plus se laisser absorber par ces fléaux aux inconvénients incalculables sur la qualité des enseignements dispensés. Depuis la semaine dernière, une délégation du département est sur le terrain pour informer et sensibiliser les acteurs et partenaires de l’école sur la nécessité de moraliser les examens, dans notre pays. La mission, qui se rendra dans toutes les Académies de l’intérieur et du District de Bamako, se poursuivra jusqu’au 4 mai prochain.
Au ministère de l’Éducation, la mission est prise très au sérieux et l’on espère pouvoir convaincre les acteurs de l’école (élèves, enseignants, responsables administratifs), les partenaires (syndicats, parents d’élèves, associations de parents, comités de gestion scolaire, partenaires techniques et financier) à tirer toutes les leçons de cette campagne qui rentre dans le cadre de l’amélioration de la qualité de notre enseignement.
Renforcement des capacités des responsables
La mission qui sillonne actuellement le pays participe du renforcement des capacités des responsables des services déconcentrés et décentralisés, dont les DAE (direction des Académies d’enseignement), les DCAP (direction des Centres d’animation pédagogiques), les Conseils de cercle, les Assemblées régionales, bref tous les partenaires et acteurs de l’école, en matière d’organisation d’examens. Il s’agit, de source du ministère de l’Éducation nationale, d’informer et de sensibiliser les partenaires sur la nécessité d’organiser des examens de meilleure qualité en vue de redorer l’image de notre pays.
De façon spécifique, la mission vise à clarifier les différentes étapes, leur contenu, le rôle de chaque acteur ou partenaire par étape en vue de les amener au même niveau de compréhension ; d’informer et de sensibiliser tous les partenaires et acteurs afin qu’ils sachent le rôle que les uns et les autres doivent jouer ; informer et sensibiliser les partenaires et acteurs sur l’impact que peuvent avoir les fuites et les fraudes lors des examens sur l’avenir des candidats, sur l’image du système éducatif et sur celle du pays tout entier.
En quoi consiste le travail sur le terrain ?
Sur le terrain, il s’agira pour les missionnaires, qui représentent valablement le ministre, d’organiser des rencontres avec les responsables des services déconcentrés et décentralisés afin que des stratégies soient dégagées avant les examens ; rencontrer l’ensemble des partenaires et acteurs de l’école pour les informer, les sensibiliser et les aider à dégager les stratégies à mettre en place avant, pendant et après les déroulements des examens ; mettre à la disposition des acteurs et partenaires un support.
Les cibles visées sont : les agents des AE, des CAP, les responsables des établissements secondaires, publics et privés et ceux du fondamental (proviseurs, censeurs, surveillants, conseillers pédagogiques ainsi que ceux des IFM) sur places. Les conseils de cercle et/ou assemblées régionales ; les syndicats d’enseignements ; les associations de parents d’élèves ; les comités de gestion scolaire. Les activités se déroulent dans les Académies d’enseignement.
« En abordant le problème de la fuite des sujets et de la fraude, on est tenté de dire qu’il existe dans tous les pays du monde et dans tous les systèmes. À cette tentation, il faut répondre que c’est le cas de notre pays qui nous intéresse. Nous ne pouvons pas rester spectateurs face à la situation, car c’est de l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants qu’il s’agit. Nous connaissons toutes les conséquences néfastes de la persistance de ces deux fléaux que sont la fuite et la fraude aux examens », explique un responsable du Centre national des examens et concours de l’Éducation nationale.
Les menaces d’un phénomène
Le phénomène de la fuite des sujets des examens et de la fraude qui prend de l’ampleur pèse négativement sur le rendement de notre système éducatif. En effet, pour les candidats qui s’adonnent à ces pratiques, il s’agit d’une fausse réussite. La conséquence, c’est qu’ils ne seront pas capables de poursuivre des études dans le cycle secondaire ou supérieur parce qu’on ne pourra pas les aider indéfiniment ; s’ils sont diplômés d’un établissement technique ou professionnel, ils seront incapables d’exercer correctement leur métier. Quant aux parents, ils auront consenti inutilement des sacrifices matériels et financiers sans tirer un bénéfice de leurs investissements ni pour eux-mêmes ni pour l’enfant. Le système éducatif à son tour est décrédibilisé, dévalorisé aux yeux de la population et de nos partenaires, car les rendements interne et externe sont négatifs.
Sur le plan national, sous régional et international, c’est l’image du pays qui se dégrade ; le manque de ressources humaines compétentes devient criard et l’État comme le Secteur privé sont obligés de faire appel à des étrangers.
Toutes ces raisons, indique-t-on, doivent nous amener à réfléchir, à chercher les voies et
moyens pour éradiquer la fuite et la fraude lors de nos examens et à nous impliquer
dans la lutte contre ces fléaux.
D’une manière générale, on est convaincu au ministère de l’Éducation que la fraude et la fuite des sujets sont loin d’être liées à un problème de texte.
Que dit la loi ?
La Loi N°099-046 AN-RM du 28 décembre 1999, modifiée en son article 73 définie les acteurs, le cadre d’organisation et le règlement des examens.
Selon ce texte : « l’évaluation des apprentissages et l’organisation des examens et concours relèvent exclusivement des corps et des structures commis à cette tâche ». Autrement dit, les personnes non commises à cette tâche ne devraient donc pas se trouver dans les centres d’examen.
Le règlement des examens détermine les obligations et les interdits à observer pendant le déroulement des examens. Pour le candidat, le règlement exige d’avoir une pièce d’identité, de remplir correctement les en-têtes de la feuille d’examen, de ne pas communiquer entre candidats, de ne pas sortir avant la remise de sa copie, de ne pas venir dans la salle avec un sac, des cahiers, des livres, le téléphone portable ou tout autre gadget électronique ; de ne pas faire sortir des sujets de la salle, de ne pas changer de numéro de place, de ne pas porter de tenue indécente, de ne pas fumer, de ne pas être en état d’ivresse, d’éviter les attitudes et les comportements d’indiscipline caractérisés.
Pour plus d’effets, toutes ces informations sont communiquées aux surveillants et aux candidats au début de l’examen, dans tous les Centre d’examens et concours.
On peut se demander aujourd’hui pourquoi on n’applique pas à l’éducation, le raisonnement que l’on fait dans d’autres secteurs : «Y a-t-il un seul métier dans lequel on peut réussir sans travailler régulièrement, sans fournir des efforts ? «
Au Centre des examens et concours du ministère de l’Éducation, la mission est pourtant très précise dans les esprits : « notre option fondamentale est d’assurer aux enfants du Mali une éducation de qualité qui puisse nous fournir des cadres valables aux plans intellectuel et moral pour le développement de notre pays. Nous construisons dès maintenant le Mali de demain ». Vivement alors, cette rencontre nous permet, ensemble, de prendre conscience de cette situation et de contribuer au changement.
Qu’est-ce que la fuite des sujets ?
La soustraction ou la divulgation de tout ou partie du contenu d’une épreuve avant l’ouverture de son enveloppe, lors de l’examen, constitue un cas de fuite. La simulation de fuite de sujets aussi.
Quant aux origines de la fuite, elles sont multiples. Les experts mettent en avant les hypothèses : aux niveaux de la conception des sujets, de l’élaboration et la mise en enveloppe ; des académies d’enseignement, des centres d’examen (pour le BAC) ou des CAP et des centres d’examen situés souvent les zones d’accès
difficiles 7…, etc.
La fuite de sujet, dit-on, a toujours existé, mais, elle s’est accentuée, depuis 2008, date
à laquelle l’on a procédé à la réforme des examens.
En effet, les moyennes de classe n’intervenant presque plus, les candidats sont prêts à tout pour se procurer les sujets avant la date indiquée, a-t-on constaté. Ils se disent que la surveillance pourrait être rigoureuse. La fuite des sujets peut être constatée au niveau de quelques centres seulement ou de quelques communes. Elle peut être généralisée, à travers le
pays. Il arrive souvent que l’information soit diffusée par message téléphonique ou sur le net.
Quant à la fraude, elle se définit comme tout acte, tout geste, tout comportement et toute attitude non autorisée par le règlement de l’examen et la police de surveillance. L’exploitation de tout document ou l’utilisation de tout appareil non autorisée constitue également un cas de fraude. Sont ainsi considérés comme actes de fraude les faits suivants : la fausse déclaration dans le dossier d’inscription ; la falsification d’identité ou la substitution de candidat ; l’inscription pour des candidats dans plusieurs pays pour le même examen de la même session ; le fait pour le candidat de s’inscrire sur les listes des examens (DEF, CAP, BT, IFM, BAC) dans lesquels il est déjà admis ; la consultation de documents non autorisés lors d’une épreuve ; la communication avec un candidat au cours d’une épreuve ; la falsification de documents ; la non-remise par le candidat de sa copie à la fin de l’épreuve ; la mention sur la copie de signes distinctifs ; la soustraction ou la substitution de copie ; l’inscription d’informations relatives aux épreuves sur le corps ou sur les effets ; la corruption ou la tentative de corruption sous quelque forme que ce soit ; l’attribution, par un correcteur ou un examinateur, d’une note non conforme aux performances du candidat ; la copie sans signature du candidat ou des deux surveillants ou de l’un des surveillants ou portant des signatures différentes de celle des surveillants ; les copies des candidats présentant des écritures différentes d’une composition à l’autre.
Quels risques pour ceux qui organisent la fuite des sujets et la fraude ?
Aux auteurs de ces actes, les autorités peuvent leur infliger toutes les sanctions prévues par les textes en vigueur : Remboursement des indemnités perçues au titre de l’organisation de l’examen concerné ; interdiction définitive de participer à tout examen ; impossibilité d’accéder à des postes de responsabilité ; plainte portée contre les auteurs de la fraude et leurs complices ; traduction en conseil de discipline et demande de radiation de la fonction publique.
règlement des examens
L’accès à la salle d’examen est conditionné à la présentation d’une pièce d’identité en
cours de validité (scolaire, civile, militaire ou passeport) : carte d’identité scolaire pour
les élèves des établissements publics et privés ; carte d’identité civile ou militaire, carte NINA et passeport pour les candidats libres non-inscrits dans les établissements ; Être en place un quart d’heure avant le début de chaque épreuve ; Avoir en permanence sur la table leur carte d’identité en cours de validité en vue de l’appel et des vérifications d’identité : remplir correctement les en-têtes ; Ne pas écrire dans les deux rectangles situés à gauche de la feuille d’examen ni au verso de la partie détachable barrée ; Ne pas porter de numéro sur les intercalaires ; Ne pas porter sur les copies ou sur les intercalaires des expressions codées ni aucun autre signe particulier d’identification ; Ne pas utiliser de correcteur blanc sur les copies ; Ne pas fumer dans la salle d’examen ; Ne pas communiquer avec un autre candidat ; Ne pas sortir avant la remise de sa copie dûment signée, sauf cas d’indispositions où il sera accompagné d’un surveillant. Dans les cas extrêmes, mention en sera faite dans le procès-verbal ; ne pas pénétrer dans la salle avec serviette, sous-main, livres, feuilles. Tous les documents non autorisés seront déposés à la porte de la salle d’examen ; Ne pas amener de téléphone portable (ou tout autre gadget électronique) au centre d’examen ; Ne pas faire sortir des sujets de la salle avant la fin de l’épreuve ; Ne pas changer de numéro de place et de position de table-banc pendant le déroulement de l’examen.
Par Sidi Dao
Source: info-matin