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Loi sur les autorités intérimaires: regards croisés des élus de la Nation

Après l’adoption de la loi sur la mise en place des autorités intérimaires dans les collectivités du nord, jeudi dernier, à l’hémicycle, nous avons approché, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, quelques élus de la nation, qui nous ont livré leurs impressions sur cette importante réforme. Si les élus de la majorité nous disent pourquoi il fallait voter loi, ceux de l’opposition, par contre, nous ont fait savoir pourquoi ils ont boudé la salle au moment du vote. Regards croisés de certains élus de la nation.

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L’honorable Moussa TIMBINE, président du groupe parlementaire RPM
« C’est une loi qui s’applique sur l’ensemble du territoire national »
Je pense que c’est un pas de plus dans la résolution de la crise malienne. Il s’agit pour nous de respecter la parole donnée, de respecter notre propre signature. En signant l’accord, en vue de trouver une solution définitive à la crise que le Mali traverse, nous sommes dans la phase de l’application de l’Accord. Nous, nous pensons que de façon responsable, on a pu voter une loi qui puisse nous faire avancer sans pour autant diviser davantage le pays. Parce qu’il s’agit d’une loi qui s’applique sur l’ensemble du pays. C’est vrai qu’on est parti d’une crise dans une localité, mais pour la solution, on devrait voter un certain nombre de textes pour résoudre ce problème local et on a profité pour réviser la loi en vigueur pour pouvoir remplacer les Délégations spéciales par les Autorités intérimaires. C’est une loi qui s’applique sur l’ensemble du territoire national. Et aujourd’hui, non seulement ça prend en compte la crise actuelle, mais aussi les crises à venir. Parce que ce sont vraiment, les Autorités intérimaires qui doivent toujours remplacer le conseil des collectivités qui ne fonctionnent pas à chaque fois que le représentant de l’État constate cela. Et c’est le ministre en charge des Collectivités qui doit mettre en place le processus de mise en place de ces Autorités intérimaires dans un délai de 15 jours. Mais la nouveauté est que, contrairement aux Délégations spéciales, aujourd’hui, les Autorités intérimaires respectent la taille du conseil sortant. L’autre innovation, c’est que, dans le cadre des Autorités intérimaires, aujourd’hui, on ne peut plus parler de limitation des pouvoirs, contrairement à la Délégation spéciale qui n’intervenait que dans un certain nombre de domaines. Parce que, force est de reconnaitre que les besoins des populations sont toujours là, quel que soit l’organe qui dirige la collectivité. Nous pensons qu’à chaque fois qu’il y a une équipe qui doit veiller sur les préoccupations des populations, il faut les pouvoirs de cette équipe ne soient pas trop limités au risque de pénaliser les populations. Voilà autant de raisons fondamentales qui nous a amenés à remplacer les Délégations spéciales par les Autorités intérimaires sur l’ensemble du territoire.

L’honorable Amadou Araba DOUMBIA, Président de la Commission décentralisation
« Nous faisons confiance au
gouvernement »
J’ai un sentiment de fierté pour avoir servi le Mali et rien que le Mali, en votant cette loi. Si vous avez vu ce projet de loi, il a fait l’objet de beaucoup de commentaires négatifs aussi bien que positifs, mais au niveau de la commission, nous avons dit, après avoir pris l’engagement auprès du peuple malien, de venir à l’Assemblée pour le servir, on doit le faire sans état d’âme et sans arrière-pensée. Et c’est ce qui a été compris par les uns et les autres au niveau de la Commission sans tenir compte de position personnelle.
Nous avons écouté les personnes ressources et nous nous sommes limités à la synthèse des écoutes et c’est à partir de ça que nous avons fondé nos amendements pour améliorer ce projet loi, qui, à notre avis, vient s’ajouter à l’accord pour la paix. Par ce qu’on avait que l’Accord. Si avec ce projet de loi, on arrive à faire un pas dans le sens de son application, je pense que c’est déjà un déclic pour faire décanter les choses et que très prochainement, comme on le souhaite vivement, ça sera la fin de la crise au Mali.
Après avoir fait notre travail au niveau de l’Assemblée, en mettant des garde-fous pour éviter tout dérapage, et en donnant au projet de loi son caractère impersonnel et général pour l’ensemble du pays, nous faisons confiance au gouvernement pour prendre des décrets d’application qui vont dans ce sens comme c’est clairement indiqué dans nos rapports.

L’honorable Aicha Belco MAIGA, élue de Kidal
« Cette loi est indispensable pour nous »
Ce projet de loi entre dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’adoption de la loi permet au gouvernement de ramener l’administration où elle n’est pas pour que les populations qui en ont fort besoin profitent de la distribution des services sociaux de base. Je suis de la région de Kidal et je suis très bien placée pour comprendre aujourd’hui que cette loi est indispensable pour nous. Parce que, les mouvements armés qui sont sur le terrain n’acceptent plus que d’autres personnes gèrent à leur place. Donc, avec la mise en place de ces autorités intérimaires, chacun aura la main dans la pâte et je pense qu’on va se comprendre.

L’honorable Alkéidi TOURE, élu URD de Goundam
« Nous condamnons l’absolutisme du président de l’Assemblée nationale »
Malgré notre opposition, la loi a été votée. Mais je crois que c’est ça le parlement, c’est ça la démocratie. Ils ont la majorité, ils ont besoin d’une loi pour leur action gouvernementale, je crois que la majorité est faite pour ça. C’est même pour ça qu’on a besoin d’une majorité. Que la loi soit bonne ou pas, puisque nous, nous avons dit que cette loi n’est pas bonne, mais pour eux, c’est une bonne loi. Je crois qu’ils ont la majorité, ils ont voté, je ne vois aucun autre sentiment la-dans, en dehors du fait que c’est la démocratie. C’est comme ça que les choses doivent aller. Et c’est tout. Comme pour nous cet Accord de paix n’est pas bon pour le Mali, donc de ce fait, une loi qui entre dans le cadre de l’application de cet Accord n’est pas bonne pour nous. C’est leur choix que nous rejetons.
Nous sommes sortis de la salle parce que nous condamnons l’absolutisme du président de l’Assemblée nationale. Nous le disons haut et fort. Tout ce qui se passe ici de mauvais, c’est parce que le président de l’Assemblée nationale n’a jamais su prendre ses responsabilités. Il s’est toujours aligné derrière sa majorité pour nous empêcher de parler, il y a quand même un droit minimum pour un parlementaire. On ne peut pas nous empêcher ou nous imposer une durée de parole. Les questions dans lesquelles, les temps de parole sont limités, ce ne sont pas le vote de loi. Donc, nous ne sommes pas d’accord. Mais là, le problème est que tu ne dois pas parler tant que tu ne dis pas ce que la majorité veut. Et nous sommes à l’opposition. Nous pensons aussi que c’est notre droit de dire ce que nous pensons et non ce que la majorité veut qu’on dise.

Propos recueillis par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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