À la suite d’une série de démarches entamées, depuis quelques années, auprès de nos autorités, l’État malien, à travers le ministère de l’Économie et des finances, a accepté d’apporter à la Compagnie malienne de développement de la filière «Soja» (CMDFS-SA), la somme de 500 millions de FCFA, pour appuyer la diversification agricole. Malgré le «Ok» du département des Finances qui a pris toutes les dispositions, pour ce faire, la CMDFS-SA peine à mettre la main sur cet appui bloqué par des mauvaises volontés qui ne sont motivées que par le profit personnel.
Qui a donc intérêt à mettre à genoux cette filière dont les responsables ont assuré le ministère de l’Agriculture en 2015 de leur engagement en vue du développement de la filière soja au Mali ?
Des milieux mafieux dans la haute administration d’État semblent dans la logique d’étrangler la CMDFS, piloté par un ingénieur d’agriculture, l’infatigable Amadou Essaïe Dembélé, dont les efforts ont conduit à poser les jalons d’un secteur qui fait aujourd’hui recette, à travers le monde (aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, en Chine…) Grâce aux efforts personnels de cet ingénieur, le Soja n’est plus inconnu dans notre pays. Donnant ainsi à coup sûr, un sens à la diversification et à la valorisation des filières agricoles au Mali. Par conséquent en 2015, la Compagnie s’est engagée avec l’État du Mali, à travers son programme de développement agricole (PDA).
« J’ai l’honneur de venir par cette lettre, vous assurer de mon initiative d’engager le combat avec le département, dans son programme de développement agricole (PDA). J’ai pris des engagements importants et fixé des objectifs concrets en vue du développement de la filière soja au Mali qui se trouve un formidable instrument de lutte contre l’autosuffisance alimentaire, la pauvreté, le chômage des jeunes ruraux et diplômés », peut-on lire dans la lettre du 26 mai 2015 du directeur de la CMDFS-SA au ministre du Développement rural.
Bien avant, sur la base de rapports établis en fonction des réalités de l’évolution de la filière, depuis 2013, et de requêtes à lui adressés par les responsables de la CMDFS-SA, le ministre de l’Économie et des finances de l’époque, Mme Bouaré Fily Sissoko, a adressé des correspondances aux présidents des Banques ouest-africaines de développement (BOD) ; africaine de développement (BAD) et islamique de développement (BID).
« J’ai l’honneur de vous soumettre la requête de la Compagnie malienne de développement de la filière Soja qui sollicite (les banques ci-dessus-citées) pour le financement de son programme. Le programme s’inscrit dans un cadre de partenariat public-privé », indique la lettre.
Dans le même sillage d’accompagnement de la filière, le directeur de la Compagnie a adressé une lettre en date du 22 octobre 2015 au ministre de l’Économie et des Finances avec objet : «Requête de financement du projet d’achat des graines de soja pour la campagne 2015-2016 ».
En réponse, le ministre a demandé à la Compagne de prendre attache avec le ministère du Développement rural pour convenir des modalités pratiques de l’intervention. La suite des démarches prouve que la demande a été agréée puisque dans une autre correspondance du ministre de l’Économie à son homologue du Développement rural, en date du 13 novembre 2015 avec comme objet «Appui à la filière Soja, manioc et légumes», il est noté : « Dans le cadre de la politique de diversification et de valorisation des filières agricoles, j’ai l’honneur de vous informer de notre intention d’apporter un appui financier de 1,1 milliard de FCFA pour les filières Soja, manioc et légumes provenant des économies réalisées dans le cadre des retentions budgétaires 2015.
Sur ce montant, l’appui à la filière Soja s’élève à 500 millions, selon le ministère de l’Economie et des finances.
«L’enveloppe est de 500 millions, suite à la requête qui m’a été adressée par la Compagnie malienne de développement de la filière Soja demandant une subvention de 900 millions de FCFA, je voudrais vous notifier mon accord en transformant la subvention de l’État demandée en prise de participation dans la société, nous avons demandé à la société de vous approcher pour les dispositions à prendre», avait précisé le ministre de l’Économie à son homologue de l’Agriculture.
Des différents courriers entre les 2 départements, dont nous disposons des copies, il ressort que «l’autorisation de la mise en dépôt des 500 millions» a été faite par le département de l’Agriculture et acceptée par celui des Finances.
Aussi, la Compagnie a pris toutes les dispositions nécessaires pour la participation de l’État dans le capital de la CMDFS-SA, selon son directeur, M. Dembélé. Selon lui, la Compagnie avait besoin de ces fonds pour rendre plus visible sa participation à l’édition 2016 du Salon de l’Agriculture. Mais hélas, depuis quelques jours, toutes ses démarches auprès du ministère de l’Agriculture, notamment du DFM, sont restées infructueuses.
«Je ne pense pas que ce soit le ministre lui-même qui constitue le blocage, mais le DFM en particulier qui me fait faire des va-et-vient sans rien de concret, alors que nous avons rempli toutes les conditions permettant d’accéder à ce financement. Il est même allé jusqu’à me dire que la subvention a été annulée. Lorsque je lui ai demandé de me fournir les preuves de cette annulation, je n’ai rien vu de sa part », nous a confié le directeur de la CMDFS-SA, Amadou Essaïe Dembélé.
Voilà, en tout cas, le tour qu’on est en train de jouer à ce cadre volontaire et engagé pour apporter sa pierre à la construction de l’édifice Mali qui a aujourd’hui besoin de tous ses fils pour sortir de la vague qui l’entraine, depuis 2012.
À suivre
Par Sidi Dao
Source: info-matin