Le Parlement européen met en garde les Emirats arabes unis contre toute tentative de déstabilisation de la Somalie dans le cadre de la crise du Golfe.
Dans une résolution passée mercredi dernier, les parlementaires défendent donc la neutralité du gouvernement fédéral somalien dans le conflit sourd qui oppose le Qatar et d’autres monarchies du Golfe depuis un an. Ils condamnent la suspension des aides de l’Arabie saoudite et des Emirats au président somalien Farmajo.
Depuis le mois de juin 2017, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont coupé les liens avec le Qatar et lui imposent un blocus, l’accusant de soutenir des groupes extrémistes islamistes. Aujourd’hui, la Somalie, de part sa position stratégique, est devenue un champ de bataille pour ces puissances qui tentent d’y asseoir leur influence.
Les Emirats arabes unis ont suspendu leur coopération militaire avec la Somalie en avril dernier, en réponse à la saisie par le gouvernement somalien de près de dix millions de dollars dans un avion émirati stationné à l’aéroport de Mogadiscio. Un exemple qui illustre bien les tensions entre les deux pays.
Les Emirats accusent le président Farmajo de prendre parti pour le Qatar. En cause, le financement présumé de sa campagne électorale par Doha, la présence au sein du gouvernement, de défenseurs de la cause qatarienne et l’influence économique grandissante du Qatar et de la Turquie dans le pays.
De son côté, le président Farmajo accuse les Emirats arabes unis d’ingérence. Abou Dhabi a en effet renforcé ses liens avec les Etats régionaux somaliens au risque de déstabiliser le faible Etat fédéral. L’entreprise émiratie DP World a par exemple signé un contrat avec le Somaliland, qui se considère indépendant, pour la gestion du port de Berbera, au grand dam de Mogadiscio.
La crise du Golfe accentue donc dangereusement les tensions inter-somaliennes entre factions dans la capitale, et entre Etat fédéral, Etats régionaux et Somaliland. Dans un rapport publié récemment, l’International Crisis Group (rapport en anglais) s’inquiète : si la Somalie devient le champ de bataille de pays plus riches et plus puissants, le bain de sang ne s’arrêtera pas de sitôt…
RFI