C’est à travers une conférence de presse, tenue samedi dernier à l’hôtel Sheraton, que la délégation du Conseil de sécurité a bouclé sa visite de trois jours dans notre pays. Quatrième du genre depuis 2013, cette visite du Conseil de sécurité au Mali visait à faire le point sur l’état de mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il s’agit notamment des mesures prioritaires telles qu’identifiées dans le dernier mandat de la MINUSMA, cela six mois après l’élection présidentielle et trois mois avant le renouvellement du mandat de la MINUSMA.
La conférence de presse était essentiellement animée par l’ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre. Les ambassadeurs d’Allemagne et de Côte d’Ivoire à l’ONU, respectivement Christoph Heusgen et Kacou Houadja Leon Adom ainsi que le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif ont aussi fait des interventions lors de la rencontre.
Actualité oblige, c’est par la présentation des condoléances et un message de solidarité au peuple malien que François Delattre, co-président du Conseil de sécurité, a commencé la conférence suite à l’attaque intervenue dans la matinée du samedi dans le village d’Ogossagou (cercle de Bankass) qui a fait plus de cent morts. Au nom de l’ensemble des membres du Conseil de sécurité, il a fermement condamné cette attaque inqualifiable.
Le diplomate a ensuite indiqué qu’au cours de leur séjour, les membres de la délégation ont rencontré outre le président de la République et le Premier ministre, l’opposition politique, la société civile, le Comité de suivi de l’accord (CSA), les responsables de la Force du G5 Sahel.
Selon M. Delattre, un message central a été décliné auprès de tous leurs interlocuteurs au cours des échanges : l’importance de donner un nouvel élan à la mise en oeuvre de l’Accord et la nécessité d’accélérer les différents volets de ce processus.
«Nous avons salué les progrès importants qui ont été réalisés depuis le renouvellement du mandat de la MINUSMA en juin dernier. Nous avons mentionné notamment la tenue de l’élection présidentielle dans des conditions pacifiques, la poursuite du processus de décentralisation, le lancement d’un processus de DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), l’adoption d’un décret sur les critères d’intégration. Nous avons également salué le fait que ces premières avancées résultent de l’engagement renouvelé des parties maliennes en faveur de la mise en oeuvre de l’Accord au lendemain de la signature du Pacte pour la paix», a apprécié le co-président du Conseil de sécurité.
La délégation, selon le diplomate français, a aussi marqué des attentes fortes qui sont celles de la communauté internationale près de quatre ans après la signature de l’Accord. Ainsi, les illustres visiteurs ont regretté que plusieurs des mesures prioritaires identifiées par la Résolution 2423 n’aient pu être mises en oeuvre avant l’échéance de mars (intégration effective de 1000 combattants au sein des FAMA, opérationnalisation des autorités intérimaires, établissement d’une zone de développement spécifique pour le Nord).
«Il existe, à nos yeux, un besoin de priorisation de la mise en oeuvre des principales dispositions de l’Accord. Les principaux points sur lesquels des avancées sont attendues, de manière urgente, sont le processus de révision constitutionnelle, après la tenue des consultations indispensables, et la définition d’un plan global assorti d’une échéance précise pour le redéploiement des FAMA reconstituées au Nord du Mali», a détaillé le principal animateur de la conférence.
Par ailleurs, la réunion avec le CSA, aux dires de M. Delattre, a été utile, car ayant permis de constater la forte volonté commune du gouvernement et des groupes armés à avancer très rapidement dans la mise en oeuvre des mesures attendues. « Nous avons proposé la présentation dès que possible d’une nouvelle feuille de route réaliste, contraignante et centrée sur un nombre de priorités limitées pour aller de l’avant», a-t-il informé.
Pour finir, le diplomate onusien a salué la relance récente des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel, se réjouissant des progrès réalisés dans la mise en place du cadre de conformité en matière de droits de l’Homme et de la composante de police.
«Dans le même esprit, le Conseil de sécurité a renouvelé son intention de rediscuter du soutien international à la Force, une fois que celle-ci serait pleinement opérationnelle et que les premiers résultats seraient obtenus. Nous y sommes aujourd’hui, nous souhaitons examiner une adaptation de l’accord technique pour le rendre plus adapté aux besoins du terrain, à l’évolution de la menace», a-t-il conclu.
Massa SIDIBé
L’Essor