Aujourd’hui, il est devenu presque le griot d’un régime auquel tout semble l’opposer pourtant. En effet, depuis un certain temps, on assiste à un reniement de ses convictions de la part de celui qui était le plus habile à compter les morts durant les différentes attaques que subissait notre pays. Comme l’a si bien dit Amadou Hampathé Ba : « on ne parle pas quand la bouche est pleine ». Autre temps, autre mœurs. Depuis fort longtemps, le président du PARENA a toujours plaidé pour une solution malienne à la crise qui secoue notre pays. Et aujourd’hui, dans leur grande majorité, les Maliens souhaitent que notre pays ouvre le dialogue avec les chefs jihadistes, Iyad Ghali et Koufa. Cela a été recommandé par les Maliens lors de la conférence d’entente nationale et rappelé lors du Dialogue national inclusif (DNI).
C’est fort de cette évidence que le Haut Représentant du Président de la République pour le Centre, Pr Dioncounda Traoré, s’est fait écho de cette volonté populaire, en annonçant la nécessité de discuter avec ces leaders terroristes. Il a fallu quelques jours seulement après cette sortie médiatique de Dioncounda Traoré pour que le ministre des affaires étrangères dégaine contre l’ancien Président de la transition en 2012.
Selon Tièbilé Dramé, la déclaration faite par le Haut Représentant du Président de la République « n’engage que lui et non le Gouvernement du Mali ». Incroyable ! Il n’y a pas très longtemps, n’est-ce pas Tièbilé lui même qui disait que si la solution à la crise malienne devrait passer par le dialogue avec Iyad et Koufa, que le Mali devrait le faire ? Que s’est-il donc passé ? Le maître blanc a-t-il encore invité le Gouvernement malien à clarifier sa position sur ce sujet ? Tout le monde se rappelle lors de la Conférence d’entente nationale quand les participants avaient demandé aux autorités du pays d’ouvrir des négociations avec Iyad et Koufa, le ministre des affaires étrangères français s’était précipitamment rendu à Bamako pour dire « pas question de négocier avec les terroristes Iyad et Koufa ».
Si les positions du Gouvernement malien jurent avec ses convictions, Tièbilé Dramé devrait avoir honte et se taire ou avoir le courage de démissionner pour être en accord avec sa conscience. Sinon dans sa posture actuelle, il est plutôt vu comme un homme qui dit à Dieu à ses convictions pourvu qu’il se serve dans la marmite nationale. C’était la même lors des débats sur la tenue du DNI, il n’avait pas hésité à s’en prendre à ses anciens amis de l’opposition. Ce qui n’est vraiment pas à son honneur.
Youssouf Diallo