Les mineurs de platine sont en grève depuis jeudi 23 janvier. Cette grève illimitée concerne 80 000 mineurs qui travaillent pour les trois premiers producteurs mondiaux de platine. Hier, le mouvement a été bien suivi et s’est déroulé dans le calme. Une négociation entre syndicat et groupes miniers avait même été acceptée par les différentes parties et était prévue pour ce vendredi.
Le gouvernement entend mettre fin le plus vite possible à cette grève illimitée. D’abord parce qu’elle pèse sur l’économie. Le secteur minier assure 40 % des exportations et est une source cruciale de devises pour le pays. Ensuite parce qu’à trois mois des élections, l’ANC (le Congrès national africain), le parti au pouvoir, n’a pas besoin d’un nouveau conflit social.
Les trois compagnies avaient accepté l’offre de médiation du gouvernement. Une première rencontre était donc prévue ce vendredi. Mais elle a été reportée à une date non spécifiée.
Le report provient d’AMCU, le syndicat majoritaire dans les mines de platine qui a appelé à la grève. Le syndicat a accepté le principe d’une rencontre mais aurait demandé une date ultérieure.
Le syndicat radical AMCU réclame un salaire de base d’environ 840 euros, soit deux fois plus que le niveau actuel. Une revendication chargée de symbole. C’est le montant qu’avaient demandé les mineurs de Marikana dont 34 avaient été abattus par la police en août 2012. Le président d’AMCU, Joseph Mathunjwa, a répété qu’il ne transigerait pas sur cette revendication de départ.
Flambée des cours
Le syndicat sait que le temps joue en sa faveur. Plus le temps passe, plus le gouvernement fera pression sur les trois groupes miniers afin de trouver une solution. Car ce qu’il redoute et veut donc éviter à tout prix, c’est l’enlisement du conflit et la flambée des cours. La seule annonce de la grève des mineurs de platine a suffi à les faire s’envoler. Les cours du platine ont pris 7% depuis le début de l’année et l’once était à 1 454 dollars hier encore.
Mais la revendication d’AMCU est jugée irréaliste par les trois premiers producteurs mondiaux de platine : Amplats, Implats et Lonmin perdraient énormément en acceptant la hausse de salaire demandée par le syndicat.
Les trois grands cherchent surtout aujourd’hui à redevenir rentables. Les grèves à répétition ont pesé sur les comptes, et sur la production – le marché a terminé l’année 2013 en déficit –, l’offre ne parvenant pas à satisfaire la demande record enregistrée l’an dernier, comme l’expliqueClémence Denavit dans la Chronique des matières premières de ce vendredi 24 janvier. Ce n’est pas tant la joaillerie ou l’industrie automobile – le platine sert à fabriquer les pots catalytiques des voitures – qui ont été concerné que le reste de la demande industrielle : la fabrication des ordinateurs, des tablettes et des smartphones. C’est surtout la demande des investisseurs qui a progressé, des stocks de platine physique ont été engrangés un peu partout dans le monde.
Des réserves qui pourraient servir d’amortisseur si la production sud-africaine venait à baisser encore, et c’est probable. Amplats, le numéro un, est en pleine restructuration et envisagerait de fermer les mines dans lesquelles l’extraction est la plus coûteuse pour se concentrer sur celle où le platine est le moins cher à produire.
Source d’information : Didier Julienne, stratège en matières premières.