On ne l’entendait plus depuis plusieurs mois animer de sa belle voix pleine Afrique midi. Et ses collègues questionnés à son sujet bottaient en touche.
Tout est plus clair maintenant. Laurent Sadoux luttait contre la mort qui l’aura emporté sans jamais le terrasser. Comme pour dire à la traîtresse faucheuse qu’elle ne gagnera pas, le présentateur vedette de millions d’Africains s’était trouvé ce leitmotiv: “chaque jour est une vie”. Il avait tant raison de faire de ce slogan la chute imparable de ses journaux quotidiens. Parce qu’il nous parlait à nous ici en Afrique, entre nos migrants échoués en mer, nos réfugiés chassés par la guerre, nos cultures calcinées par la sécheresse, nos villes noyées sous les eaux. Il nous le disait sans doute pour que nous tenions. Qu’il le sache: il nous a marqués ici en Afrique d’une empreinte ineffaçable. L’info dans tout son sérieux dans un amusement qui ne la banalise pas – c’est bien le contraire- c’est lui. Ces propos toujours gratifiants pour Mamane c’est lui. Ces sons reconstitués de la vieille machine à dactylographier pour rythmer l’inoubliable interview de Barbara Hendricks c’est lui. Cette voix qui n’était qu’à lui c’est aussi et uniquement lui. Une vie pas longue mais une carrière pleine a été son lot. Qu’il dorme en paix. L’Afrique le salue.