Le dirigeant sage est celui qui sait prévenir. C’est celui qui sait se mettre à l’écoute du peuple car très souvent, c’est le peuple qui souffre et qui lance des cris de détresse. Bienheureux est le dirigeant dont les conseillers qu’il a à son service lui font parvenir les cris et les complaintes du peuple. Le meeting du 05 juin a été un succès tant sur le plan national qu’international, parce que notre cher Président IBK a sous-estimé la grande capacité des organisateurs. Il a eu une confiance exacerbée en lui-même.
Et pourtant il y a lieu de reconnaître qu’au Mali, rien ne va : Insécurité, crise scolaire, crise sanitaire, tripatouillage des élections législatives de 2020 par la cour constitutionnelle, corruption, arrestations arbitraires, bavures policières, paternalisme, manque de confiance dans la justice du pays et d’autres griefs encore. Pire, le chef de file de l’opposition soumailaCissé qu’on enlève au nez et à la barbe des ministres de la sécurité et de la défense sans qu’aucun de ces deux ne démissionne ou ne fasse son mea-culpa. Notre président se dit patriote, cela est bien juste mais il est bon que cela se sente dans les actes. « Quand le bras a failli, on en punit la tête ». Ça aussi, il faut le saisir. Si des milliers de maliens ont répondu favorablement au meeting du 05 juin c’est parce que les organisateurs ont su fédérer tous les mécontents déçus par le régime actuel. Là aussi, des maliens mal avisés, méconnaissant ou insensibles aux problèmes du pays s’offre le luxe de jeter l’anathème sur les initiateurs de ce mouvement du 05 juin. On peut ne pas aimer Mahmoud DICKO mais il faut au moins reconnaitre en lui qu’il est véridique, patriote et soucieux du bien-être de ses concitoyens. Certains vont jusqu’à mettre en avant son radicalisme religieux menaçant la laïcité de l’Etat. Mais là, c’est un mauvais procès parce que Monsieur DICKO sait que le Mali est la patrie des tous : des musulmans, des chrétiens, des païens et des athées. D’ailleurs, tous ont participé à ce meeting et nombreux sont ceux qui, à l’heure de la prière étaient arrêtés. Que peut-on reprocher à un homme comme Cheick Oumar Sissoko dans ce pays ? Que ChoguelKokalla MAÏGA et d’autres eussent été ministres de IBK, cela signifie-t-il qu’ils doivent assister en observations passifs à certaines dérives du pays ? C’est ce mutisme non souhaité qui peut tuer le Mali car, la vérité, la juste vérité, il faut savoir la dire sans état d’âme. Ce n’est pas parce que l’on a quitté une maison qu’il faut la laisser brûler sans intervenir. Que peut- on dire de MountagaTall, de Modibo Sidibé, de Oumar Mariko, Issa Kaou Djim, de NouhoumSarr et autres par rapport au régime d’IBK ? Rien. Seulement, pour l’amour de la patrie et pour sauver le pays. Il y a des moments où il faut savoir se mettre debout pour mener le bon combat.
Dans l’histoire du Mali, de Modibo Keita jusqu’à ATT, aucun régime n’a accumulé tant de griefs, tant de mécontents, tant de laissers pour compte. C’est donc de là, que le meeting du 5 juin tient sa force et son expressivité.
Il appartient à IBK dans sa sagesse d’en tirer toutes les conséquences et ne pas minimiser l’expression du peuple. Tous les ingrédients qui ont précédé à la chute de Moussa TRAORE sont patents aujourd’hui. Encore une fois, IBK doit écouter la voix du peuple et ne pas se laisser manipuler par des proches et conseillers qui ne cherchent que leurs intérêts et qui l’abandonneront si les choses devaient mal tourner.
Le président doit cesser de voir dans les initiateurs du meeting du 5 juin des ennemis. « Si ton ami ne peut te dire la vérité, paie ton ennemi pour te la dire ».
Abdoulaye Yérélé
Ségou Tuyè