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Me Mountaga Tall, Président du CNID-FYT : Un engagement pour la démocratie jamais récompensé à hauteur de souhait

Cette figure emblématique du mouvement démocratique malien est restée cet homme à cheval sur des valeurs et ses convictions politiques. Mais in n’est pas encore parvenu encore à concrétiser son ambition pour le pays.

«Cette Transition, je suis dedans, j’assume pleinement. Je ne suis pas un invité. Je ne suis pas ouvrier de la 25e heure. Je ne vais pas rester à l’écart de la Transition, parce que je n’assume pas de responsabilité institutionnelle» ! Telle est la vérité assénée par Me Mountaga Tall, le président du Congrès national d’initiative démocratique/Faso yiriwa ton (CNID-FYT), lors de la présentation de ses vœux de nouvel an à la presse mercredi dernier (17 janvier 2024).

Et d’insister, «c’est notre Transition à tous… Elle n’est pas tombée du ciel…». Et aussi de se justifier, «je soutiens cette Transition qui a pour vocation d’aller vers la refondation de l’État… C’est la refondation de la nation qui n’exclut pas l’État, mais qui va au-delà…». Certes cette figure emblématique du mouvement démocratique a pris de l’âge, mais il demeure cet homme de principe qui ne fait pas dans la langue de bois quand il s’agit d’asséner ses convictions. C’est d’ailleurs le contraire qui aurait surpris de la part d’un leader dont la maturité politique est de nos jours indéniable.

Même s’il a été souvent amené à faire des choix difficiles à justifier (adhésion compromettante à des gouvernements de large consensus), il demeure cette figure emblématique du Mouvement démocratique malien accroché à des valeurs et des principes ainsi que fidèle à ses convictions politiques. Des valeurs forgées par la rigueur de l’éducation familiale à cheval sur les traditions et les préceptes religieux enseignés à l’école coranique. Farouche partisan du «Kokadjè» (transparence apposée aux mauvaises pratiques socioéconomiques et politiques propagées par le parti unique), l’homme est réputé comme quelqu’un qui a horreur de la démagogie politicienne. «Me Tall est trop honnête pour un être bon politicien», entendait-on souvent dans les années 90, après l’avènement de la démocratie.

Homme de consensus, mais pas de compromission

Même ouvert au consensus, il n’est pas prêt à renoncer à ses convictions politiques pour y parvenir. Humble et courtois, il pousse l’intégrité à l’autocritique. «L’un des maux du Mali est le comportement des politiciens», avait martelé Me Mountaga Tall lors de la présentation de ses vœux de nouvel an le 22 janvier 2020 à la Maison de la presse. Trahisons, retournements spectaculaires de veste, mauvaise gestion et détournements de deniers publics, fraude électorale, les discours extrémistes et irresponsables… Voilà ce qu’il avait alors énuméré comme pratiques ayant «fortement altéré l’image de l’Homme politique malien et jeté un discrédit sur la politique». Inutile de rappeler que cela avait fortement fait grincer les dents au sein de la classe politique malienne. Mais, Me Tall n’en a cure et cela d’autant plus qu’il n’a dit que ce qui est la triste réalité. Malheureusement, ce leader n’a presque pas été récompensé à la hauteur de son engagement démocratique.

Né le 10 décembre 1956 à Ségou, descendant direct d’El Hadj Omar Tall (fondateur de l’empire peul), Mountaga Tall est le fondateur du Comité national d’initiative démocratique (CNID/Association). Une Association à but politique qui a été la première à ouvertement demander l’instauration du pluralisme au Mali. Elle a donc initié et conduit les premières marches pour la démocratie au Mali. Avec l’avènement de ce système démocratique, le 26 mars 19991, le jeune avocat, aux ambitions politiques déjà clairement affichées, crée le Congrès national d’initiative démocratique/Faso yiriwa ton (CNID-FYT). Il a été candidat de ce parti à la présidentielle de 1992 et s’est classé en 3e avec 11,41 % des voix derrière Alpha Oumar Konaré (ADEMA-PASJ), élu au second tour, et feu Tiéoulé Mamadou Konaté (US RDA). Pour beaucoup d’observateurs, il a surtout été handicapé par sa volonté inébranlable de nettoyer les écuries d’Augias au nom du «Kokadjè» (transparence).

Une tête bien faite pour une légitime ambition politique

Toutefois, de 1992 à 1997, Me Tall a été député et faisait fonction de chef de l’opposition parlementaire. En 2002, il est réélu député dès le 1er tour des législatives avec plus de 70 % des voix et devient premier vice-président de l’assemblée nationale. Dans la foulée, il se fait élire au parlement de la CEDEAO en 2002 puis au Parlement panafricain en 2004. Réélu député de Ségou en 2007, il convoite le perchoir, mais il a été battu par le Pr. Dioncounda Traoré alors président de l’Adéma-Pasj. A noter que ce leader  politique pondéré a aussi milité au sein du M5-Rfp à la base de la chute de feu le président Ibrahim Boubacar Kéita renversé le 18 août 2020 par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Titulaire d’une maîtrise en Droit public interne, d’un Diplôme d’études approfondies général (DEAG) en droit international public et d’un Diplôme d’études approfondies d’enseignement (DEAE) en histoire du droit, les responsabilités politiques assumées par le Me Tall restent très en déca de son engagement, du rôle prépondérant qu’il a joué dans l’histoire politique contemporaine du Mali.

Aujourd’hui, Me Tall pense visiblement à céder la présidence du parti du «Soleil levant». C’est ce qu’il a en effet laissé entendre dans ses vœux. «Cela fait 25 ans que je vous présente, en mon nom et en celui du Cnid-Fyt mes voeux. Je souhaite, et je prie Allah SWT de m’entendre, que ces voeux soient les derniers que je présente au nom de ce parti qui m’a tant donné», a-t-il déclaré. Et de donner l’assurance que «cela ne signifie nullement que la tradition, aujourd’hui ancrée et adoptée par beaucoup, sera remise en cause. Elle se poursuivra et s’améliorera sans doute». Tout comme céder la présidence du parti ne signifie aucunement retraite politique.

A presque 70 ans, ce démocrate convaincu a encore beaucoup à donner à la République, à apporter à la consolidation du processus démocratique. Ainsi, à défaut d’être le président élu du Mali Kura (pourquoi pas), le pays gagnerait beaucoup à le voir diriger une grande institution de la République comme l’Assemblée nationale, le sénat… Cet avocat émérite en a l’expérience, la maturité, la vision… et la carrure politiques !

Hamady Tamba

Le Matin

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