Me Cheick Oumar Tounkara, un des avocats qui assure la défense de Vital Robert Diop en est convaincu, il n’existe aucun élément de preuve contre son client. Placé sous mandat de dépôt depuis le 31 décembre 2020 avec d’autres personnalités pour atteinte à la sûreté de l’Etat, le directeur général de PMU-Mali ne comprend pas les accusations le visant. Me Tounkara évoque dans cet entretien sa confiance de voir son client bientôt libéré et blanchi.
Depuis son incarcération à la maison centrale d’arrêt, avez-vous pu rencontrer votre client ?
Je l’ai rencontré. Depuis le jeudi 31 décembre 2020, il a été placé sous mandat de dépôt et détenu à la maison centrale d’arrêt de Bamako, depuis ce jour, j’ai l’opportunité de le voir quand je veux. Ma dernière visite remonte au mardi 5 janvier. Je me suis entretenu avec lui pour comme d’habitude m’enquérir de son état de santé et de son moral.
Quelles sont les conditions de détention ?
La maison centrale de Bamako n’est pas un hôtel cinq étoiles, donc bien évidemment, les conditions ne sont pas désastreuses certes, mais elles ne sont pas non plus optimales. Vital Diop tient le coup même s’il est affecté par tout ça, car au même titre que ses avocats, il se pose la question de savoir ce qui lui arrive. Il ne comprend pas cette procédure qui le vise et il se pose des questions.
Au-delà du communiqué du procureur de la République près le tribunal de la commune III, avez-vous plus de précisions aujourd’hui ?
Il est reproché à notre client au même titre que les codétenus d’avoir constitué une association de malfaiteurs en vue de perpétrer un coup d’Etat contre les autorités de la transition. Et au même titre que Mahamadou Koné et Souleymane Kansaye, il lui est reproché d’être le bras financier de ce prétendu complot, c’est pour cela qu’il est poursuivi et incarcéré à la maison centrale d’arrêt de Bamako.
Mais vous estimez que les poursuites à l’encontre de votre client n’ont pas lieu d’être…
Le dossier est vide pour la simple raison qu’à ce jour, s’agissant notamment de notre client Vital Diop, il lui est reproché des choses, mais jusqu’à maintenant, il n’a pas été confondu, que des suppositions, des questions, des affirmations, mais pas d’éléments de preuves. On dit qu’il a posé des actes, mais aujourd’hui, ils sont incapables de présenter un seul élément de preuve attestant la véracité de ces faits, ce qui nous fait dire aujourd’hui que ce dossier est vide.
Vous y voyez une instrumentalisation ?
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a une instrumentalisation et nous faisons confiance en la justice malienne pour nous édifier amplement sur ces aspects. Ce sera désormais la tache du juge d’instruction qui a été désigné. Il est chargé de poursuivre et d’instruire à charge et à décharge, nous lui laissons donc le soin de nous édifier sur tout cela.
Avez-vous confiance en la justice malienne dans ce dossier ?
En tant qu’acteur de la justice, je ne peux que manifester ma confiance vis-à-vis de nos autorités judiciaires quant à la manifestation de la vérité dans cette affaire. La justice malienne est indépendante, et elle a toujours fait abstraction de pression ou d’instrumentalisation au cas où il en aurait dans cette affaire. Notre client et nous fondons nos espoirs sur le juge d’instruction pour le blanchir définitivement dans cette affaire. Nous avons confiance que ce sera le cas à l’issue de cette procédure. Il n’a commis aucune action subversive, il n’est associé ni de près ni de loin aux faits qui lui sont reprochés.
Votre client serait-il selon vous un bouc-émissaire du fait de ses liens avec l’ex-Premier ministre Boubou Cissé ?
C’est un peu notre sentiment à nous. Comme indiqué aujourd’hui, rien ne justifie que notre client soit poursuivi vu qu’il n’y a pas d’éléments probants dans le dossier. Ce qui nous amène à penser que c’est peut-être parce qu’il est proche de Boubou Cissé et de l’ancien régime, que ce sont ses relations qui lui valent d’être poursuivi et incarcéré.
Que comptez-vous faire à court terme ?
Tous les avocats qui assurent la défense des intérêts des personnes mises en cause dans cette affaire ont introduit le lundi 4 janvier des demandes de mises en liberté entre les mains du juge d’instruction. Ce dernier dans sa sagacité a jugé nécessaire de refuser ces demandes jeudi 7 janvier. Nous en prenons acte. Notre client a été informé ce vendredi matin par l’entremise du greffier. L’étape qui va suivre est de nous investir auprès du juge d’instruction afin que notre client soit entendu le plus rapidement possible sur le fond de cette affaire, c’est ce que nous appelons l’interrogatoire de fond. Ceci nous permettra immédiatement d’entrevoir à nouveau une demande de mise en liberté. Aujourd’hui, même si ce n’est pas à mon avis contraire à la loi, la pratique voudrait que chez nous, le juge procède d’abord à l’interrogatoire de fond avant d’envisager de déposer une demande de mise en liberté. Nous avons entamé dès hier jeudi une demande collective auprès du juge d’instruction afin qu’il entende dans les meilleurs délais nos clients, et nous lui avons précisément demandé s’il pouvait entamer ces interrogatoires de fond dès ce lundi.