Bien vrai que ce soit rare de nos jours, certaines filles continuent à être mariées de force surtout dans les régions. C’est beaucoup plus fréquent dans les communautés vivant dans les régions du nord. Donnée en mariage par ses parents dans la région de Tombouctou, Ta Cherif Walet, une jeune fille de 17 ans, a faillit mourir d’une anémie à l’âge de 14 ans.
Ta Cherif vit actuellement à Bamako, mais elle a failli perdre la vie dans son village situé dans la région de Tombouctou à cause d’un mariage précoce. « J’ai 17 ans et je vis avec ma fille de 3 ans. J’ai été mariée à l’âge de 14 ans », raconte »-elle avec tristesse. « Quand je suis tombée enceinte, je n’ai pas compris tout de suite ce qui m’arrivait. Je vomissais, je me sentais mal, ce sont des vieilles du village qui m’ont expliqué que j’attendais un bébé ».
Du fait de son jeune âge sa grossesse était très dangereuse pour elle. Son ventre grossissait, elle perdait du poids. «J’étais tellement mince que j’avais l’air d’une brindille avec un gros ventre », affirme-t-elle aujourd’hui en riant. L’accouchement était très douloureux mais tout s’est bien passé heureusement.
Elle est retombée deux fois enceinte après avoir eu sa première fille. Ces deux autres cas étaient plus compliqués que la première grossesse. «C’est ainsi que j’ai découvert que je souffrais d’une anémie. Sans la prise en charge du centre de santé du village d’à coté, je serais certainement morte », affirme-t-elle. « J’ai perdu mes deux enfants qui ont suivi ma première fille».
L’une des conséquences de son mariage a été son incapacité de pouvoir réaliser son rêve de devenir enseignante. Un sort qu’elle ne souhaite pas du tout pour sa fille. « En tout cas pour mon enfant, j’ai de grandes ambitions ; je veux qu’elle puisse faire ce qu’elle veut et je me battrais pour cela, car c’est elle seule ma raison de vivre», indique-t-elle.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le mariage précoce dont la ségrégation ethnique comme ce fut le cas de Fatoumata Tambara, une jeune fille Soninké. «Quand j’étais étudiante, j’ai rencontré un homme jeune comme moi. On s’est aimé d’un amour propre et sincère. On s’est promis tellement de choses pour notre futur jusqu’à ce que mes parents découvrent que ce monsieur en question était un homme de caste », raconte-t-elle.
Les parents de Fatoumata se sont opposés à son mariage avec son bien aimé, malgré tout les deux amoureux ont continué à se fréquenter. «Mon amoureux voulait me marier à tout prix. A mon insu, on m’a fiancé à un homme beaucoup plus vieux que moi. Pendant les noces, il a essayé de me toucher, j’ai refusé », poursuit-elle. « Apres avoir été grondé par ma maman qui ne croyait plus à ma virginité, j’ai donc accepté de consommer mon mariage ».
Fatoumata explique avoir été brutalisée par son mari pendant longtemps avant que le couple ne se sépare. « J’avais de la peine à ressentir quoi que ce soit pour mon mari, et il le savait. Il me maltraita, même enceinte, il me battait. Quand je m’y attendais plus, mon ex-copain m’as appelé et il est tombé sur mon mari. Ce dernier croyant qu’il y avait quelque chose entre nous, il m’a répudié avec mon enfant », témoigne-telle.
Pour les parents, le véritable amour se crée dans le foyer après le mariage et pas avant. Selon Fatoumata Diakité, une ménagère, les mariages arrangés sont à défendre car ils permettent de renforcer les liens de famille.
Dans de nombreux pays comme le Mali, l’honneur d’une fille passe par la virginité féminine, les parents marient leurs filles bien avant qu’elles ne soient prêtes à avoir des relations sexuelles afin d’éviter qu’elles ne tombent enceinte et ne puissent plus se marier. A cause des différents abus, Fatoumata a eu du mal à se remettre avec un autre homme.
Quant à Ta Chérif, elle s’est enfuie de son village pour rejoindre Bamako et elle est prête à refaire sa vie avec un autre homme qu’elle aura choisi. Le mariage est non seulement basé sur l’amour mais aussi, il peut être également basé sur un engagement familial. Dans certaines familles l’intérêt personnel passe très souvent avant l’amour qui peut exister entre un homme et une femme.
Kadidiatou Diakité, stagiaire
Source: Le Républicain