Le Mali va de mal en pis. Les crises sécuritaires avec ses lots de morts, sociales avec ses lots de grèves, les atteintes aux libertés et droits constitutionnels …sont de trop. Une grande marche à l’appel de Bouyé –Dicko-FSD-COFOP-CDR se tiendra le vendredi 5 avril 2019 pour fustiger la mauvaise gestion du pays par le pouvoir actuel. Au constat des prises de position de chacune des parties prenantes de cette marche, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, est responsable de ce chaos. Tous réclament son départ. IBK est appelé à faire le choix entre conserver son fauteuil et éjecter celui-là envers qui se croit redevable, le Premier ministre.
Après le meeting populaire du 10 février au stade du 26 mars lors duquel des religieux ont exigé le limogeage du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, une autre manifestation de grande envergure est prévue pour ce vendredi 5 avril 2019. En plus des leaders religieux comme l’Imam Mahamoud Dicko et le chérif de Nioro, le Front pour la Sauvegarde de la démocratie (FSD), la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) et le Collectif pour la Défense de la République (CDR) prendront part à cette marche pour dire « trop c’est trop », « stop aux tueries au centre du Mali ».
Déjà avant même la marche, certains proches de l’Imam Dicko ne sont pas, dans leurs discours, tendres avec le président IBK. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le porte-parole de l’imam Dicko, Issa Kaou Djim appelle à la manifestation du vendredi prochain : « Depuis un moment, l’imam Mahmoud Dicko avait promis de faire appel à tous les Maliens, tout le monde est invité à sortir ce vendredi 5 avril, après la prière, à la place de l’Indépendance », dit-il avant d’ajouter : « Il ne s’agit pas seulement de Bamako, mais de tous ceux qui peuvent rejoindre la capitale par quelque moyen que ce soit pour répondre massivement à l’appel de Mahmoud Dicko ».
Selon lui, c’est au président de la République qu’ils vont cracher la vérité. «Il s’agit de dire les derniers messages au président de la République, il ne s’agit pas cette fois du Premier ministre, mais du président Ibrahim Boubacar Keita… Il ne va pas entendre le message qui lui est adressé, mais il va plutôt le voir. Venez nombreux à la place de l’indépendance. Trop c’est trop. IBK saura que le pays ne lui appartient pas. Il lui a été confié. Le pays appartient au peuple », déclare-t-il avant de réfuter les allégations selon lesquelles ce qui se passe au centre du Mali est un conflit entre Dogon et Peul : « On ne peut pas tuer les gens n’importe comment et faire croire que ce sont les Peulh et les Dogon qui s’entretuent. Ce n’est pas vrai. Ils veulent créer une guerre civile dans le pays. Sinon avant de vouloir dissoudre une milice, il faut d’abord mener une enquête… »
Le FSD, la COFOP et le CDR y prendront part
Le vendredi prochain, il faut s’attendre à des millions de Maliens dans les rues de la capitale, car en plus de ces deux influents leaders religieux, deux grandes coalitions de l’Opposition politique, le FSD et la COFOP participeront à cette marche. Le CDR, dont Ras Bath est le porte-parole, un mouvement de la société civile très forte en mobilisation y sera aussi.
Du côté du front dirigé par l’honorable Soumaila Cissé, nous avons joint Me Demba Traoré qui a confirmé leur participation à cette marche qui, selon lui, est patriotique. Le directoire du front a aussi, à travers un communiqué, appelé ses militants à sortir massivement pour cette marche. « Le FSD invite tous ses militants et sympathisants, tous les Maliens à répondre à l’Appel des respectés Mohamed Ould Cheickna dit Bouillé Haidara et l’Imam Mahamoud Dicko pour participer massivement au rassemblement prévu le vendredi 05 Avril 2019 à 14 heures au boulevard de l’indépendance de Bamako », lit-on dans son communiqué signé de l’honorable Soumaila Cissé. Pour ce front, participer à cette marche, c’est défendre le droit inaliénable de tous les enfants du Mali de vivre en paix et sécurité dans la démocratie et la justice. Le FSD a même déjà commencé la mobilisation. « Tous debout pour le Mali, pour la bonne gouvernance, pour la fin des massacres, pour le soutien à nos forces armées et de sécurité, le soutien aux veuves et aux orphelins de la crise sécuritaire, pour la stabilité de notre pays ! », a signé le chef de file de l’Opposition.
Quant à la COFOP, elle a déjà, dans un communiqué, appelé ses militants à participer à la marche du vendredi. « La Coalition des Forces Patriotiques (COFOP), dans la poursuite de son combat pour le Mali, s’engage résolument à accompagner toute initiative allant dans le sens de consolider la paix, la quiétude et le vivre ensemble qui a toujours existé dans notre pays », précise le communiqué dans lequel la coalition affirme avoir appris avec enthousiasme l’appel de l’Imam Mahamoud Dicko pour un rassemblement le vendredi prochain 05 avril 2019 après la prière de ‘’Djoumah’’ à la place de l’indépendance. « Par conséquent, la Coalition des Forces Patriotiques (COFOP) lance un appel solennel à tous ses militants, sympathisants et au peuple malien à participer massivement à cette marche patriotique. », lit-on.
Avant ce jour, le samedi dernier, lors de la conférence de presse de son parti, l’ancien ministre de l’Éducation, Housseïni Amion Guindo, a craché ses quatre vérités. Il a clairement évoqué l’assertion suivante : quelles que soient les dispositions entreprises par les gouvernants, la marche aura lieu. « Le 5 avril, nous allons marcher avec ou sans autorisation .Que cela soit clair, la marche est un droit constitutionnel. On ne doit même pas demander l’autorisation, on doit juste informer les autorités », a déclaré le président du parti de la Quenouille, Housseïni Amion Guindo.
Quant au CDR, son porte-parole, Mohamed Youssouf Bathily a, étant en visite aux États-Unis, appelé ses militants à sortir massivement le vendredi 5 avril pour fustiger la faillite de l’État dans la gestion du pays.
Soumeylou Boubeye Maiga, une épine dans le pied d’IBK
Tout le monde, même les partisans du régime en place, est unanime que ça ne va pas. Le pays souffre de la mauvaise gouvernance, des crises sécuritaires, politiques, sociales, financières, de l’arrogance, des atteintes aux droits constitutionnels… toute sorte de pratiques d’une autre époque. Les militaires et les civiles maliens sont tués en longueur de journée et le régime en place peine à endiguer ce fléau. Du coup, la crise sécuritaire a atteint son paroxysme. Au même moment, le gouvernement, à travers le Premier ministre continue à qualifier les indignations du peuple de ‘’théâtralisation’’. Au lieu de chercher la solution aux problèmes des Maliens, « le tigre » agonisant a fait de sa spécialité la division, les invectives, les clashs …
Pourtant, c’est lui qui est indexé par tout le monde comme le véritable problème. Bouyé, Mahamoud Dicko, le FSD, la COFOP, le CDR tout le monde a demandé son départ. Au centre, le constat est clair : des Peuls trouvent qu’il est responsable de la situation ; des Dogons aussi. Dans la capitale, il n’a pas bonne presse. Tout le monde a compris sa spécialité : diviser pour mieux régner.
IBK doit faire le choix entre le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, et son pouvoir
Soumeylou Boubeye Maiga, même s’il a favorisé la réélection du président IBK, est, aujourd’hui, une épine dans le pied de ce dernier. À cause de lui, beaucoup, même des anciens collaborateurs d’IBK, le combattent. Pour preuve, le chétif de Nioro a clairement dit que son opposition au régime d’IBK avait commencé depuis la nomination de Soumeylou d’abord comme ministre de la Défense avant d’être Premier ministre plus tard. Depuis le 02 juin 2018, après la répression de la marche de l’opposition, les politiques ont commencé à exiger sa démission. À cause de ce « tigre en papier», le parti au pouvoir est dans la posture de s’opposer au président de la République ces derniers temps. La sortie médiatique de l’honorable Mohamed Tounkara, député de Kita l’atteste.
Nous n’avons pas ici la prétention d’être l’oiseau de mauvais augure, mais le président de la République met son fauteuil en danger en maintenant le Premier ministre, Soumeylou Maiga, en le gardant jalousement comme les prunelles de ses yeux.
Pour qui se rappelle, l’Imam Mahamoud Dicko a bien dit lors du meeting du 10 février que si le président de la République n’entend pas leur message de démettre le Premier ministre, qu’ils entreprendront d’autres actions de grande envergure. Cette marche du 5 avril pourrait donc être le début.
IBK doit faire attention. Si le limogeage de Soumeylou Boubeye Maiga pouvait sauver son pouvoir, il doit le faire pour éviter à ce pays le pire. « Le Tigre » ne fait pas l’unanimité, il ne peut plus mettre fin aux crises auxquelles le Mali est confronté. En une phrase : Tout le monde doute de sa crédibilité.
Boureima Guindo
Source: Le Pays