Modibo KADJOGUE, souvent biberonné à la bienveillance de l’Etat, contrairement à bien d’autres troupiers de la démocratie, sort de sa retraite pour se positionner dans le cortège des situationnistes : ‘’j’ai risqué ma vie pour la démocratie, je ne peux pas rester en spectateur et assister au « manassage » des élections’’.
Le positionnement est faste en matière d’effets d’aubaine, même s’il aurait mieux fait de se terrer dans son asile pour épargner à ses lecteurs des inepties. Mais, l’occasion faisant le larron, les tenants du patriotisme douteux ressuscitent pour se goinfrer à nouveau à la table de la providence escomptée infaillible de la jacquerie. Nous sommes les héros du 26 Mars, nous avons droit à notre portion du gâteau national, parce qu’on nous doit reconnaissance ad vitam aeternam, tutti quanti. Désormais, discours bluffant chante une drôle de musique aux oreilles. Parce qu’après le 26 Mars, beaucoup de héros sont devenus des anti-héros, des sacs et des cordes, de redoutables flingueurs de la démocratie. Toutes nos excuses de froisser l’ego des vénérables écumeurs de table à la légitimité historique indiscutable.
Les cocos stratégiques ne manquent pas de fulgurance. Celui-ci débite un vibrant plaidoyer qui est plutôt pathétique : ‘’sauvons la démocratie pour les martyrs du 26 mars’’. Pour occuper les places d’honneur au banquet, il faut perturber le calme des Martyrs du 26 Mars. Laissons les morts là où ils sont, parce que nous ne sommes plus nombreux à avoir l’honneur et la dignité d’invoquer leur mémoire sans craindre que nos crânes ne soient fracassés par la colère de ceux qui ont donné leur vie pour que naisse la démocratie malienne. Les martyrs ne sont pas un fonds de commerce pour claque-faim politique. Il faudrait plutôt chausser les crampons et piquer le fulgurant sprint alimentaire du siècle pour sauver la démocratie, pardon calmer les crampes d’estomac.
INFO-MATIN