Dans un contexte national marqué par de profondes mutations politiques et sociales, le Mali s’apprête à franchir une étape cruciale vers la consolidation de la paix, la réconciliation et la cohésion nationale. La Commission de rédaction de la Charte pour la paix et la réconciliation, présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, est sur le point de remettre son rapport final au Président de la Transition. Selon Zeiny Moulaye Haidara, membre influent de ladite Commission, la rédaction du document est pratiquement achevée, et les premières copies sont déjà en cours d’impression.
Une dynamique nationale refondatrice
Bamada.net-Initiée dans le cadre de la Refondation de l’État malien, cette Charte s’inscrit comme un pilier fondamental de la Transition. Elle se distingue non seulement par son ambition, mais aussi par sa méthode : celle de s’ancrer dans les réalités socioculturelles du Mali, tout en proposant une vision stratégique pour l’avenir du pays.
Contrairement à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, souvent critiqué pour son caractère exogène et sa difficile mise en œuvre, la nouvelle Charte se veut une alternative endogène. Elle privilégie des mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits issus des traditions maliennes, en mettant en avant les valeurs de l’honneur, de la dignité, de la vérité et du dialogue communautaire.
Un cadre holistique pour la paix durable
Le document, dont la version finale sera bientôt entre les mains du Chef de l’État, ne se limite pas aux seuls enjeux sécuritaires. Il propose un cadre de référence global, structuré autour de plusieurs axes majeurs :
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La sécurité nationale, avec une approche intégrée combinant forces armées, sécurité communautaire et intelligence territoriale ;
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La paix et la réconciliation, avec un accent mis sur les responsabilités partagées et la mémoire collective ;
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La cohésion sociale, autour de valeurs ancestrales de solidarité, de justice restaurative et de médiation traditionnelle ;
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L’économie, notamment à travers des propositions concrètes pour revitaliser les secteurs productifs et favoriser l’emploi des jeunes ;
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L’environnement, en lien avec la résilience climatique et la gestion équitable des ressources naturelles.
En cela, la Charte transcende les discours politiques habituels pour se présenter comme un outil stratégique de transformation sociale et institutionnelle, dans un pays meurtri par une décennie de crises multiformes.
Une gouvernance de la Charte sous la Présidence
Une fois adoptée, cette Charte nationale ne sera pas un simple texte symbolique. Selon les propositions de la Commission, elle sera placée sous la responsabilité directe de la Présidence de la République, qui devra lui accorder un cadre juridique robuste. Il est notamment envisagé la création d’un Haut Conseil pour la Paix et la Réconciliation, doté de moyens institutionnels et budgétaires pour veiller à la mise en œuvre des engagements contenus dans la Charte.
Cela marque une rupture avec les approches précédentes souvent laissées à la seule charge du ministère en charge de la Réconciliation. Le nouveau dispositif se veut plus transversal, plus inclusif et plus pérenne.
Une élaboration inclusive et participative
Depuis plusieurs mois, la Commission de rédaction a mené un processus participatif rigoureux : consultations régionales, forums de jeunes, rencontres avec les leaders religieux, coutumiers et communautaires, ainsi que des auditions d’acteurs de la société civile et du secteur privé.
Cette démarche a permis de capter les attentes réelles de la population, tout en réhabilitant la parole citoyenne dans la construction des politiques publiques. « Nous avons voulu écouter les Maliens, dans leur diversité, dans leurs douleurs mais aussi dans leurs espoirs », explique Zeiny Moulaye Haidara.
Une opportunité historique
Alors que le pays entre dans la dernière ligne droite de la Transition, cette Charte pourrait jouer un rôle déterminant dans le processus de réinstitutionnalisation de l’État, en posant les bases d’un nouveau contrat social. Elle pourrait aussi renforcer la légitimité des autorités de la Transition en montrant leur volonté de rompre avec les cycles de violence, de marginalisation et de défiance institutionnelle.
Mais pour réussir, la volonté politique devra être accompagnée d’un véritable engagement populaire, d’une pédagogie nationale autour du contenu de la Charte, et surtout d’un mécanisme de suivi rigoureux.
Vers une appropriation citoyenne
La réussite de cette Charte dépendra en grande partie de son appropriation par les citoyens, notamment les jeunes, les femmes et les populations des zones rurales, souvent laissées à la marge des grands débats nationaux. Des campagnes d’information, des forums communautaires et des débats médiatiques devront être mis en place pour démystifier le texte et en faire un outil vivant de transformation collective.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net