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Mali : Un nouveau gouvernement qui n’a plus le droit de décevoir

Le président Ibrahim Boubacar Kéita vient de changer pour la deuxième fois, au cours de son premier quinquennat, de Premier ministre occasionnant du coup un remaniement ministériel tant parlé par la presse et tant attendu par une partie de la population. L’objectif est clair : donner un sens au programme pour lequel il a été élu président de la République en 2013.

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Modibo Kéita remplace Moussa Mara à la tête du gouvernement. Celui qui dirigeait, jusqu’alors les pourparlers avec les groupes armés à Alger pour une sortie de crise au nord du pays, prend les rênes du gouvernement. Il a mandat de donner forme au programme politique pour lequel  IBK a été élu président de la République par plus de 77% des suffrages.

Modibo Kéita est le 3ème Premier ministre du premier quinquennat du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Le premier, Oumar Tatam Ly, a dû rendre le tablier au bout de huit petits mois. La rumeur dit qu’il voulait mettre à la touche certains ministres proches du Chef de l’Etat. Par finir, ce sont ces derniers qui ont eu raison de lui. Le second, Moussa Mara, un jeune loup dans la politique, en qui le Président IBK a placé sa confiance après le départ précipité d’Oumar Tatam, pour matérialiser son projet de société dans un contexte de crise marqué par la recrudescence des attaques dans la partie septentrionale du pays malgré le démarrage des pourparlers avec les groupes armés à Alger, et le retour hésitant des bailleurs de fonds.

Moussa Mara a-t-il échoué à matérialiser le projet de société du Président IBK ? Son successeur, Modibo Kéita, lui, préfère mettre en garde sur la question. Ce serait une erreur, selon lui, de croire que tout est à refaire.

Mêmes défis…

Les Maliens attendaient beaucoup du premier gouvernement de l’ère IBK. Celui d’Oumar Tatam Ly. La justice sociale a été placée au cœur du mandat confié à ce gouvernement. Les Maliens ont le cœur meurtri par les inégalités sociales provoquées par la mal gouvernance, l’injustice, la corruption…Et si les Maliens devraient se réconcilier après ce qui s’est passé dans les régions nord du pays et le coup d’Etat de mars 2012, il fallait rétablir cette justice sociale.

A la tête du département de la justice, un homme du milieu, un avocat en qui IBK à placé toute sa confiance. Me Mohamed Ali Bathily devait réconcilier les Maliens avec la justice en menant une lutte implacable contre la corruption, la délinquance financière, la spéculation foncière… Son bilan à la tête de ce département, est mitigé. En 1an et demie, il y a eu plus de tapage médiatique que d’actes concrets en faveur de la lutte contre la corruption. Pire, la famille judiciaire est divisée et les magistrats, acteurs clé de la lutte contre l’injustice, pour la plupart d’entre eux, en veulent au ministre qu’ils accusent de ramer à contre courant des intérêts de la profession. Résultat : ils (les magistrats) ne se sentent pas trop concernés par les « bavardages » du ministre Bathily. Du coup, la promesse faite par le président IBK de rétablir la justice sociale, demeure utopique aux yeux de nombreux Maliens qui ne veulent plus y croire. Le nouveau ministre devra s’atteler à réconcilier et la famille judiciaire entre elle et l’exécutif et le judiciaire, pour une meilleure collaboration dans la lutte contre l’injustice.

L’école est un souci majeur à l’heure actuelle. Les problèmes qui minent le milieu scolaire, empêchent d’atteindre les performances escomptées. Or, le président IBK, dans son projet de société, a placé la jeunesse au cœur du développement économique et social. Le travail initié par l’ex ministre de l’éducation pour assainir le milieu scolaire des maux qui minent le système, doit être poursuivi par son successeur.

Le Mali est en guerre. En guerre contre le terrorisme et le banditisme armé. On attend beaucoup du responsable du département chargé de la Défense Nationale. En 1 an et demi, le président IBK a changé deux fois de ministre de la Défense. D’abord Soumeylou Boubèye Maïga, ensuite Ba Daou. Le premier a une mauvaise réputation. Sa nomination dans le premier gouvernement a été d’ailleurs une grande surprise pour nombreux de personnes selon qui le « changement » tant prôné par le candidat IBK durant sa campagne pour l’élection présidentielle ne peut se faire avec ces « anciens » qui cherchent à se faire du sang neuf. Pas moins que sa nomination au poste de Défense. Ensuite Ba Daou, un « ancien » qui, au contraire du premier, jouit d’une bonne réputation. Cet homme à la retraite a été appelé par le Président de la République pour reformer une armée en pleine débandade face au terrorisme. Les raisons de son départ ne sont pas encore connues. Mais il se dit que l’homme a demandé à partir pour laisser la place aux jeunes.

Le nouveau locataire du département de la Défense, est justement un jeune, Thèman Hubert Coulibaly. Il était, jusqu’alors, ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières. Sa nomination à la Défense est une surprise selon certains observateurs. Il aurait fallu, justifient-ils, amené un haut gradé de l’armée à même de prendre des décisions en phase avec ce qui se passe dans le nord du pays. Le « jeune » Hubert devra faire ses preuves pour être en phase avec l’opinion publique nationale selon laquelle les « choses ne bougent pas assez au front ». Le président IBK est beaucoup attendu sur ce dossier du nord.

Le Général Sada Samaké a-t-il déçu ? En charge du département de l’Intérieur et de la Sécurité, cet « ancien » avait la lourde responsabilité de veiller sur les Maliens et de leurs biens. Dans un contexte marqué par le banditisme galopant, la tâche n’était, certes, pas facile pour cet officier supérieur qui a plusieurs années d’expérience derrière lui. La lutte contre le banditisme sous toutes ses formes fait partie des priorités du gouvernement. Cependant, à ce jour, le taux de banditisme n’a pas baissé. Au contraire, plus d’un Malien ne se sente pas en sécurité tant les braquages à main armée, de jour comme de nuit, sont répétitifs ; les vols sont fréquents… Quoi faire ? C’est au ministre de trouver la solution, lui qui a été repêché à l’examen de passage pour le 3èmegouvernement et qui a vu son portefeuille changer de dénomination. C’est désormais, ministère de la sécurité et de la protection civile, comme pour mettre l’accent sur sa mission.

De toutes les manières, le Président et son nouveau Premier ministre ont prévenu : des résultats, des résultats rien que des résultats… à hauteur de souhait. Déjà, le locataire de la Primature a imprimé sa marque : discipline, ponctualité, efficacité.

Avec ce nouveau gouvernement, le 3ème en moins de deux ans d’exercice du pouvoir, le Président IBK sait qu’il n’a plus droit de décevoir ses électeurs. Il sait aussi que les attentes sont nombreuses, les défis sont immenses et il faut aller vite pour redonner espoir à tous les Maliens.

Tiémoko Traoré

 

Source:  Le Pouce

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