Le coup d’Etat militaire le plus courtois de l’histoire du Mali a couronné la lutte du M5-RFP le 18 Août 2020, avec l’atterrissage en douceur du régime IBK. Le vertige des premiers moments passé, celui-ci a déclaré vouloir démissionner librement. Aujourd’hui, les maliens tournent progressivement la page peu reluisante de la 3ème république, grâce à la détermination et au courage du Président de Transition et de son Premier Ministre. Depuis Modibo Kéita, le Mali n’a jamais connu un leadership aussi déterminé dans la défense de la souveraineté nationale.
METTRE FIN AUX INTRIGUES POLITICIENNES QUI ONT RUINÉ LE PAYS
La première conséquence de ce positionnement de l’Exécutif a été le réveil en sursaut des sans-voix et une bipolarisation marquée de la vie socio-politique. D’un côté, les héritiers putatifs du mouvement démocratique qui pensaient détenir ad vitam aeternam un titre de propriété sur le Mali et, de l’autre les millions de damnés de leur démocratie sortant enfin du purgatoire. A la manœuvre, de jeunes officiers militaires assez remontés et difficiles à contrôler qui ont décidé de ne pas rouvrir la Bourse des intrigues politiciennes, provoquant ainsi un grand effroi chez de nombreux parieurs et autostoppeurs de la politique. Ceux-ci aux abois, ne lésinent plus sur les moyens pour réclamer la tête du Premier Ministre Choguel Maïga, devenu leur mauvaise conscience et leur pire cauchemar. Heureusement, tout le monde voit nettement le dos des nageurs en eaux troubles qui ont tout de même réussi à transformer certains jeunes délurés en délateurs et en insulteurs publics. Dans ce pays longtemps anesthésié et placé sous l’emprise d’apprentis sorciers impénitents, trois questions de fond doivent trouver une réponse claire avant d’amorcer la relance post-crise. D’abord, pourquoi et comment la vaillante armée nationale si disciplinée et bien équipée jusqu’en 1990, s’est subitement transformée en une « armée des ombres » abonnée aux replis stratégiques, qui a perdu le contrôle des trois quarts du territoire national sans résistance ? Ensuite, pourquoi le pays connait-il un tel foisonnement de partis politiques et d’associations qui n’ont aucun impact significatif sur l’éveil citoyen et la vitalité de la démocratie ? Surtout, pourquoi les légitimités coutumières et religieuses sont confinées dans le simple rôle de spectateur de la gestion des affaires publiques mais toujours sollicitées dès que les dirigeants politiques sont défaillants et menacés ? Enfin, pourquoi les maliens établis à l’extérieur qui représentent le tiers de la population du pays, apportent à l’économie nationale plus que l’aide publique au développement et soutiennent à bout de bras de nombreuses familles, sont-ils systématiquement ostracisés, mal recensés, privés de documents d’identité dans leur pays de résidence, absents ou sous représentés au sein des institutions électives nationales ?
POUR QUI SONNE LE GLAS DE LA REFONDATION DE L’ETAT ?
La lutte du mouvement démocratique a été galvaudée à souhait en 1991 par des politiciens opportunistes qui ne rêvaient que de devenir Calife à la place du Calife. En effet, en dehors des détournements massifs de deniers publics, quel est le seul chapitre sur lequel ils ont fait mieux que Moussa Traoré pourtant accusé en son temps de tous les péchés d’Israël : l’éducation et la citoyenneté, la santé, le développement rural, la protection de l’environnement, la diplomatie, la défense nationale, la sécurité ? Il est temps d’arrêter le cirque fanfaron des nains politiques du Mali pour offrir du nouveau sang et une nouvelle perspective à la république qui en a besoin. Pour cela, on ne peut se référer à des hommes et des femmes en panne d’une vision politique féconde, incapables de faire leur propre autocritique malgré un échec indiscutable, rejetés par leurs concitoyens et qui cherchent encore à tromper le peuple en faisant de la surenchère et en instrumentalisant des jeunes égarés pour répandre du venin sur tous ceux qui les contrarient. Ils oublient que le président et le premier de transition constituent une équipe de choc à la carapace dure, qui bénéficie du soutien indéfectible de toutes les forces vives enfin debout sur les remparts. La fin prochaine de la 3ème république et des arrangements politiciens qui ont permis à des chômeurs de luxe de vivre sur le dos de l’Etat d’une part, les menaces de poursuites judiciaires pesant sur les auteurs de malversations financières et foncières d’autre part, annoncent des jours sombres pour les usurpateurs et autres zélateurs de cette démocratie à la sauce malienne. Le président Assimi Goïta connaissant désormais le jeu des différents acteurs sur le terrain et leur poids réel, il lui reste à faire face au défi sécuritaire par l’équipement adéquat de l’armée et la stabilisation du régime, afin que toutes les réformes nécessaires soient adoptées sans encombre pour la réussite de la refondation de l’Etat. La recherche du consensus est certes une démarche louable dans la situation actuelle mais la démocratie fonctionne sur le respect du système majoritaire. Nul ne peut y déroger pour prendre un pays en otage. A défaut d’une solution politique de mise à l’écart d’office comme en Guinée pour permettre à la Transition de travailler sereinement, la Justice malienne détient la clé du problème puisqu’il s’agit de trier à tous les niveaux le bon grain de l’ivraie. Ce ne sont ni les faits, ni les preuves qui manquent.
Le « Malikura » n’a rien à attendre des nostalgiques de la 3ème république qui ne pensent qu’à conserver leurs privilèges par le chantage et la délation. Le soutien sans faille des forces vives du pays à la Transition autorise le président Assimi Goïta en ces moments troubles, à prendre toutes les décisions appropriées pour éviter l’enlisement recherché par les forces conservatrices.
Mahamadou Camara
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Source : Info-Matin