Ces deux derniers mois, la Synergie des syndicats des télécommunications du Mali a enchaîné les initiatives pour faire annuler une décision de justice qu’elle juge « injuste » à l’encontre des deux principaux opérateurs mobiles du pays.
Les employés des deux principaux opérateurs de téléphonie mobile maliens Orange Mali et Moov Africa Malitel sont en grève, depuis le lundi 21 février, pour protester contre la décision de la Cour suprême les condamnant à payer plus de 176 milliards FCFA (304,4 millions de dollars) pour avoir facturé des appels téléphoniques sur répondeur à leurs clients. La grève a été annoncée par la Synergie des syndicats des télécommunications à la fin de la semaine dernière.
La Synergie a précisé que l’arrêt de travail, qui devra se poursuivre jusqu’au vendredi 25 février, sera reconduit une fois, du lundi 28 février au vendredi 4 mars, suivi d’une grève illimitée si satisfaction n’est pas obtenue. Elle ajoute que la non-satisfaction du premier point équivaut à l’arrêt progressif de l’ensemble des équipements techniques par manque d’approvisionnement pouvant entraîner de facto la dégradation grave de la qualité du réseau, voire la rupture des émissions d’appels. Toutefois, la Synergie rassure que le service minimum sera observé, conformément aux textes en vigueur.
Les grévistes indiquent que ce mouvement de grève intervient après deux semaines de sit-in et différentes rencontres infructueuses avec les autorités. Saïdou Dia (photo), membre de l’organisation syndicale, a déclaré : « la Synergie des syndicats des télécommunications est dans le regret de constater un silence complice, une négligence absolue, voire un désintérêt total des revendications légitimes des travailleurs du secteur des télécommunications. Ces revendications sont, entre autres, la levée de la saisie des comptes bancaires des deux entreprises… ».
En 2021, la Cour d’appel a condamné Sotelma-Malitel et Orange Mali à une forte amende dans le cadre d’un contentieux les opposant, depuis 2012, au Réseau des consommateurs maliens de téléphonie mobile (REMACOTEL) au sujet de la facturation des appels téléphoniques sur répondeur. Contestant cette décision, la Synergie des syndicats de télécommunications avait déclaré qu’elle userait de toutes les actions que la loi et le Code du travail autorisent en République du Mali afin de la faire annuler.
Cette grève perturbera le réseau télécom malien dans son ensemble. « Il faut craindre l’arrêt des services de la téléphonie mobile, fixe et Internet, la perturbation des activités de tous les segments du secteur privé en passant par la paralysie des secteurs publics dépendants des services des télécommunications, pour faute d’approvisionnement dû à la saisie des comptes, les conséquences seront incalculables pour la stabilité nationale », a indiqué M. Dia.
Isaac K. Kassouwi
Source: Agence Ecofin