Généralement, dans le cas des violences basées sur le genre, le focus est mis sur celles subies par les femmes. Et pourtant, les hommes aussi subissent des cas de violences conjugales, même si cela passe sous silence.

La violence conjugale est un fléau réel au Mali et bien au-delà. Mais, cette pratique ne se résume pas à une relation dans laquelle où seule la femme en subit. L’homme aussi est souvent victime de violences conjugales. En effet, bon nombre d’hommes sont aussi violentés par leurs conjointes. Cependant, beaucoup de cas passent sous silence quand il s’agit des hommes.

Qu’est-ce qui explique cette indifférence ? Pourquoi les hommes semblent moins entendus lorsqu’ils sont victimes de violences conjugales ? Dans cette enquête, nous apportons des éléments de réponses à ces questions à travers des victimes, des experts etc…

D’abord, beaucoup d’hommes préfèrent ne jamais divulguer du cas de violences qu’ils subissent. Ils n’osent pas en parler soit par peur d’être humilié, jugé, par ego ou parfois par fierté.

Les hommes victimes de violences conjugales doivent être aussi défendus !

Selon les témoignages de certains experts du domaine, il est important pour les hommes battus de se défendent et qu’ils soient assistés juridiquement et socialement. Ils doivent cependant avoir le courage de porter plainte quand il le faut. Ce que peu d’hommes font. Et même lorsqu’ils osent le faire, ils se retrouvent rarement à pouvoir bénéficier d’une oreille attentive. C’est ainsi que l’inégalité homme-femme prend tout son sens.

Mme Sylla Fatou Cissé, une conseillère conjugale nous explique un cas : « un jour, un homme m’a montré une photo dans laquelle sa femme lui avait cassé le nez. J’ai eu de la peine pour le monsieur. Il faut qu’ils (hommes) parlent pour qu’on comprenne l’enfer qu’ils vivent ». Pour la conseillère conjugale, rien ne peut justifier que ta femme te frappe et tu continues de rester avec elle.

Selon Mme Sylla, il ne faut jamais accepter la violence quelle que soit la forme. « Quand tu acceptes, tes enfants vont croire que c’est ça la vie de couple. Avant, aucune femme ne pouvait lever la main sur son mari. Mais de nos jours-là, la réalité est bien différente. Vous allez rentrer dans des familles où c’est la mère la cheffe de famille et l’époux joue le rôle de la mère. Quand la mère crie tout le monde se tait y compris le mari. On n’a perdu beaucoup en valeur, on n’a perdu beaucoup de repères. On n’est ni africain, ni européen », ajoute-t-elle.

Pour Abdramane Cissé, sociologue de formation, dans notre société, les hommes en tant que victime sont différemment perçus que lorsqu’il s’agit d’une femme. « Généralement, lorsqu’un homme est victime de violence conjugale, la société le perçoit comme quelqu’un de faible, un incapable qui n’arrive pas à gérer son foyer. Il devient la risée de sa famille, les moqueries sans cesse. En fin de compte, c’est la frustration absolue, la dépression. Ce qui fait que la plupart des hommes s’adonnent à l’alcool ou à des stupéfiants et autres », souligne-t-il.

Pour prévenir les violences conjugales, le sociologue estime qu’il a lieu de sensibiliser autant les hommes que les femmes. Il convient également, selon lui, de rappeler que les violences conjugales sont interdites par la loi, qu’elles visent un homme ou une femme, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles.

Maïmouna Fakaba Sissoko, stagiaire / Afrikinfos-Mali