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Péril sur les entreprises extractives au Mali L’or brille pour qui ?

Longtemps perçues comme de véritables mamelles nourricières de l’économie malienne, les entreprises extractives subissent fatalement les conséquences d’une gouvernance d’Etat hasardeuse et inappropriée. L’industrie minière malienne végète aujourd’hui dans une somnolence économique, telle que l’or ne parvient plus à briller pour ce pays, pourtant vanté, il y a peu, pour son potentiel important en métal jaune.


Chronique d’un déclin économique …
Les majors miniers, au Mali, ces temps-ci, sont dans un état de léthargie qui a fini par rendre atone l’économie extractive, entraînant ainsi dans leur sillage les entreprises de sous-traitance qui peinent à émerger. En ces moments sombres traversés par le secteur minier, l’Etat, indifférent à ce climat délétère, est paradoxalement obsédé par la volonté d’augmenter sa part dans les sociétés minières.
Dans cette frénésie à s’immiscer dans toutes les filières minières, l’Etat sort de son rôle strict de régulation, reniant le principe selon lequel seul le secteur privé a la vocation de s’engager et d’investir pour réaliser des résultats économiques probants.
Actuellement, les clandestins (orpailleurs chinois, terroristes de tous bords) ont le vent en poupe. A terme, on assiste à l’émergence et la domination d’une économie criminelle dans le secteur extractif au Mali. Ceci est le fruit d’une convergence d’intérêts entre ces entités prédatrices et une classe dirigeante engagée dans une relation de corruption active, présentée sous le label de la gestion de l’Etat.
L’économie du pays ne crache plus du cash
A contrario, l’augmentation régulière et effrénée des taxes et impôts, dans les mines de première classe, suscite inquiétude, méfiance et désordre. Dans ce secteur en pleine déperdition économique, les règles de la concurrence, vrais emblèmes du secteur privé, sont ainsi devenues des reliques.
Les ‘’nouveaux venus’’ de l’industrie extractive, ignorant et violant totalement les règles de la concurrence et de la libre entreprise, monopolisent tout sur leur passage, tout en détruisant l’activité économique du pays.
Dans un tel climat de morosité économique, les relations dans les sphères publiques et privées, telles qu’elles se présentent, deviennent exécrables : dégradation de la cote de confiance des autorités publiques, leur ignorance des activités économiques interconnectées dans un monde globalisé et libéral. C’est d’ailleurs ce qui explique que l’économie du pays ne crache plus du cash.
C’est donc très clair que si l’on n’y prend pas garde, en adoptant des mesures adéquates, pour y faire face, il n’est pas exclu que ça débouche très probablement sur un soulèvement populaire incontrôlable. Et cela, à cause de l’appauvrissement, la frustration de la population et l’accélération croissante de la disparition des entreprises, petites et moyennes, soient-elles.
L’économie dirige le monde, le monde aime l’économie…
Incontestablement, la sphère privée doit s’opposer aux discours souverainistes creux, nationalistes sans vision économique intégrée dans la globalisation mondiale, où chacun trouve son compte, produisant en effet plus de richesses, dirigeant et gouvernant le monde par la démocratie.
C’est maintenant que la sphère privée doit agir et sans attendre.
La première richesse du Mali, c’est bien l’or. Officiellement, aujourd’hui, on n’en produit presque plus. En 2026, un véritable paradoxe se profile, sous nos yeux, d’autant qu’il est prévu que la Côte d’Ivoire produise dans ses mines d’or l’équivalent du PIB du Mali.
L’or ne brillera pas au Mali
Les majors miniers végètent dans une somnolence économique gangreneuse. Dans un tel champ de ruines, les clandestins miniers sont devenus les interlocuteurs incontournables et les producteurs de l’Etat malien ou plutôt au service de ceux qui gèrent les affaires publiques. Au même moment, l’Etat continue d’augmenter sa part dans la capitalisation des sociétés régulièrement installées et des producteurs d’or officiels, depuis des années.
Les nouvelles taxes, les nouveaux impôts, les nouvelles conventions d’établissement, imposés aux majors miniers, plombent le secteur des mines qui bat de l’aile. Pendant ce temps, l’Etat ne fait absolument rien pour élargir l’assiette fiscale aux autres acteurs miniers, installés abusivement au pays.
Voilà le hiatus : à la suite de la nouvelle réglementation, certaines mines sont au bord ou en faillite tout simplement, pendant que d’autres sont en instance judiciaire, à l’image de la mine de Komana, tout proche de la faillite, malgré l’intervention, pour sa reprise, par Coris.
Si l’Etat ne change pas sa politique rébarbative vis-à-vis de celle-ci, elle fermera ses portes très prochainement. En cause ? Le désordre et l’envahissement de la mine par des orpailleurs, soutenus officieusement et qui ne payent ni impôts, ni taxes.
Dans le même sillage, la mine de Syama, elle aussi, est en difficulté et risque de déposer le bilan alors que cette mine est difficile à opérer techniquement sans compter qu’elle est aujourd’hui envahie par des orpailleurs clandestins.
La saignée économique continue de plus belle : les promoteurs de la mine de lithium, démarrée le 8 novembre 2024, ont de gros soucis aujourd’hui avec l’Etat malien. Face à ce drame, les colporteurs d’illusions, ces fameux communicants officieux, soutenant les autorités, manipulent sans cesse la population et se croient tout permis contre les majors miniers.
Il en résulte que la situation du pays devient ingérable pour les conseillers juridiques de ces entreprises minières.
Nous assistons à la disparition forcée de certains cadres de la société Resolute Mining, comme Andrew Jackson ; Tony Johnston ou Tcherry Anlohan.
A la date de ce 1er mai 2025, au Mali, cinq mines d’or sont en arrêt et deux mines de lithium le sont également ; les deux dernières étant, comme on le sait, en attente de délivrance d’une licence d’exportation de minerais. Par ailleurs, cinq mines d’or sont toujours exemptes d’autorisation d’exploitation.
Des responsables de ces mines, financiers, administratifs, directeurs-pays, comme Siaka Berthé, N’Golo Sanogo, Daouda Dembélé ou Ousmane Mohamed Diallo croupissent toujours à la prison centrale de Bamako.
Après les cinq mines à l’arrêt, le reste est insignifiant pour l’économie malienne ou pas assez important, car généralement détenu par des orpailleurs d’origine étrangère, provenant des pays les plus dangereux pour la démocratie en Afrique. Ce sont des acteurs qui ne laissent aucune trace de paiement d’impôts et de taxes dans l’économie du Mali.
Si le secteur privé malien ne se mobilise pas rapidement, pour empêcher la remise des clefs des mines, suspendues par les autorités, à des pays totalitaires, comme la Russie, l’Inde ou la Chine, l’or continuera, sans nul doute, à financer la guerre et une bonne partie de ses ressources à alimenter directement la corruption.
L’or, un lointain souvenir
Nul ne l’ignore, dans l’industrie minière, on ne rattrape jamais les manques de production, quels qu’ils soient. La mine de Loulou mettra ainsi des mois à démarrer. On sait que les sous-traitants occidentaux sont déjà partis du Mali ou le feront très bientôt. Les sous-traitants nationaux, eux, croupissent sous le poids des agios bancaires.
Il est certain que partiront très prochainement australiens, néozélandais et canadiens.
De la même manière, les grands cadres miniers sont également sur le départ, se retirant du pays pour des raisons d’insécurité. Une perte économique énorme étant donné que la mine de Loulou, pour ce qu’elle représente, est un symbole de prouesse technique et financière ; une mine de classe exceptionnelle qu’on peut comparer aisément à un orchestre riche de deux mille instruments. Ce grand orchestre actuellement coûte plus de cent millions de francs CFA, par jour, d’entretien, sans même jouer une seule mélodie.
Le moment est donc venu pour qu’une nouvelle donne politique puisse naître : celle qui consiste à défendre une autre vision stratégique, futuriste, et non la fausse vision souverainiste exhibée par la junte militaire. Cette junte qui ne veut pas d’élections tant que la sécurité n’est pas établie. Autant dire qu’elle n’a pas d’intérêt à ne pas régler au plus vite le problème de sécurité pour rester au pouvoir. Et cela, au détriment de la disparition de ces entreprises et l’appauvrissement généralisé du pays d’autant plus que les entrepreneurs ne produisent plus, hélas, de richesses
Mamadou Sinsy Coulibaly, Président du Groupe Kledu
Officier de l’ordre national du mérite de la République française
Commandeur de l’ordre national du Mali

L’Alternance

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