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Bamako : vie de couple et études, le dilemme

A Bamako, de nombreuses filles optent volontairement pour le statut de célibataire, sous prétexte qu’elles n’ont pas encore terminé leurs études ou alors qu’elles désirent étudier davantage sans contrainte majeure. D’autres parviennent, non sans difficultés, à jongler avec les deux. La question est de savoir si le mariage et les études font bon ménage dans le contexte malien ? Le mariage est-il un frein à l’éducation des filles ? Faut-il finir d’étudier avant de se marier ? Quel choix faut-il faire ? Notre équipe mène pour vous cette enquête dans l’univers des jeunes et des femmes déjà responsables.

Ces questions posées suscitent de plus en plus de débats chez les femmes. Selon Mme Salimata Niang, mariée depuis 10 ans à Hamdallaye en Commune IV du District de Bamako, les jeunes mariées ont des difficultés à associer la vie de couple et les études. « Cette situation est à l’origine de nombreuses disputes avec la belle famille ou avec l’époux. Il est important de peser le pour et le contre et de prendre une décision qui correspond à vos objectifs et à vos valeurs. Le mariage et les études peuvent être conciliables, mais cela dépend de nombreux facteurs bien sûr », souligne-t-elle.

Un défi hors du commun !

Mme Fatim Kadi Diakité, une autre femme au foyer habitant à Samé en Commune III du District de Bamako, estime que cela implique un grand effort sur soi et le risque d’abandon est assez grand une fois mariée. « Peu importe la raison de l’abandon scolaire d’une fille, une fois mariée, elle aura beaucoup de difficultés à reprendre ses études. Sur dix filles mariées, il y a neuf qui vont abandonner l’école pour continuer la vie de couple. Par exemple, tu es mariée dans une grande famille, tu es obligée de faire la cuisine quand ce sera ton tour. Et si ça s’avère aussi que tu as un emploi de temps très chargé, six jours sur sept de la semaine à l’école, ce sera très compliqué », témoigne-t-elle.

Mme Diakité imagine le pire en cas de grossesse. « Prendre soin des enfants, entretenir ta famille élargie, toujours la même routine, obligatoirement tu seras découragée et finalement tu vas abandonner. En quelques sortes, le mariage est un frein à l’éducation des filles », souligne-t-elle. Cependant, elle craint aussi la débauche des jeunes d’où la nécessité, selon elle, de marier certaines dont l’engagement à l’école n’est pas suffisant. « Il est parfois préférable de stopper les études pour le mariage parce que lorsqu’on donne l’opportunité à certaines filles, elles te ramènent des grossesses. Donc, il vaut mieux les marier avant qu’elles ne salissent l’image de leurs parents », explique-t-elle.

D’après Mme Mariam Tangara, une ménagère à Samé, il est inadmissible d’abandonner les études pour un mariage. « Je ne vais jamais laisser mon enfant stopper ses études pour le mariage parce que je ne veux pas qu’elle soit dans le regret. Le fait de ne pas avoir pu achever mes études avant mon mariage m’est resté en travers de la gorge. Après une année d’études en pharmacie, j’ai dû tout arrêter. A l’époque, mon époux m’a convaincu de tout lâcher. Certes, j’ai une situation confortable, mais il manque quelque chose à ma vie : mes études », dit-elle.

La crainte ?

Pour d’autres, les filles n’ont pas besoin d’étudier. C’est le cas de Mme Sissoko Dada Diallo, une femme âgée de 52 ans et résidant à Lassa. « Une femme est destinée à se marier, elle n’a pas besoin d’avoir beaucoup d’instruction pour fonder un foyer. Le plus important est de savoir cuisiner et tenir une maison. En plus, dans notre société, la plupart des hommes ont peur de femmes instruites. Donc, à quoi ça sert d’être diplômée et rester chez ses parents. La place de la femme, c’est auprès de son mari », lance-t-elle.

Cependant, certaines femmes estiment qu’il est bien possible de concilier mariage et études. C’est le cas notamment de Mme Rokia Sylla. « Quant à combiner le mariage et les études pour celle qui est capable, c’est ce qu’il y a de mieux, car les études n’empêchent pas la vie de couple. Les avantages de terminer ses études sont nombreux, notamment de meilleures perspectives de carrière et une plus grande stabilité financière. Parfois, l’inconvénient peut être la belle-mère, car certaines belles-mères sont très dures », dit-elle.

Par contre, d’autres ont pu finir leurs études dans le foyer. C’est le cas de Mme Diarra Salimata Niamelé qui souligne : « J’ai eu la force et la volonté de poursuivre mes études même après des années d’interruption. Frustrée de ne pas avoir été au bout de mes rêves, j’ai finalement réussi à franchir tous les obstacles et à avoir mon diplôme. Comblée, je mène désormais une vie professionnelle épanouissante. C’est vrai que c’est énormément difficile de jongler avec les deux, mais c’est faisable avec beaucoup de courage. Je pense qu’il ne faut jamais laisser tomber les études pour le mariage parce que le premier mari de la femme c’est le travail et ses connaissances. Si tu sais que tu ne peux pas faire les deux, il vaut mieux continuer avec les études car ce qui est sûr, tu ne vas pas tout perdre. Au moins, tu seras indépendante financièrement », explique-t-elle.

En clair, il est difficile de trancher facilement sur ce sujet. Les expériences varient d’une personne à une autre. Ce qui certain, la vie scolaire exige une certaine disponibilité. Au regard des témoignages, il revient à comprendre que les jeunes couples doivent se mettre d’accord afin de viser un objectif commun car la formation de la femme bénéficie aussi à la vie familiale

Maïmouna Fakaba Sissoko, stagiaire / Afrikinfos-Mali

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