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Mali : les acquis de la Rectification

Il y a un an, la transition malienne prenait un nouvel  envol avec le début de la présidence de Assimi Goïta. En effet, suite à un remaniement ministériel mouvementé, le colonel Goïta, alors Vice-président et ses compagnons ont décidé mettre fin à la présidence controversée de Bah N’Daw, le 24 mai 2021. Dès lors une nouvelle page s’ouvre pour le Mali et pour la transition avec l’arrivée à la Primature de Choguel K Maïga, président du MPR et premier responsable du M5, un mouvement qui était au-devant de l’insurrection populaire contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Après, la prestation de serment de Assimi Goïta et la formation d’un nouveau gouvernement des balises ont été posées dans certains domaines clés : l’équipement de l’armée, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la restauration de la souveraineté du pays et la relance de l’économie et de l’agriculture à travers la filière coton. Un an après, qu’est-ce qui a été fait après la Rectification de la trajectoire de la transition malgré l’embargo qui frappe le pays ? Réponses.

Le 24 mai 2021, les évènements se précipitent après l’annonce du premier remaniement ministériel de la transition, démarrée après la chute du régime d’IBK en août 2020. Profitant de ce remaniement, le président de la transition Bah N’Daw éjecte du gouvernement certains acteurs clés du coup d’Etat d’août 2020, notamment le ministre de la Défense, Sadio Camara et celui de la Sécurité, Modibo Koné. Ils sont remplacés par des proches du président. Ce coup de force perpétré par Bah N’Daw contre ceux qui l’ont fait Roi provoque une réaction immédiate de la junte qui a décidé de le démettre afin éviter le pire : un affrontement entre différents acteurs du coup d’Etat. Ensuite, le président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane sont arrêtés et démis de leur fonction le lendemain. Il leur est reproché la « non inclusivité » dans la formation du gouvernement et leur « incapacité » à gérer le climat social. Dès lors, le colonel Assimi Goita, alors Vice-président de la transition, a décidé de prendre les affaires en mains : Il prête serment, le 7 juin 2021.

Afin d’imprimer une nouvelle marche à la transition, la junte se tourne vers le M5, dont le soulèvement a contribué à faciliter la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Au terme d’âpres négociations les deux parties (junte-M5) tombent d’accord sur la désignation d’un nouveau Premier ministre. Le choix est porté sur l’expérimenté Choguel Kokalla Maïga, qui avec d’autres compagnons ont organisé avec brio le soulèvement populaire de juin à août 2020. Dès lors, le cap   pour la « Rectification » de la transition est lancé avec une vision claire des priorités de l’heure et sous la supervision du tandem Assimi-Choguel.

Sécurité : l’armée en puissance et au front

Les impacts positifs de la « Rectification » se font surtout sentir dans le domaine de la défense et de la sécurité. Dans ce domaine, les nouvelles autorités se sont fixées pour objectifs fondamentaux la reconquête du territoire national avec l’intensification des opérations miliaires, notamment au Centre du pays. L’équipement de l’armée par la diversification du partenariat entre le Mali et d’autres pays, particulièrement la Russie, le recrutement massif au sein des différents corps, l’amélioration des conditions des hommes… ce sont là, entre autres, priorités des nouvelles autorités. Objectifs : reconquérir le territoire national et sécuriser les populations.

Aussi, par conformément au premier axe du PAG (Programme d’action gouvernemental), à savoir le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, l’armée a adopté une position plus offensive et s’est efforcée de combler le vide sécuritaire que laissera éventuellement le départ de Barkhane. Le renforcement des capacités des FAMA s’est poursuivi, notamment avec « le recrutement de 6 000 éléments, l’acquisition de 9 aéronefs, la réalisation de 11 500 patrouilles de sécurité, la construction et l’opérationnalisation de 43 postes de sécurité,  41 Postes de sécurité à Bamako, I Poste de sécurité de Koulikoro – Tanabougou), et la construction de 26 unités de sécurité (13 Commissariats, 3 Brigades, 3 P DSG, 2 Centres de Secours, I Poste de Secours Routier, 2 Pelotons de la Garde, I Légion de gendarmerie, I Groupement de la Garde) ont été effectuées . Ce n’est pas tout,  il faudrait aussi capitaliser le renforcement des effectifs des forces paramilitaires avec le recrutement de 4 250 agents (3 250 au compte de la Police nationale et 1 000 pour la Protection civile), et l’acquisition de 52 ambulances type Véhicule de secours et d’assistance aux Asphyxiés et Blessés (VSAB) et d’autres matériels et équipements majeurs pour les forces de défense et de sécurité. Nous enregistrons également des actions de renforcement du cursus de formation à savoir, l’ouverture de l’École de Guerre du Mali (EGM) el la réouverture de l’École Militaire d’Administration le I er octobre 2021, après deux (02) ans de fermeture

S’y ajoute le désarmement et le recrutement spécial de 2 481 ex-combattants issus des Groupes d’autodéfense.

Corruption et délinquance financière : la lutte est engagée !

En matière de corruption et de délinquance financière, les nouvelles autorités ont affiché leur volonté de mener désormais une lutte implacable contre les délinquants à col blanc.

Plusieurs audits ont été réalisés et leurs résultats ont été  transmis à la justice. Il s’agit, entre autres, de l’audit des dépenses liées à la LPSI (Loi de programmation de la sécurité intérieure) et au Fonds Covid, l’audit de la cession des bâtiments publics à Bamako, l’audit de certaines institutions de la République (Assemblée Nationale, Haut Conseil des Collectivités, Haute Cour de Justice), l’audit de certains organismes personnalisés et autorités administratives indépendantes (AGEFAU, AMRTP, ANGESEM (Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali). Quant aux audits du cadastre minier, de certains grands programmes/projets nationaux, et l’évaluation de la LOPM, les audits sont cours.

En outre, on a assisté à des poursuites dans le cadre de certains dossiers, objets des rapports de contrôle du Bureau du Vérificateur Général et des autres organismes de contrôle de l’État.

Les poursuites judiciaires relatives aux dossiers d’armement et aux enquêtes sur les tueries et exactions des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Sikasso, Kayes et Bamako sont en cours de traitement dans les juridictions compétentes. Aussi, selon le Premier ministre, les enquêtes concernant les tueries de Ogossagou I et II ont été instruits et clôturés. Autre dossier en instruction ? Les massacres perpétrés à Sobane Da.

L’Etat serre la ceinture

Concernant la réduction du train de vie de l’Etat, plusieurs mesures déjà ont été prises par le chef de l’Etat et l’équipe gouvernementale : la réduction des fonds de souveraineté des Institutions a été opérée à travers la réaffectation de 2/3 des fonds de la Présidence et de la Primature aux œuvres sociales. Les missions à l’étranger ont été rationalisées et les dépenses publiques de l’Etat réduites. L’interdiction d’achats de cartes téléphoniques prépayées et l’exigence d’une autorisation préalable du ministre de l’Économie et des Finances pour toute acquisition de véhicule à l’exception des véhicules militaires, sécuritaires et utilitaires… ce sont là, aussi des mesures prises et qui visent à rationaliser les dépenses publiques. Toujours dans  le même cadre, d’autres initiatives sont en cours. Il s’agit de l’élaboration et l’adoption d’un projet de décret relatif au régime d’utilisation des véhicules de l’État et des Collectivités, et la mise en place d’un comité de pilotage pour examiner la rationalisation des structures administratives et Institutions de l’État.

Souveraineté et dignité du Mali

Au nom de la souveraineté du Mali, le colonel Assimi Goïta  et son gouvernement ont posé plusieurs actes forts  dont, entre autres, l’adoption d’une nouvelle politique basée sur le respect du Mali et de sa souveraineté. Cette politique a, entre autres, conduit au retrait des forces françaises, à la rupture des accords de défense avec Paris, à la suspension de médias français (RFI et France 24), à l’expulsion du Représentant spécial de la CEDEAO au Mali, de l’ambassadeur de France au Mali, à l’interdiction faite au contingent danois de la force Takuba d’opérer dans notre pays, le retrait du Mali du G5-Sahel  Ce sont là, autant de actes forts et de décisions qui ont marqué les esprits et bouleversé les rapports entre le Mali et certains pays comme la France. Des actes forts appréciés au Mali et à travers le monde. Le Mali se fait désormais respecté !

Avec la Cedeao, la situation est tout autant tendue avec la décision de l’organisation sous régionale d’imposer le 9 janvier 2022  des sanctions  économiques et financières à notre pays. Lequel n’a pas tardé à répliquer par la suspension des relations diplomatiques, fermeture d’ambassades, suspension des transactions commerciales avec les pays membres (Cedeao), fermeture des frontières terrestres et aériennes.

Les autorités maliennes ont continué avec cette politique de fermeté avec la décision, le dimanche 15 mai 2022,  du retrait du Mali de tous les organes et instances du G5-Sahel, y compris la Force conjointe… Cette décision intervient après celle  du retrait le 17 février 2022, des forces Barkhane et Takuba du territoire malien.

Boom de la filière coton   

Après s’est enregistrée  à son plus bas niveau en 2020-2021, la production  de coton a atteint 760 000 tonnes en cette année 2021-2022. L’annonce a été faite par le président Assimi Goïta, en marge de la fête du coton, le 19 mars 2022 à Koutiala. Cet important stock marque un nouveau départ pour la filière. Elle dépasse de loin le précédent record de 743 000 tonnes réalisé en 2017-2018.

Selon les autorités, cette récolte exceptionnelle est le résultat des mesures de soutien aux producteurs. En effet, le prix minimum du kilogramme de coton a été porté à 280 Fcfa durant ladite saison contre 200 Fcfa un an plus tôt alors que la subvention aux engrais précédemment suspendue a été de nouveau débloquée.

Ces différentes dispositions ont motivé les producteurs à s’orienter vers la culture de l’or blanc et conduit à une augmentation des superficies emblavées à près de 790 000 hectares contre seulement 165 000 hectares un an plus tôt.

Avec son volume, le Mali pourrait devenir le second producteur africain de coton si le Bénin atteint son objectif fixé en 2021/2022 (766 000 tonnes) voire le premier fournisseur du continent dans le cas d’une contreperformance.

Quel que soit le scénario final, le pays fera à coup sûr, son entrée dans le top 3 des producteurs africains de coton, cercle duquel il avait été éjecté pour la première fois de son histoire en 2020/2021.

Rappel : le coton fournit 15 % des recettes d’exportation et représente une source de revenus pour 40 % de la population rurale.

Mémé Sanogo

Source : L’Aube

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