L’économiste malien Etienne Fakaba Sissoko est écroué pour incitation à la « discrimination ». Le professeur d’économie, arrêté dimanche, est poursuivi pour deux affaires. La première porte sur des propos encourageant « la discrimination ethnique ou religieuse », la deuxième sur le « faux et usage de faux diplômes universitaires », selon le parquet.
Face à un dossier visiblement complexe et très médiatique, le parquet de la commune 4 de Bamako a diffusé mardi 18 janvier un communiqué pour indiquer qu’Etienne Fakaba Sissoko n’est pas poursuivi pour des « propos subversifs et démoralisants » comme l’affirment certains sur les réseaux sociaux, mais pour deux affaires distinctes.
La première affaire concerne « des propos tendant à la stigmatisation ou la discrimination régionaliste, ethnique ou religieuse de nature à dresser les citoyens les uns contre les autres ». Le parquet n’a pas précisé, à ce stade la procédure, quels sont les propos visés. La seconde affaire vise l’économiste pour : « présomption de faux et usage de faux diplômes universitaires ». Visiblement le procureur cherche à confirmer qu’Etienne Fakaba Sissoko a obtenu sa thèse en économie à l’Université Paris Nanterre.
L’économiste est actuellement détenu à la maison centrale d’arrêt de Bamako. Il est récemment intervenu dans plusieurs médias, maliens et étrangers, à propos des possibles répercussions des sévères sanctions récemment imposées au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous attendons de prendre connaissance du fond du dossier »
Son avocat Abdourahamane Ben Mamata Touré revient sur cette affaire : « On vient juste de sortir de l’enquête préliminaire. Et au cours de cette enquête préliminaire, M. Etienne Fakaba Sissoko qui avait été interpellé le dimanche soir a eu à répondre à un certain nombre de questions qui lui ont été posées par des officiers de l’enquête au niveau du commissariat du 5e arrondissement à Lafiabougou. Une fois, les auditions terminées, l’affaire a été portée devant le procureur et deux infractions ont été retenues pour le moment, deux procédures plutôt. »
Pour l’instant, son avocat attend d’avoir plus d’éléments pour préparer au mieux la défense de l’économiste malien : « Nous, nous attendons de prendre connaissance vraiment du fond du dossier et avoir tous les éléments à notre portée pour pouvoir apprécier de manière beaucoup plus objective. Je peux vous dire que c’est un garçon qui a un moral d’acier. La première affaire est prévue pour le mois d’avril. Donc, d’ici là, nous allons travailler à voir quelles sont les voies que nous pouvons utiliser pour sauvegarder au mieux les intérêts de notre client ».
Le placement sous mandat de dépôt de l’économiste, très présent ses derniers temps dans les médias locaux et internationaux pour commenter les répercussions de sanctions de la Cédéao au Mali provoque de vives réactions sur le web. Critiques acerbes d’un côté, soutiens de l’autre.
Des photos d’Etienne Fakaba Sissoko, titrées « Libérez Etienne », « nous refusons d’être réduits au silence » sont largement diffusées, des soutiens qui restent néanmoins, pour le moment, anonymes.
Source: RFI