Le président Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK s’en est allé le dimanche 16 janvier dernier, au moment où le Mali auquel il a tout donné, est en pleine tempête. Le décès est survenu dans sa résidence de Sébénikoro, suite à une « longue maladie » contre laquelle l’ancien président de la République livrait une lutte héroïque…
IBK aura été un patriote sincère et engagé pour son pays. Sa profession de foi jusqu’à son dernier souffle est « Dieu, le Mali, ma conscience ». Il a passé plus de 20 ans dans la haute sphère de l’Etat, Conseiller du président Alpha Oumar Konaré, Ministre des Affaires étrangères, Premier ministre durant 6 ans, président de l’Assemblée Nationale pendant 5 ans et président de la République durant 7 ans.
A cette dernière haute fonction, les circonstances et l’entourage n’ont pas permis à ce grand démocrate de réaliser toutes ses nobles ambitions pour le pays jusqu’au coup d’Etat du 18 octobre 2020… « Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Plus d’un continue de le diaboliser allant jusqu’à qualifier son bilan de « nul ». Par simple manque de sincérité ou par méchanceté gratuite ?
IBK était arrivé aux affaires au moment le Mali nécessité une thérapie de choc, une sorte de cure d’amaigrissement, tant le niveau de corruption et la crise sécuritaire avaient déjà franchi le seuil du tolérable. Mais celui qui a été plébiscité à plus de 77 % à la présidentielle de 2013, avait surestimé ses capacités. Le peuple malien aussi avait cru en un super homme… IBK était un Homme avec toutes ses imperfections, un leader politique, dont l’appareil de gouvernance avait déjà une traversée du désert à son compteur. Il s’en suivra une certaine boulimie. Ce qui a dû plomber sa gestion du pays. Mais le chef de l’Etat lui-même avait-il détourné ou orchestré un quelconque scandale dans la gestion des affaires ? Ses adversaires les plus acerbes attestent une réponse négative.
IBK s’était efforcé, autant que faire se peut, de défendre le Mali face à l’adversité ou le complot, qui se tramait contre le pays depuis des années déjà. Il n’avait pas hésité à recadrer verbalement le Secrétaire général adjoint de l’ONU, Hervé Ladsous, ici à Bamako en mai 2016. « ….Pour autant, Monsieur Ladsous, je l’ai dit au secrétaire général des Nations Unies, il serait convenable, il serait séant que les Nations Unies fassent preuve de justice et d’équité. Chaque fois qu’il y a eu violation de cessez-le-feu, nous l’avons signalé. Rarement, nous avons été entendus. On nous a toujours dit, ‘’les parties’’. Les « parties » ? Un peu de respect pour notre peuple ! », avait-il martelé sous, les ovations des participants à la rencontre. « Enfin, il(le Secrétaire général de l’ONU, NDLR) n’avait pas été aussi direct que vous quand vous dites qu’il n’est pas question que l’on profite de l’accord pour attaquer ceux qui n’ont paraphé ou signé l’accord. Nous ne sommes pas des gueux ! Monsieur Ladsous, nous sommes des gens de bonne compagnie. Nous sommes un pays de vieilles civilisations. Jamais, depuis qu’elle a été cantonnée, l’armée malienne n’a manqué à ses engagements… », avait souligné IBK.
Au plan du bilan, le chantre du « Mali d’abord » et de « l’honneur du Mali » a su lancer certains chantiers de développement, de paix et parachevé d’autres dans le sens d’assurer un mieux-être à ses compatriotes. On citera, entre autres, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger en 2015, l‘échangeur multiple de Ségou, l’échangeur de Yirimadio, le 2ème pont de Kayes, plusieurs routes construites et/ou réaménagées…
Toutes ces réalisations ont, semble-t-il, perdu leur éclat dans la conscience de nombreux Maliens du fait de l’effet pervers des élections législatives de mai-juin 2020, qui ont mis le feu aux poudres et aiguisé les appétits déstabilisateurs de certains acteurs sociopolitiques… Mais IBK demeure un grand homme d’Etat, patriote, généreux, homme de culture, « humaniste convaincu » (selon les mots de Me Kassoum Tapo, l’un de ses fidèles amis) et profondément attaché au Mali. Souhaitons que son âme repose en paix et apporte cette paix à sa patrie en proie à des difficultés existentielles.
Bruno D SEGBEDJI
Cérémonies funéraires d’IBK ce vendredi
Selon le communiqué du gouvernement, les cérémonies funéraires du président Ibrahim Boubacar Kéita se dérouleront ce vendredi 21 janvier à l’Intendance militaire et à la partie familiale des hommages à sa résidence, à Sébénikoro. L’on annonce que les hommages officiels de l’Etat malien seront rendus à l’ancien président, en présence de plusieurs dirigeants de la sous-région ouest-africaine qui, malgré la fermeture des frontières, pourraient être à Bamako pour la circonstance.
BDS