Le dix-neuf Novembre passé la cour d’assise a prononcé la peine de mort à l’encontre de Moussa Guindo le meurtrier du regretté Imam Abdoul Aziz Yattabaré. Quoi de plus normal, si la justice pense que l’acte du jeune homme mérite cela, en fonction des éléments en sa possession.
Précisons qu’au Mali la peine de mort n’est pas abolie, même si depuis belle lurette on n’exécute plus les sentences la concernant.
Par ailleurs il est important de comprendre que les décisions de justice sont rendues au Mali au nom du peuple, et jusqu’à preuve du contraire ce peuple a choisi l’option laïque pour la République malienne.
Pourtant dans cette affaire, nous avons senti un poids religieux, une pression visible à tous les niveaux du processus, teintée même de menace. Et concernant l’audience du Mardi dernier, la présence massive de groupes distinctifs par leurs accoutrements, signifie qu’au Mali la justice peut être instrumentalisée.
Nous sommes pour une justice impartiale et libre à tous les étages. Qu’elle ne soit aucunement influencée, ni par l’Etat, ni par aucun groupe de pression. Une nation doit pouvoir compter sur sa justice, sinon, elle a le droit de la reformer selon les normes consacrées à cet effet.
Aussi, à l’attention de ceux qui sollicitent une exécution immédiate de la sentence prononcée Mardi, en brandissant la loi du talion. Ces personnes doivent se rappeler que la religion de Dieu édicte des conditions pour sa réalisation. En effet la culpabilité de l’accusé doit être avérée sans aucun doute, il doit être établi que l’accusé est pénalement responsable, il faut que les ayants-droit de la victime refusent d’accepter le prix du sang, et que l’Islam est tolérance d’abord.
Dieu accorde une grande considération à la vie d’une manière générale, et il met un accent particulier pour celle de l’humain quel que soit son comportement. Ne nous a-t-il pas demandé d’avoir pitié des animaux lors de leur mise à mort, bien que nous ayons l’autorisation de le faire ?
L’accusé dans le cas d’espèce a encore des recours à faire valoir. Notre justice n’a pas pour le moment un fondement religieux. Même si les lobbyistes religieux mobilisés que nous avons vu au tribunal, arrivaient à faire fléchir notre arsenal juridique, ce ne serait pas un tribunal religieux qui exécutera la sentence.
Alors, nous sommes en droit de nous demander, si le but recherché est juste l’application d’un droit divin ? Ou serait-il l’affirmation de l’hégémonie d’une force nationale ?
Nous sommes majoritairement musulmans, mais nous vivons dans une république laïque par choix. Si aujourd’hui, il est réellement établi que c’est la majorité des maliens qui veut changer cela, elle a ce droit, et dispose de tous les arsenaux constitutionnels pour le faire. Donc, qu’elle le fasse pour que nous ne soyons pas confinés dans une république chauve-souris, ou dans un Etat constitué de conglomérats de pression. Nous avons obligation d’être organisés quel que soit notre choix. Rien ne se règle dans l’anarchie.
Le regretté et l’engagé auprès de Dieu Imam Abdoul Aziz Yattabaré, était humble, et n’était point dans le m’as-tu-vu. Il était humain, foncièrement sociable. Donc laissons la justice lui rendre honneur en tant que citoyen modèle, sans exercer aucune pression sur elle.
Et puis Dieu sait veiller sur ses bien aimés !
Macké Diallo
Malivox