La mission du FMI au Mali a permis de déceler de graves irrégularités au titre de la fraude concernant le contrat de fourniture d’équipements militaires passé de gré à gré entre l’Etat malien et Guo-Star, une société privée appartenant à Sidi Mohamed Kagnassy (conseiller spécial du président de la république).
Le contrat en question porte sur la fourniture de matériels HCCA, de véhicules et de pièces de rechange aux forces armées maliennes. Le premier lot est composé de matériels HCCA (Habillement, Campement, Couchage, Ameublement) pour 34 milliards F CFA et le second de matériels roulants pour 35 milliards F CFA, soit un total de 69 milliards de nos francs déboursés par le contribuable malien à son propre insu.
Ce sont les conditions de passation de cet important marché, jugées opaques, qui ont alerté le fonds monétaire international. Après avoir gelé son appui budgétaire, une de ses missions séjournait dans notre pays pour s’assurer de ce qui est réellement fait de ses milliards alloués au Mali.
Auparavant, l’institution financière avait demandé un audit interne mené par les organes indépendants de contrôle de l’Etat. C’est ainsi que le Bureau du vérificateur général et la section des comptes de la Cour suprême se sont mis au travail pour dénicher les charognards de la république. Leur travail, jugé « excellent » par Christian Josz (chef de mission du FMI), a mis au jour une surfacturation de 29 milliards F CFA des équipements commandés. De simples paires de chaussettes auraient été facturées à plus de 25.000 F l’unité !
Une autre fraude d’un montant de 10 milliards F CFA
Selon Christian Josz, le Bureau du vérificateur général a constaté que 10 autres milliards peuvent avoir été frauduleusement subtilisés par Guo-Star du fonds de garantie de l’Etat qui s’élève à 100 milliards F CFA.
« L’intermédiaire (Guo-Star) a transféré des fonds en se targuant de la garantie de l’État, sans rapport avec ces achats militaires », a-t-il affirmé à Jeune Afrique.
Au titre des mesures urgentes, le gouvernement s’est engagé à annuler certains de ces marchés et ne pas payer les montants surfacturés. Le problème c’est qu’à l’heure actuelle le marché global est exécuté à 85 %, impossible donc de revenir en arrière. « L’eau renversée ne se ramasse pas », dit un proverbe de chez nous.
En attendant les sanctions promises au FMI, le gouvernement est tenu de publier les résultats des audits sur les sites de la primature, du vérificateur général et de la Cour suprême.