Hervé Gourdel est Mort. Assassiné. Son crime ? Être Français. Il a été décapité par des hommes – le sont-ils vraiment ? – qui se réclament de l’Islam. Parce que son pays, la France, a décidé de lutter contre une organisation de criminels qui tuent toute personne non musulmane qui se trouverait sur leur route.
La réprobation devant ce crime odieux qu’est l’assassinat du Français est mondiale. Et les musulmans dits modérés s’indignent, principalement en France. Chez nous au Mali, on ne comprend pas qu’il faut prendre la parole en ce genre d’occasion pour condamner et réaffirmer le caractère pacifiste de l’Islam. C’est parce qu’on s’est tu sur les crimes d’Oussama Ben Laden ou qu’on se tait sur ceux de Boko Haram au Nigéria que de telles choses sont possibles. Certes ces agissements d’un autre âge ne sont pas généralisés. Cependant, ce sont des millions de musulmans à travers le monde qui ne peuvent pas pratiquer la religion de leur choix en toute tranquillité. L’Islam fondamentaliste, l’Islam dévié, est en progression dans le monde. Il est en progression parce que des pays comme l’Arabie Saoudite, qui aurait dû être la mesure, sont ceux-là même qui financent le djihad mondial. L’Arabie Saoudite est l’un des pays les plus intolérants en matière de religion et sans doute, avec le Pakistan et l’Afghanistan, le pays le plus arriéré en matière de droits humains. C’est vrai que la tendance extrémiste se nourrit de ce que le monde dit moderne, le monde ultralibéral, offre au reste de l’humanité des images que d’autres cultures ne peuvent tolérer car contraire à la morale, notamment le mariage gay. Car notre monde peut être meilleur. Mais comment peut-on penser aux autres si l’on martyrise son propre peuple comme le refus des États-Unis, du moins des républicains, de voir des millions de leurs compatriotes accéder à l’assurance-maladie ? Comment peut-on rendre le monde meilleur si des chiens – que j’aime – vivent mieux que des milliards d’humains ? C’est aussi parce que notre monde est fondamentalement injuste que l’extrémisme gagne du terrain. Les centaines de jeunes français et britanniques, de très jeunes adolescents parfois, qui quittent leurs familles pour aller se battre en Syrie ou en l’Afghanistan ont perdu foi en leur pays, en la justice de leur pays. L’Islam s’épanouirait davantage si une partie des milliards de pétrodollars des pays du golfe étaient investis, non dans le djihad, mais dans les pays musulmans sous forme d’aide ou de dettes à l’investissement humain. Si les djihadistes avaient opté pour le bonheur des populations lors de l’occupation du nord du Mali, en distribuant des vivres, en soignant et en éduquant les populations, ils auraient suscité de la sympathie. Au lieu de quoi, ils se sont mis à couper des mains et des pieds, à lapider, à flageller, à humilier, à détruire des écoles et des hôpitaux. Je hais cet Islam-là car Allah a dit : « Point de contrainte en religion ». C’est de la pure folie que de croire qu’on peut lutter pour Dieu. Dieu est celui qui se suffit à lui-même. Il lui suffit d’une chiquenaude pour détruire tous les impénitents s’il le veut. Au Mali, des comportements extrémistes se renforcent chaque jour. Des femmes, et parfois de très jeunes enfants sont voilées. Pendant l’occupation, il s’est trouvé des soi-disant islamistes pour affirmer que le sport, la musique, la télé, la cigarette – dont j’ai horreur – sont haram. Et de plus en plus de jeunes gens le croient vraiment. Là est le danger. Notre jeunesse est abandonnée à elle-même, parfois désespérée. C’est dans ce genre de lit que croît l’extrémisme. Si nous ne prenons garde, nous allons vers de grands dangers. Ne plaise à Dieu…