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Mali : le Conseil national de transition fait déjà grincer des dents

EXPLICATIONS. Alors que la contestation grandit contre les militaires, cet organe législatif a élu ce samedi 5 décembre à sa tête le numéro deux de la junte.

 

Une nouvelle étape en direction de la transition démocratique a été franchie, samedi 5 décembre, par le Mali. Les nouvelles autorités ont installé une assemblée qui va faire office de Parlement. Objectif : achever la mise en place des organes d’une transition qui s’annonce ardue pour ramener les civils au pouvoir. En effet, un militaire, le colonel Malick Diaw, qui n’est autre que le numéro deux de la junte qui a dirigé le pays après le putsch du 18 août et encore bien visible dans l’espace politique – vient d’être installé à la tête de ce tant attendu Conseil national de transition (CNT).

Le CNT, qui compte 121 sièges et regroupe notamment des représentants de partis politiques, de la société civile, des syndicats et des militaires, a élu le colonel Diaw par 111 voix au cours de sa session inaugurale samedi à Bamako. Malick Diaw était le seul candidat à la présidence du CNT dont les membres ont été désignés jeudi par un décret du président de transition.

Quelles sont les prérogatives du Conseil national de transition ?

Après la désignation d’un président et d’un gouvernement transitoires, le Conseil national de transition, censé assumer la lourde responsabilité de voter des textes capitaux pour le pays pris dans la tourmente, était la dernière institution à investir pour les militaires qui ont renversé l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août et dissous l’Assemblée.

Les nouvelles autorités devraient pouvoir à présent s’atteler à honorer les engagements pris par les militaires pour réformer le système électoral, organiser des élections, élaborer une nouvelle Constitution et rendre le pouvoir sous 18 mois à des civils élus. Une tâche considérable à mener de front avec l’entreprise de rétablissement sécuritaire alors que la grogne va grandissant contre le pouvoir.

Il s’est écoulé plus de deux mois entre la prestation de serment du président de transition Bah N’Daw le 25 septembre et la séance inaugurale du CNT. « C’est une étape importante de la transition en cours », a déclaré à l’Agence France-Presse Hamadoun Amion Guindo, secrétaire général de la confédération syndicale des travailleurs du Mali CSTM et membre du CNT.

Quels sont les points de crispations autour du CNT ?

Le temps mis à choisir les membres du CNT, les conditions de nomination, qui ont fait la part belle aux militaires, et l’opacité de la sélection ont alimenté un mécontentement de plus en plus manifeste, dissipant l’accueil favorable fait initialement aux putschistes par des Maliens exaspérés par des années de violences djihadistes et intercommunautaires, de crise économique et de corruption.

Les militaires s’étaient arrogé par avance 22 sièges sur 121. Ils avaient aussi décerné la haute main sur le choix des membres à celui qui demeure l’homme fort du pouvoir, le colonel Assimi Goïta, parmi les leaders du putsch du 18 août et aujourd’hui vice-président.

Le président de transition est un officier sorti de sa retraite. Le Premier ministre Moctar Ouane est certes un ancien diplomate, mais les militaires ont placé les leurs aux postes clés du gouvernement. En la personne du colonel Malick Diaw, les membres du CNT ont choisi le numéro deux de la junte qui a dirigé le pays après le putsch du 18 août et avant la désignation d’un exécutif transitoire. Les autorités ont visiblement cherché à ratisser large en composant le CNT.

Celui-ci comporte non seulement des militaires, mais aussi des personnalités des anciennes majorité et opposition parlementaires, des membres du collectif qui a mené pendant des mois la contestation contre le président déchu, des figures d’anciens groupes armés rebelles, des personnalités touareg, des représentants de la société civile et la grande star de la musique malienne, Salif Keïta.

Des membres ont dit avoir découvert leur nomination avec la publication de la liste jeudi. Cette liste a divisé les organisations entre celles qui ont persisté dans le rejet, celles qui refusaient d’être de la partie mais dont des membres ont été choisis quand même et qui ont pris acte, et d’autres encore comme la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ex-rébellion indépendantiste à dominante touareg du nord. Celle-ci, partie prenante au gouvernement, s’estime sous-représentée au CNT et a dénoncé l’« absurde concept du fait accompli ». Mais elle n’est pas allée jusqu’à la rupture.

Le Premier ministre Moctar Ouane a indiqué jeudi que l’une des premières tâches de ce CNT consisterait à adopter « très prochainement » le programme de son gouvernement. L’équilibre des forces entre les différents organes de l’exécutif et le CNT reste obscur. Le Premier ministre a nié cette semaine être l’alibi civil d’une militarisation de la transition. « Non, les rôles sont bien répartis, chacun joue sa partition », disait-il à RFI et France 24.

Source :  Le Point Afrique

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