La Gendarmerie Française va déployer une vingtaine des siens au Mali au milieu des forces de sécurité intérieure locales.
Nous vous annoncions en janvier dernier que l’arrivée de gendarmes était pressentie au Mali. C’est désormais chose faite. Les militaires intègrent un nouveau volet de la mission EUCAP Sahel, une mission non exécutive de l’Union européenne basée à Bamako et indépendante de Barkhane ou de la Minusma.
Depuis quelques mois, l’Union européenne cherche en effet à mesurer les effets de ses investissements. Mais aussi à promouvoir le retour effectif de l’État dans les zones contestées au Sahel.
Le recours à des gendarmes n’est pas une surprise. C’est en effet le général Philippe Rio qui commande la mission EUCAP. Son mandat de deux ans se termine en décembre.
Les gendarmes devraient arriver dans le courant de l’automne.
Leur rôle? Faire progresser les forces locales, d’une part. Et mesurer d’autre part les effets de la formation initiale réalisée dans le sud, à Bamako.
La mission devrait s’échelonner sur deux mandats de six mois. Même si elle n’en porte pas le nom, la nouvelle mission de mentoring comporte de nombreux points de ressemblance avec la formation assurée par les gendarmes de l’ANP (Afghan National Police) il y a une dizaine d’années.
A l’époque, le colonel Bruno Jockers, aujourd’hui le numéro deux de l’Arme, en avait gardé le souvenir d’une des meilleures missions de sa vie.
Mission déclinée au Mali en cinq piliers
Les militaires vont décliner leur appui dans cinq piliers. Ce sont le soutien, le renseignement, la police judiciaire, l’intervention professionnelle et l’organisation des unités appuyées. L’Arme a donc identifié les spécialités des mentors en conséquence.
Ces derniers sont issus de la mobile, rompue aux missions de contact à l’étranger. Mais également de la départementale, plus pointus sur le contact et l’acquisition du renseignement. Un enquêteur espagnol complète l’équipe française.
Le première promotion vient de se préparer à Saint Astier à la mi-juin. Une mise en condition prolongée cette semaine en Ile-de-France. Ces personnels s’ajouteront à ceux d’EUCAP Sahel.
Elle compte déjà une trentaine de Français, dont 15 gendarmes. EUCAP Sahel Mali a commencé ses opérations le 15 janvier 2015. Pour l’heure, elle a été prolongée jusqu’au 14 janvier 2021.
Bruxelles finance grassement l’opération à hauteur de 67 millions d’euros.
Mais les autorités européennes veulent désormais mieux savoir où va l’argent. Et surtout constater des résultats tangibles face à un sentiment assez général de tonneaux des Danaïdes sans cesse remplis.
Jean-Marc Tanguy