Les chefs d’Etat de la Cédéao qui se sont réunis dimanche à Accra pour se pencher sur le cas du Mali, ont décidé de sanctions limitées contre les auteurs du récent coup d’Etat survenu à Bamako.
Les militaires auteurs du dernier putsch au Mali peuvent s’estimer heureux. L’issue du sommet extraordinaire des chefs d’Etat ouest-africains organisé dimanche 30 mai pour se pencher sur le cas du Mali ne leur a pas été franchement défavorable. En dehors de la suspension momentanée de ce pays des instances de l’organisation, de l’exigence de nommer un nouveau premier ministre civil et de respecter le calendrier de la transition initialement fixé, les présidents de La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ont choisi de ne pas être trop durs envers Bamako.
«Après de longues discussions, les chefs d’État et de gouvernement ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la Cédéao », «appellent à la nomination immédiate d’un Premier ministre issu de la société civile» et exigent l’organisation d’élections législatives et d’un scrutin élection présidentiel d’ici le 27 février 2022, selon le communiqué publié à l’issue de leur rencontre qui s’est tenue à Accra, au Ghana.
Contrairement aux craintes de nombreux maliens, la Cédéao n’a pas décidé de fermer ses frontières avec le Mali.
Ce nouveau coup d’état était survenu lundi dernier lorsque les militaires avaient arrêté le président de la transition, Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane. Les deux hommes avaient «démissionné» deux jours plus tard dans des lettres remises au médiateur de la Cédéao par les putschistes eux-mêmes.
Le colonle-major Assimi Goïta, chef des putschistes, a ensuite été proclamé président de la transition par une décision de la cour constitutionnelle, que la Cédéao a décidé de ne pas remettre en cause à l’issue de ce sommet
Condamné par les partenaires du Mali, ce nouveau coup d’état qui intervient neuf mois seulement après l’éviction, par le même groupe d’officiers, de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita a été tres critiqué par la France, ancienne puissance coloniale, dont plus de 5000 soldats combattent les groupes jihadistes dans le nord du pays. Dans une interview au Journal du Dimanche, publiée quelques heures avant le sommet de la Cédéao, le président français, Emmanuel Macron, a averti que Paris « ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ». Il a aussi menacé de retirer les troupes françaises du pays, si le pouvoir à Bamako allait « dans le sens » d’un islamisme radical. Des propos durs que certains observateurs ont interprété comme un appel à la Cédéao pour prendre des mesures de rétorsions fermes contre les putschistes. Si tel était le cas, les chefs d’Etat ouest-africains ne semblent pas l’avoir suivi. Une choix dicté, sans doute, par le souci de ne pas aggraver la situation dans un pays déjà fortement enfoncé dans la crise politique et la violence.
Source: LOS/cgd/APA