Au Mali, le front politique est largement fissuré avec une majorité attentiste et dans la réaction, une opposition plurielle manquant de réalisme, dont on se demande si elle pense à autre chose qu’à contrarier IBK, un front social et un front scolaire en ébullition avec des menaces de grève. Et si le mal malien n’était finalement que le résultat d’un manque total de patriotisme doublé d’une cécité politique endémique ?
LA POLITIQUE EST LA SAINE APPRÉCIATION DES RÉALITÉS
Le Mali moderne a rarement connu des acteurs politiques aussi peu inspirés dans la gestion d’une crise ! Le Gouvernement semble avoir choisi d’ignorer la société civile dans la résolution des grands problèmes qui engagent la vie de la nation, notamment la signature et la mise en œuvre de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger. Cet Accord, dont l’appropriation par la société civile aurait pu être facilitée par un large débat citoyen suivi d’une relecture par l’Assemblée nationale, reste le point de discorde qui explique toutes les autres difficultés : révision de la Constitution, redécoupage administratif du territoire, révision de la loi électorale, etc. De son côté, l’opposition a choisi de se multiplier par fragmentation, mettant au grand jour son incapacité à parler d’une voix et les appétits gloutons de ses principaux animateurs. L’encore chef de file de l’opposition qui a complètement raté le coche pour n’avoir pas su saisir les deux meilleures occasions politiques qui se sont présentées à lui (sa démarche d’apaisement de 2013 et la main tendue d’IBK en 2018), semble désormais condamné à aller grossir le rang des espoirs politiques déçus. Les jeunes opposants un peu trop pressés, ne cessent de confondre vitesse et précipitation au risque de se brûler les ailes, oubliant que la transmission pacifique du pouvoir est la seule voie qui leur permettrait de gouverner plus tard dans la stabilité.
DES POSTURES DICTÉES PAR L’AMATEURISME ET LA MAUVAISE FOI
Depuis cinq ans, des politiciens et autres anarcho-syndicalistes offrent au peuple malien dépité le triste spectacle de la défiance à l’autorité du président élu et du mépris pour les institutions de la république, au lieu de se regrouper au chevet du Mali, un pays malade de leurs errements et de leur incurie. Parmi eux, certains ont été de tous les régimes qui se sont succédé de Konaré à IBK, bénéficiant souvent des nominations de cour et des prébendes. Et c’est seulement lorsqu’ils sont sevrés des mamelles de la république qu’ils découvrent que le Mali n’est pas un État de droit. Que peut attendre le pays de tels individus qui se comportent comme des tiques et des ténias, sans égard pour la démocratie et les droits humains. Le premier tort d’IBK est d’avoir voulu mettre un terme au clientélisme, en oubliant qu’il ne dispose pas de suffisamment d’hommes et des femmes moralement aptes pour relever le défi. En effet, combattre un système de corruption vieux de plusieurs décennies est un travail de longue haleine qui demande parfois de composer avec une partie de la gangrène. Son second tort, c’est de ne pas avoir tenu compte de l’état réel de la misère morale des principaux acteurs de la société civile qui ont pris goût à la course aux richesses au détriment de la défense de nos valeurs sociétales et de la moralisation de la vie publique. À présent, le pays semble bloqué et soumis à la valse des maîtres chanteurs et autres détrousseurs de pauvres, confinant l’activité politique dans la gestion des rapports de force au lieu de l’orienter vers la bonne gouvernance de la cité.
Rares sont les hommes politiques maliens qu’on peut identifier à travers un projet de société, même si tous aspirent à devenir président de la république. La plupart sont de vrais polluants qui contribuent à brouiller les cartes et à dévaloriser notre démocratie. Et pourtant, bientôt le jour pourrait se lever !
Mahamadou Camara
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