« Ces dernières semaines, ces derniers mois, nos églises, nos chapelles, ont été victimes de plusieurs attaques par de présumés djihadistes », a déclaré, dimanche, le porte-parole de la conférence des évêques du Mali, le Père Edmond Dembélé, « nous sommes inquiets ». Le prêtre malien qui s’exprimait au nom de l’Église, a ensuite énuméré la longue liste des attaques de lieux de culte catholiques.
Attaques d’églises au centre du Mali
« La semaine dernière, dans le village de Dobara [au centre du Mali], des hommes armés ont forcé la porte de l’église et y ont retiré crucifix, images et statue de la Vierge Marie, nappes d’autel et ont brûlé le tout devant ladite église », a-t-il notamment dénoncé, avant de préciser que dans le centre du Mali, des fidèles ont assisté, impuissants, à la destruction de leurs églises. « En septembre toujours, dans la localité de Bodwal [au centre du Mali], des chrétiens ont été chassés de leur lieu de culte par des hommes armés avec ce message : nous allons vous tuer si nous vous voyons prier encore dans l’église », a-t-il cité en guise d’exemple.
Sœur Gloria
À ces attaques contre les églises, s’ajoute l’enlèvement depuis 7 mois d’une religieuse en mission dans un village malien. Le 7 février, sœur Gloria Cecilia Narvaez, religieuse colombienne de la congrégation des sœurs franciscaines de Marie Immaculée a été enlevée à Karangasso, dans la commune de Koutiola, au sud-est de Bamako. Le 1er juillet, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une branche d’Al-Qaida a revendiqué l’enlèvement à travers une vidéo en ligne. Mi-septembre, les autorités policières de son pays d’origine, la Colombie, affirmaient qu’« elle est vivante mais son état de santé n’est pas bon ».
Destruction de mosquées et de mausolées
Dans ce pays majoritairement musulman (90 %) d’Afrique de l’ouest, les lieux de culte musulmans ne sont pas épargnés par les djihadistes. En 2012, dans la ville de Tombouctou au nord du pays, de nombreux mausolées de saints musulmans classés au rang de patrimoine de l’humanité, ont été détruits par des membres du groupe islamiste radical Ansar Dine.
En 2016, un membre d’Ansar Dine Ahmad al-Faqi al-Mahdi a été condamné à 9 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre. Il lui était alors reproché d’avoir « dirigé intentionnellement des attaques » en 2012 contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et contre neuf des mausolées de Tombouctou. Le 17 août 2017, le même djihadiste a été condamné à près de 2,7 millions d’euros de réparations « personnelles et collectives » des dommages causés aux habitants de la ville historique de Tombouctou.
Instabilité
Depuis 2012, le Mali fait face à une rébellion armée formée de combattants touaregs. Une grande partie du nord du pays est sous le contrôle de cette rébellion. L’instabilité a favorisé l’éclosion de groupes djihadistes dont certaines sont des branches d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
La croixAfrica