Au Mali, pour une véritable stabilité politique et sociale, les autorités politiques doivent travailler à une meilleure valorisation des productions locales. Analyse.
C’est très difficile de discuter ou de faire raisonner une personne tiraillée par la faim. Comme pour dire : « Ventre affamé n’a point d’oreilles ».
Sur la situation malienne, l’extrapolation de cet enseignement permet de mieux comprendre l’origine des maux qui gangrènent notre pays.
Balance commerciale déficitaire
Au Mali, la crise sécuritaire, politique et sociale, sont des réalités que vivent nos populations. Autour de ces crises sont développées beaucoup de théories du complot.
Alors que le fondement de ces crises relèverait d’une véritable crise économique. Crise économique avec, comme corollaire, le chômage, la pauvreté, la faim, entre autres. Ces phénomènes contribuent ainsi à alimenter l’insécurité.
Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, la politique économique laisse à désirer. Les importations semblent dépasser de loin les exportations. Ces exportations concernent principalement le coton, l’or, des animaux et les engrais. Quant aux importations, ce sont principalement des huiles de pétrole, des médicaments, du ciment, mais aussi du riz.
Selon les chiffres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2019, « la valeur des importations de services commerciaux [du Mali] s’est élevée à 1,3 milliard USD, contre 469 millions USD d’exportations ». Cette situation favorise difficilement l’émergence de secteurs économiques viables. Et, par ricochet, une stabilité durable.
Ces produits importés sont assez chers pour les ménages dont les sources de revenu sont beaucoup limitées. Dans un pays en développement comme le Mali, cette situation ne peut qu’entraîner des frustrations, lesquelles sont prêtes à exploser à tout moment.
Ce déficit de la balance commerciale s’explique notamment par un problème de non-valorisation des productions locales. Malgré que le pays abrite la zone office du Niger, dans la 4e région administrative, Ségou, le riz cultivé sur cet espace demeure un luxe pour les consommateurs maliens. Pour cause : son prix sur le marché est élevé par rapport d’autres. Ces riz importés volent donc la vedette au riz local. En cette veille de Tabaski, dans la communauté musulmane, les prix du mouton sont discutés à prix de bœufs sur le marché, comme si le pays n’est pas à vocation pastoral.
Valoriser les productions locales
Ce constat, commun à beaucoup de pays africains, a amené, depuis plusieurs années, des penseurs du continent a demandé aux Africains une meilleure appropriation du secret du développement des pays occidentaux. Un secret qu’ils trouvent dans l’émergence de la science et de la technique, gage d’une industrialisation plus poussée. Cette politique pourrait contribuer à diminuer les importations, tout en augmentant les exportations grâce à la transformation des produits locaux au niveau national.
Dans un article paru dans le Monde Diplomatique en 1960, on peut lire : « […] pour le développement économique harmonieux d’un pays, les activités rurales et industrielles sont complémentaires, et que ce sont les secondes qui valorisent les premières ».
Certes, des efforts sont déployés d’ores et déjà dans ce domaine au Mali, mais ils sont encore insuffisants. Les autorités doivent travailler à mieux valoriser les productions locales.
Sans la victoire pour une véritable émergence économique, il sera difficile de vaincre la crise sécuritaire, qui affame des populations, qui n’hésitent plus à sauter dans les mains des fossoyeurs de la république. Ce, afin de se sauver la peau.
Face à la pauvreté, tous les moyens semblent bons pour se préserver de la faim, voire du pire. Aucun argument ne peut donc convaincre celui qui traverse des crises économiques.
Fousseni Togola
Source: saheltribune