Depuis le début de la semaine, la capitale malienne vibre sous les louanges de la coopération marocaine.
La ville a porté ses plus beaux habits pour accueillir sa majesté Mohamed VI, roi du Maroc. Des foules immenses se sont formées sur le trajet de l’aéroport à sa destination finale, une masse composée d’hommes, de femmes, d’adultes et d’enfants souvent contraints par leurs instructeurs, rappelant les années fastes du régime ATT. Certains ne savaient mêmes pas celui qu’ils étaient venus accueillir : un enfant attendait Kadhafi.
La sécurité est au niveau maximum sur les artères que doit emprunter l’éminent hôte d’IBK. Rien que sur la route de Koulouba, un garde avec arme, casque et gilet de protection est posté à chaque 50 mètres. Des pick-up armés sont également placés ça et là sans parler des autres mesures de sécurité courantes ou exceptionnelles sur d’autres lieux.
Toutes ces précautions sont bien normales car il en va de la protection de hauts représentants de plusieurs millions de populations. Cependant, dans le Mali actuel, elles contrastent avec une réalité : l’insécurité dans le nord du pays.
La résurgence du MUJAO fait planer la menace terroriste au nord
La défaite cuisante infligée aux groupes terroristes dans le nord du Mali en 2013 devait être une étape vers la stabilisation du pays. Alors que la France insiste depuis des mois pour dire que l’intervention militaire franco-africaine (maintenant onusienne) dans le nord du Mali est un succès, les événements au cours de ce mois viennent contredire la version officielle.
Depuis un certains temps nous assistons à la résurgence du MUJAO. Le mois de février a été particulièrement marqué par l’insécurité dans le nord du pays et ce groupe terroriste a revendiqué ou a été identifié dans la plupart des attaques.
Tout d’abord, le jeudi 6 février, 31 civils ont été tués dans la localité de Djébock, cercle de Gao. Le ministre de la sécurité intérieur était catégorique sur l’identité des assaillants. Il s’agirait d’éléments peuls du MUJAO qui auraient commis le massacre en représailles à la mort de 3 des leurs, tués par des Touaregs le 2 février.
Ensuite, l’enlèvement, le 10 février, par le MUJAO d’une équipe du Comité international de la Croix-Rouge est venu s’ajouter à la longue liste des actes terroristes à mettre sur le compte des anciens occupants djihadistes.
Pour finir, le 13 et le 16 février des tirs de roquettes revendiqués par le MUJAO ont visé respectivement les villes de Gao et de Tombouctou, sans faire de victimes.
Ces attaques prouvent à suffisance le climat de terreur qui règne dans les villes du nord. Cette insécurité n’encourage pas le retour des déplacés qui était en nette augmentation par rapport au mois d’octobre 2013. La stabilisation d’un pays est plus difficile que la victoire dans une guerre. Un vrai travail de cohésion nationale doit accompagner les efforts déployés à cette fin.
Le président IBK a placé l’année 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption. Faut-il comprendre par cela que le pays est déjà stable ou que la sécurité n’est pas une priorité ?