Le renforcement de la relation transatlantique constitue l’une des principales conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette évolution est mise en évidence par une enquête approfondie du German Marshall Fund, une institution américaine visant à promouvoir les liens entre les deux rives de l’Atlantique, auprès des opinions publiques de onze pays européens, des Etats-Unis, du Canada et de la Turquie. Cette enquête a été effectuée en juin et en juillet.

L’OTAN en est le principal bénéficiaire, avec des nuances selon les pays. En effet, 78 % des personnes interrogées considèrent que l’Alliance « joue un rôle important » pour la sécurité de leur pays, au lieu de 67 % un an plus tôt. L’élargissement de l’organisation à la Finlande et à la Suède est plébiscité (73 %). De même, 72 % souhaitent un investissement « important » des Etats-Unis en matière de défense et de sécurité en Europe, alors qu’ils n’étaient que 60 % en 2021.

Cette hausse ne se fait pas aux dépens de l’Union européenne, puisque 81 % des personnes interrogées en Europe jugent l’Union européenne (UE) également « importante » pour la sécurité de leur pays. Les vues sont identiques pour ce qui concerne la réponse à l’agression russe. L’adhésion à l’idée de juger Moscou pour crimes de guerre (74 %), aux sanctions à lui appliquer (71 %), au soutien économique (69 %) et militaire (66 %) de Kiev est également massive.

De même, l’influence des Etats-Unis est jugée très majoritairement « positive » (57 %), derrière celle de l’Union européenne (65 %), mais loin devant celle de la Chine (27 %) et a fortiori celle de la Russie (seulement 15 % d’avis positifs). De même, la « fiabilité » de Washington progresse de 5 points en un an (65 % au lieu de 60 %) alors que celle de l’Allemagne, très élevée, est en recul de trois points (70 %).

Conviction d’un déclin de l’influence américaine

Ces jugements favorables ne doivent cependant pas masquer des évolutions significatives. L’autre principal enseignement de cette enquête réside en effet dans la conviction, y compris aux Etats-Unis, d’un déclin inéluctable du leadership de Washington en dépit de la démonstration que constitue l’énorme soutien militaire apporté à l’Ukraine. Alors que 64 % des personnes interrogées continuent de considérer en 2022 les Etats-Unis comme « la puissance dominante », ils ne sont plus que 37 % à considérer qu’il en sera de même dans cinq ans.

La Chine enregistre un mouvement inverse (25 % pensent qu’elle sera la puissance la plus influente, au lieu de 13 % aujourd’hui). En France comme en Italie, l’opinion publique anticipe même que la Chine devancera les Etats-Unis. Cette prédiction s’accompagne d’une relative prise de distance avec Washington dans la manière de gérer les relations de l’Union européenne avec la Russie et la Chine. Vis-à-vis de la première, seules 9 % des personnes interrogées estiment qu’il faut privilégier le canal américain, alors que 30 % optent pour celui de l’Union européenne. Il en va de même avec la Chine. En effet, 38 % estiment que le cadre européen est le mieux adapté alors que seulement 11 % évoquent la coopération avec les Etats-Unis.

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