Après avoir en synergie Mahmoud Dicko avec le Chérif de Nioro du Sahel et la jeunesse islamique et les patriotes, réussi l’organisation d’un grand meeting dimanche 10 février 2019 qui a drainé au stade du 26 mars de Yirimadio, une marée humaine jamais égalée dans la capitale. C’est ce qui a fait que les langues se délient, les débats font rage entre les pros imam Dicko et certains empêcheurs de tourner en rond.
La conférence de presse animée un vendredi à « la Maison de la Presse » qui a réuni la quintessence des associations faitières ayant soutenues le Président IBK lors de la présidentielle de l’année dernière, a vu des jeunes fustiger à leur tour la sortie de l’imam Dicko qui en tandem avec le Chérif de Nioro du Sahel avaient réclamé la démission du PM SBM à juste raison. Ce qui sera obtenu.
Wahabite bon teint, Mahmoud Dicko, symbolise de l’avis général des maliens, un vrai espoir au Mali. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, il tient bon le gouvernail de l’espoir de tout un peuple meurtri par cette crise.
Dans le livre sur la pénétration Wahabite en Afrique, paru récemment de Laurence-Aïda AMMOUR, sociologue et analyste de son état en sécurité et défense pour l’Afrique du Nord-Ouest, associée au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Washington D.C.) et au Groupe d’analyse JFC-Conseil (France), et membre de la communauté du Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (Dakar, Sénégal), la percée de ce courant religieux proche de l’Arabie Saoudite et ses réalisations sur le continent africain et singulièrement au Mali, explique cette montée de l’Imam Mahmoud Dicko, cet érudit incontestable qui en duo avec cet autre érudit, le Chérif de Nioro du Sahel Bouyé Haïdara, font peur au régime IBK.
Selon l’auteur du livre, « bien que la diffusion du wahhabisme en Afrique remonte aux années 1960, c’est l’avènement du pluralisme politique dans les années 1990 dans de nombreux États africains qui a permis à l’Arabie saoudite de renforcer son offensive idéologique sur le continent. Alliant prédication et actions sociale et
humanitaire, les ONG islamiques, les organisations transnationales musulmanes et les fondations saoudiennes ont investi financièrement et idéologiquement le continent africain – souvent avec la complicité des États – pour imposer leur interprétation conservatrice de l’islam, outil par excellence de la “diplomatie religieuse” des Saoud ».
A regarder notre cas, Mahmoud Dicko demeure un relai des « Saoud » après des décennies d’une stratégie d’influence ininterrompue, pour mieux s’implanter face aux bases des hiérarchies traditionnelles de l’islam africain, telles que les confréries soufies et les pratiques religieuses ancestrales.
Pour le même auteur, « Les nouveaux adeptes africains du wahhabisme formés dans les universités du Golfe s’opposent ouvertement aux institutions maraboutiques afin d’assujettir l’espace public aux normes spirituelles rapportées d’Arabie saoudite. Cette lame de fond a conduit à une fragmentation doctrinale croissante de l’islam africain qui se traduit par une prolifération de groupes professant des interprétations extrêmement sélectives des principes religieux. Aujourd’hui les groupes terroristes qui sévissent au Sahel et en Afrique du Nord-Ouest profitent d’un environnement de plus en plus pétri de l’idéologie wahhabite où le conservatisme religieux s’est banalisé par des décennies d’une insidieuse pénétration doctrinaire.
L’islam fondamentaliste saoudien est le terreau sur lequel
sont nés et prospèrent le salafisme et le djihadisme armé qui minent les sociétés africaines et s’exportent au-delà des frontières ».
Au Mali, avec un Islam tolérant, l’Imam Mahmoud Dicko par ses actions, son expérience acquise dans de grandes écoles sur le Continent (Egypte par exemple), ayant été élu président du HCIM, a su réunir la famille islamique du Mali. Son savoir-faire et son sens de l’écoute, le rendront célèbre dans les milieux religieux musulmans et même au-delà. En lançant le meeting le 10 février 2019 au Stade du 26 mars de Yirimadio avec comme parrain, le Chérif de Nioro du Sahel, l’imam de la grande mosquée de Badalabougou sait avec le contexte sécuritaire préoccupant, la gestion actuelle du pays (malgré l’arrivée de SBM à la primature et sa politique presque dévastatrice !!!) qui fait débat partout, que son appel sera entendu et que les citoyens qui sont à plus 90% des musulmans pratiquant, viendront les écouter. C’est ce qui est arrivé. La suite est connue.
A en croire Laurence-Aïda Ammour, « avec près de 350 millions de musulmans, l’Afrique représente un morceau de choix pour l’Arabie saoudite¹. Depuis plusieurs décennies, Riyad a entrepris de diffuser son modèle wahhabite de croyance selon le principe du Daawa wal irchad (prosélytisme et propagation de la foi) pour contrecarrer les autres obédiences musulmanes et les pratiques populaires de l’islam présentes sur le continent : soufisme², ibadisme³, chiisme⁴, animisme, culte des saints…».
Selon cet auteur, « la montée de l’islamisme d’inspiration wahhabite est à replacer dans le contexte du déclin du nationalisme arabe et de la montée en puissance de l’Arabie saoudite. La politique panislamiste saoudienne en Afrique remonte aux années 1960, sous le règne du roi Fayçal. Elle visait autant à diffuser le wahhabisme qu’à contrer l’influence panarabe nationaliste que les monarchies conservatrices percevaient comme une menace. Le wahhabisme s’opposait aux courants réformistes qui ont marqué l’histoire moderne de l’Islam ».
Mieux, dit-elle : « Le pèlerinage et l’immigration depuis différentes parties du monde musulman vers le Golfe, associés au développement du système bancaire islamique et à la prolifération des organismes saoudiens de bienfaisance, ont été les facteurs clés de l’expansion du wahhabisme saoudien. Le boom pétrolier a permis d’investir des fonds énormes dans la promotion de la prédication dont les fers de lance furent les prêcheurs-missionnaires wahhabites » En guise de rappel, «La pénétration wahhabite s’est renforcée dans les années 1990 au moment de l’ouverture de l’espace politique dans de nombreux États africains, permettant ainsi au wahhabisme de trouver sa légitimité en s’africanisant et de devenir un courant de l’islam politique local ayant pignon sur rue».
De nos jours, l’imam Mahmoud Dicko que d’aucuns veulent mettre dans l’arène politique, saura-t-il bien manœuvrer ? Saura-t-il se laisser piéger ?
En tout cas, présentement, l’homme est préoccupé par la situation du pays et rien d‘autre, nous a-t-il confié, ne saura le dévier de sa mission noble de faire éviter à notre pays un naufrage collectif.
Bokari Dicko
Mali Demain