Depuis l’annonce par le PM Boubou Cissé de l’organisation des élections législatives pour le 29 mars 2020, c’est le branle-bas de combat tant dans les états-majors politiques (Majorité et opposition réunie), la société civile, qu’au niveau de la Plateforme du 14 juin 2014, de la CMA et de la communauté internationale. Et pour cause, si la composition des listes électorales a fait réveiller bien d’états-majors de partis politiques de leur torpeur, au niveau de la Plateforme et de la CMA et bien d‘autres formations politiques avisées et qui tiennent à des réformes politiques majeures afin de sortir le Mali de cette situation gravissime, l’abstinence s’impose malgré que le gouvernement du Dr Boubou Cissé s y attèle. Saura-t-il relever ce énième défi que son prédécesseur n’a pas su réussir au vu et au su de tous ? Lisez l’analyse de Bokari Dicko.
« Le ver est déjà dans le fruit », nous confie un fin observateur qui n’est pas surpris du refus de la CMA de participer à ces législatives prévues pour le 29 mars prochain pour la simple raison qu’elles violent l’Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR), la Constitution de 1992, bref, les engagements du régime IBK pris devant la communauté internationale. Il s’avère qu’au cours du DNI, deux camps se sont affichés sur la démarche à entreprendre pour sortir le pays de la crise politico-sécuritaire gravissime de l’ère de ces grands démocrates devant l’éternel. Si le premier groupe qui semble être plus avisé et qui maîtrise les grands enjeux de notre crise multidimensionnelle, tenait à l’organisation des réformes institutionnelles pour lesquelles le régime IBK s’était engagé avec la signature de l’Accord pour la Paix et la réconciliation garantie par la communauté internationale de 2014, avec la tenue du Référendum sur la base de la liste électorale actuelle pour un réel retour d’une paix définitive au Mali, forces est de constater que la machine risque de s’estomper avec l’enlisement qui profile à l’horizon si ces législatives ne se tenaient pas comme indiquées !
Le référendum évitait un énième scénario catastrophe…
Selon nos informations, l’organisation du référendum devrait éviter un énième scénario catastrophe pour le Mali, qui a tant souffert.
En réalité, la tenue d’un référendum permettrait à des réformes électorales où l’on devait voir la représentation d’élus au compte de la Diaspora ; le changement du mode du scrutin vers un scrutin mixte où ceux certains qualifient de « petits partis politiques » qui devaient avoir des représentants à l’AN tout comme le choix d’un organe de gestion des élections accepté par tous les acteurs.
L’objectif caché du premier groupe, selon nos sources, était de mettre fin à l’accord politique de gouvernance convenu le 02 mai dernier par Dr Boubou Cissé, PM, dès sa nomination en convenant d’un calendrier pour les réformes des institutions, gage de sérénité et de confiance pour tous les acteurs y compris la communauté internationale qui s’impatiente.
Refus justifié de la CMA
Selon nos radars, la tenue des législatives prévues pour le 29 mars prochain est refusée par la CMA qui a demandé le respect de la LOI fondamentale en exigeant le respect des statuts pour les régions nouvellement créées par la loi 2012 sous l’ère ATT et qui sont présentement fonctionnelles. Un refus que d’aucuns reconnaissent justifiés et bien fondés puisque conforme à la Constitution et à l’application de l’APR. Quand on sait que la même loi, rappellent des spécialistes, créent des cercles et des communes pour les régions de Ménaka et de Taoudéni qui sont déjà fonctionnelles. D’où cette interrogation : Pourquoi violer cette loi 2012 en connaissance de cause si elle causera plus de tords, que de bien pour le Mali mettant ainsi dans l’embarras la communauté internationale?
Selon des spécialistes, l’insistance du gouvernement à vouloir en tout état de cause à organiser ces législatives le 29 mars prochain, est une violation flagrante de la résolution, de l’accord de paix et même de la Constitution de 1992, nous indique-t-on.
Dans ce cas, s’achemine-t-on vers un scénario catastrophe semblable à celui de l’ex PM Soumeylou Boubèye Maïga qui avait tenté lui aussi, d’organiser des élections législatives sans succès en se basant sur la liste électorale actuelle pendant que la Loi qui a créée de nouvelles régions (Taoudéni et Ménaka) leurs cercles et communes qu’on veut ignorer, voire, contourner, n’était pas abrogée.
Le cercle est la circonscription administrative de référence pour l’élection de député à l’AN…
En réalité, ne pas accepter d’organiser les élections législatives avec le statut de régions pour Ménaka et Taoudéni, constitue en soit, une violation flagrante de la loi qui créée ces nouvelles entités administratives qui sont opérationnelles puisque constituées de cercles et de communes. En clair, il n’est pas concevable que ces deux régions soient considérées comme des cercles. « La violation de la Constitution du Mali qui dispose dans la Loi organique que la circonscription administrative de référence pour l’élection de députés à l’AN est le cercle, alors que ces deux régions sont dotées chacune de quatre cercles et de six cercles, respectivement. Donc, ne pas les intégrer dans le fichier électoral, est en soit une violation de la Constitution », explique notre spécialiste.
Violation des dispositions de l’APR…
Cet autre observateur avisé indique qu’en tentant d’organiser ces législatives le 20 mars prochain, c’est par ailleurs une violation des dispositions de l’accord de paix qui voudrait que l’on augmente le nombre de circonscriptions administratives afin de permettre d’améliorer la représentation des populations du nord au sein de l’AN. Comment dans ces conditions peut-on objectivement procéder à la convocation d’un collège électoral pour l’élection de députés à l’AN en ignorant superbement les dispositions précitées ?
Dr Boubou comme SBM !!!
Au regard de la situation politico-sécuritaire actuelle, le PM actuel saura-t-il conserver son fauteuil après SBM viré pour faute de résultats, pardon, pour n’avoir pas pu atteindre des objectifs fixés et médiatisés à outrance telle l’organisation des législatives?
De nos jours, le PM Cissé pourra-t-il procéder à une autre révision des listes électorales tout en respectant la date du 29 mars prochain ?
« Techniquement, cela sera impossible car le temps ne sera plus en sa faveur », nous explique ce spécialiste. « Où trouverra-t-il les moyens techniques et financiers nécessaires pour la réalisation de ce énième challenge politique que son prédécesseur n’a pas pu faire malgré qu’il soit un homme politique averti, semble-t-il !!!? », poursuit notre interlocuteur.
Quand est-il du budget qui doit être revu à la hausse si le gouvernement devrait réviser la liste électorale afin qu’elle soit adaptée aux réalités géographiques et en conformité avec la loi qui a créé les nouvelles régions de Ménaka et de Taoudéni qui sont fonctionnelles depuis 2012 suivant la loi 2012, contrairement aux autres régions nouvellement crées comme Koutiala et Bougouni pour ne citer que celles-ci?
Composition d’un gouvernement d’union nationale…
« Au pire des cas, en cas d’absence d’élections législatives, la composition d’un gouvernement de transition ou d’union nationale s’impose. Le Mali ne va jamais chavirer ! », indique un fin observateur.
« A l’allure où évolue la situation politico-sécuritaire, Dr Boubou sera obligé de rendre le tablier », poursuit notre interlocuteur.
La Constituante inévitable en cas de report sine die
Comme on le voit, l’arrivée de ce jeune loup à la primature, pourtant décrié par certains, risque de s’estomper s’il ne réajuste pas vite son tir. Pour bon nombre d’observateurs avisés, le report sine die des législatives prévues pour le 20 mars prochain, verra former une Constituante au grand dam des députés actuels et d’une certaine classe politique qui donne l’impression de n’être plus inspiré car, ce qui doit prévaloir aujourd’hui, c’est la stabilité du Mali. Il s‘avère que la Constituante qui mettra en place une Commission devant rédiger une nouvelle Constitution et procéder aux réformes exigées par l’APR.
« Tout autre calcul sera désuet même si les résolutions du DNI prévoient l‘organisation des législatives cette année», met en garde cet autre observateur avisé.
IBK, seul maître à bord…
Si ce report de ces législatives qui profile déjà l’horizon se confirmait, la fin du mandat des députés de l’actuelle AN étant prévue au 02 mai prochain, force est de reconnaître que le Président de la République, seul élu légitime puisque réélu avec une bonne moyenne, gouvernera par ordonnance en tandem avec une Constituante composée des forces vives de la nation. En ce moment, IBK, seul maître à bord, homme politique très avisé, friant semble-t-il, de la doctrine de Machiavel, saura une fois de plus, diriger jusqu’au terme de son second quinquennat sans coup férir, car, il faut se méfier « de l’eau qui dors ! » dit-on. « Et de 2013, à maintenant, le locataire de Koulouba a toujours surpris ses opposants et autres détracteurs avides d’arguments cohérents et convaincants », nous confie cet observateur qui a requis l’anonymat.
Le PM Boubou saura-t-il tenir encore longtemps à la primature ?
D’ailleurs par ces temps qui courent, avec l’enlisement de l’APR, l’insécurité galopante malgré toutes les thérapies de choc jusque-là administrées, le PM pourra-t-il tenir encore longtemps à la primature parce que certains considèrent sa situation actuelle comme un piège s’il continuait à vouloir organiser des législatives du 20 mars prochain en tout état de cause?
Wait and see !
Bokari Dicko
Source: Mali Demain