Le pouvoir doit être prudent car la violence légale qui est l’apanage de l’Etat ne lui donne pas le droit de tuer son peuple. Or, cette limite a été atteinte hier.
Ni pillage, ni vol ne saurait justifier que l’on tue des citoyens. Il y aura d’autres mouvements de foule et sans doute, des pillages, est-ce à dire que l’on tuera encore ?
Si l’Etat poursuit dans cette spirale, il perdra toute légitimité aux yeux du peuple, mais aussi du monde qui observe avec inquiétude le contexte malien.
Il est dit dans le Discours de la servitude volontaire que le pouvoir d’un État repose sur la coopération de la population et que lorsque celle-ci refuse d’obéir, l’État n’a plus de pouvoir.
Droit à la désobéissance civile-article 121 de la Constitution !
Aujourd’hui, le peuple ne fait qu’exercer son droit. Nul n’ignore que la Constitution du Mali issue d’une révolution consacre, en son article 121, le droit à la désobéissance civile.
Si le pouvoir n’entend pas le cri des Maliens, qui va bien au-delà des manifestants, car, ceux qui en ont assez en silence sont encore plus nombreux, il sera obligé de gouverner par la violence, qui elle-même engendrera une radicalisation des mouvements. Il n’y aura alors que deux hypothèses : soit il se maintiendra par la force, soit il partira par la force.
Ils apprennent très peu de l’histoire
Les hommes apprennent très peu de l’histoire et pensent que leur situation est différente, mais l’histoire se répète toujours. Mieux vaut pour le pouvoir faire preuve d’humilité et comprendre que sa méthode a failli, que ces élections législatives étaient une erreur de trop qui l’oblige maintenant à se transformer. Il appartient aujourd’hui au Chef de l’Etat de prendre la conscience réelle de la situation et d’écouter son peuple. Paix sur l’âme des victimes du 11 juillet ! Et bon rétablissement aux blessés ! Dieu veille !
Madani Tall
Source : Le Challenger