L’homosexualité reste une source de discriminations partout dans le monde. mais sur le continent africain, être homosexuel, en l’affichant ou pas, peut valoir la mort. Un très jeune cinéaste malien, Fasséry Kamissoko, a réalisé un court-métrage choc. il aimerait contribuer à changer le regard de ses concitoyens.
Le film s’intitule « Dix-sept » comme… comme 17 ans, l’âge auquel ce jeune citoyen a écrit le scénario de ce court drame. « Dix-sept » comme le poème récité en conclusion, par le réalisateur qui s’est glissé dans la peau de son personnage principal. Il a pu le réaliser grâce à quelques soutiens familiaux indéfectibles, mais aussi institutionnels, dont l’Institut français et l’Ambassade de France à Bamako, dans le cadre d’un atelier de la Femis, la célèbre école française de cinéma.
En commentaire, sur la page youtube de ce petit film, Papyvalerie Couturier Officiel, dont le site Bamako.com nous apprend qu’il est un styliste/designer malien, « Un immense talent en quête de renommée mondiale » a écrit : « Ce film est le cri des personnes sans voix, c’est le cri des minorités LGBT qui subissent des agressions et persécutions au Mali….l’amour n’est pas un crime, ce sont des couples legistives qui ont droit de nos jours a se marier. Stylistes pour des causes humanutaires et grand Activiste de la lutte contre l’homophobie par ma personne je me rejoins à Fassery et dire non à cette intimidation. Il est temps que l’on arrête de se taire sur des sujets aussi délicats et qu’enfin on ouvre les yeux sur certaines choses qui nous tuent a petit feu dans le silence.L’humanite en a assez vu a travers ses violences, ses guerres, ses haines…qui sont entrain de destruire des vies.Parlons en, prenons conscience, assumons nos choix, d’osons le dire.Avec l’amour nous pouvons changer des regards dans nos societes…..Mes sinceres félicitations à toi Fassery Kamissoko d’avoir le courage d’oser.Esperons que ceci est un grand pas de changement de mentalité à l’endroit de ces minorités LGBT au Mali. »
Se battre contre les discriminations sexuelles quelles qu’elles soient
De lui, même, lorsqu’il se présente à l’occasion d’un entretien par échange de mails, Fasséry Kamissoko dit sobrement : « J’ai 18 ans. Et je n’ai pas beaucoup d’amis« .
Ce jeune homme courageux, à l’engagement citoyen chevillé au corps, se bat sur tous les fronts : la défense des droits des enfants maliens ; la lutte pour l’éducation des filles comme des garçons ; et les droits des homosexuels. Sur la photo qu’il nous a adressé, il est d’ailleurs encore enfant. Pour cela, il a monté un dossier pour un programme télévisuel au titre sobre : « Enfants d’Afrique ».
Mais pour l’heure, aucune chaîne malienne n’a voulu se lancer dans l’aventure, avec un concepteur à peine majeur. Dommage sans doute…
Lors de la projection publique, des spectateurs furent contents du sort réservé au protagoniste
Terriennes : Pouvez vous nous en dire plus sur cette émission « Enfants d’Afrique » ? Pour qui, pour quoi, avec qui, sa diffusion ?
Fasséry Kamissoko : Enfants d’Afrique se veut une émission télévisuelle hebdomadaire dont l’objectif est d’informer le public africain et les pouvoirs publics sur la condition de détresse des enfants en Afrique et leurs besoins. C’est aussi une manière de conduire à une prise de conscience, aussi bien en Afrique que dans la Disapora, et d’ériger un emblème nouveau du continent : l’enfance. L’émission a pour objectifs d’utiliser les mécanismes relatifs aux droits humains pour améliorer l’existence des enfants dans les communautés africaines et permettre d’élaborer des projets.
Qu’est ce qui vous a poussé à faire ce film sur le rejet de l’homosexualité au Mali ?
Fasséry Kamissoko : C’est d’abord le constat d’une injustice et d’une situation d’inconséquence, comme humaniste. Ensuite, sur un plan purement artistique, un sentiment de vide, d’absence d’alternatives relative à ce sujet quant au corpus du cinéma africain en général. Personne n’ose en parler, sans phares, c’est le silence total, mais aussi un silence de rigueur devenu la règle.
Vous joué le rôle « principal » dans ce film, pourquoi cet engagement ? Etes vous concerné personnellement par ce sujet ?
Fasséry Kamissoko : Oui, je joue Fayçal, le jeune protagoniste du film. Un artiste doit marquer son œuvre de son empreinte personnelle.
Comment le film a-t-il été accueilli ?
Fasséry Kamissoko : Le film a eu droit à une projection gratuite en salle ou nombre de spectateurs furent contents du sort réservé au protagoniste. Oui, le film se doit d’être perçu comme un électrochoc, dans le sens ou il interpelle de manière concrète sur le non-respect de la diversité.
Comment changez le regard sur l’homosexualité, en Afrique et ailleurs ?
Fasséry Kamissoko : Je ne sais pas quand, ni comment mais je sais qu’un jour, aux quatre coins de la terre régnera la tolérance face à la diversité, qu’elle soit sexuelle, religieuse ou identitaire.
Les lois sont elles à la hauteur au Mali ?
Fasséry Kamissoko : Il n’existe aucune loi pénalisant les relations homosexuelles au Mali mais aucune loi ne protège également la communauté LGBT.
Qu’espérez vous ? Quel sont vos projets ?
Fasséry Kamissoko : Je table sur un avenir meilleur quant au respect des droits humains. J’ai de multiples projets (émission télé sur les enfants, réalisation de sériés docu-fiction et films et édition d’un recueil de poèmes autobiographiques- si je trouve un éditeur-).
Lois et préjugés sur l’homosexualité en Afrique
Comme dans de nombreux autres pays, les préjugés, jusqu’au rejet, sont très prégnants au Mali. En 2007, selon l’ONG Pew Global attitudes project, ils étaient encore 98% d’adultes maliens à penser que « l’homosexualité est un mode vie inacceptable« , la proportion la plus élevée des 45 pays étudiés par l’organisation. Près de 10 ans après, rien ne semble avoir changé : on pouvait lire le 22 septembre 2016 sur un site d’information malien qui se prétend journalistique, que « Chaque société a sa réalité historique. C’est pourquoi, des pratiques honteuses, par exemple l’homosexualité, ne s’accommodent pas à nos mœurs et coutumes. »
Le continent africain compte sans doute le plus grand nombre de pays où l’homosexualité est réprimée, passible de la prison à vie en Ouganda ou au Liberia, et même de la mort en Mauritanie, au Nigéria, au Soudan et en Somalie.
Le film « Dix-sept », quant à lui, est déjà sélectionné pour l’édition 2016 du Festival international de films LGBT Chéries-Chéris, à la mi novembre à Paris. On lui souhaite bon vent. Parce que #yaduboulot
Source : tv5monde