La directrice générale adjointe de l’Unicef, Mme Fatoumata Ndiaye était en visite dans notre pays la semaine dernière. A cet effet, elle a effectué une visite de haut niveau dans le village Fougadougou dans la région de Koulikoro sur la problématique du mariage d’enfants et des mutilations génitales féminines/excision (MGF/E). La patronne adjointe de l’Unicef était accompagnée pour la circonstance par le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Traoré Oumou Touré. La représentante de l’UNFPA dans notre pays, Mme Josiane Yaguibou et Mme Lucia Elmi, représentante de l’Unicef dans notre pays y étaient aussi présentes. La délégation a été accueillie par les autorités administratives, politiques et notabilités de la région de Koulikoro, de la commune de Tienfala, dont relève le village de Fougadougou. Au menu de cette visite, il y avait des focus avec les leaders communautaires sur le mariage d’enfants et les MGF/E, des causeries éducatives sur les mêmes thèmes avec un groupe de jeunes ainsi que des interventions. Dans notre pays, 16% des femmes et des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans et 49% avant 18 ans. Parmi les femmes et les filles âgées de 15 à 49 ans, 83% sont des victimes d’une forme de MGF/E et 72,2% pensent que la pratique devrait se poursuivre selon les données d’enquête MICS de 2015. La région de Koulikoro représente la deuxième région de notre pays après Kayes avec la prévalence la plus élevée en mariage d’enfants et MGF/E. Cette visite dans le village de Fougadougou a donc été une opportunité de plaidoyer de haut niveau en faveur de l’abandon de ces pratiques afin de garantir à chaque enfant son droit à la protection, à la santé, à la survie, au développement et à l’éducation. Le premier adjoint au maire de Tienfala, Sékouba Coulibaly a expliqué que les deux problématiques évoquées plus haut sont un défi pour la santé de la femme et de la fille dans son village. Selon lui, l’espoir est permis grâce à l’intervention de l’ONG « Tagnè » qui travaille à l’éveil de conscience des populations pour un changement de comportement favorisant l’abandon de ces pratiques. Cette stratégie de proximité a permis de briser le tabou sur les deux questions. Présentement dans le village et dans la commune de Tienfala on peut aborder la problématique de MGF/E et le mariage d’enfants sans en être inquiété, tel n’était pas le cas dans un passé récent, a souligné le maire.
Pour le représentant du gouverneur de Koulikoro, Benoko Ouloguem, le mariage d’enfants ainsi que les MGF/E selon la dernière EDS sont encore à la mode dans sa région avec un taux de 94% pour l’excision et 58% pour le mariage d’enfants. C’est pourquoi, explique-t-il, la lutte contre ces pratiques a été et demeure une préoccupation régionale. Ainsi, plusieurs activités de sensibilisation, d’information et de plaidoyer ont été initiées en vue d’un changement de comportement de la population en faveur de l’abandon de MGF/E et le mariage d’enfants.
Le représentant du gouverneur a, par ailleurs, reconnu que le travail de terrain de l’ONG « Tagnè » a permis d’instaurer le dialogue social autour de la problématique de MGF/E et le mariage d’enfants. Aujourd’hui, indique Benoko Oulogeum, plusieurs villages de la région de Koulikoro ont abandonné les deux pratiques. Il a conclu son intervention en plaidant pour la réouverture des bureaux de l’Unicef à Koulikoro.
La directrice générale adjointe de l’Unicef, Mme Fatoumata Ndiaye a salué le travail de tous ceux qui se sont engagés dans la promotion du droit à la protection contre toute forme de violence, l’exploitation et l’abus dans notre pays. Faisant allusion aux chiffres cités plus haut, Mme Fatoumata Ndiaye dira que nous sommes en face d’une urgence, à laquelle il faut vite trouver des réponses. Selon elle, ces pratiques violent les droits humains. Cependant, dit-elle, il y a une lueur d’espoir en témoignent les 1200 villages au Mali qui ont pris l’engagement public de mettre fin aux MGF/E dans leurs communautés. La patronne adjointe de l’Unicef s’est aussi réjouie des exemples de leadership local et d’engagement communautaire qu’elle a pu constater à Fougadougou. Cela montre de son avis que c’est possible de changer les normes sociales à travers la sensibilisation et le dialogue.
Cependant pour combattre définitivement les deux pratique, Mme Fatoumata Ndiaye a plaidé pour non seulement l’engagement et le leadership communautaire, mais également une protection juridique nationale.
« Il faut une loi qui interdit les violences basées sur le genre, y compris les MGF/E et le mariage d’enfants, une loi qui signifie à tous que pratiquer ou cautionner ces pratiques y compris par un silence complice, est inacceptable » a lancé Mme Fatoumata Ndiaye. Le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a assuré que les sujets du jour sont des préoccupations mondiales et notre pays n’y échappe pas. Elle reconnaît que les deux pratiques sont encore à la mode dans notre pays, mais que grâce aux efforts des uns et des autres, le tabou est brisé autour des problématiques.
Cet état de fait est une grande avancée, selon Mme Traoré Oumou Touré qui estime que dans une société s’il n’y a pas de dialogue autour d’une préoccupation commune, il serait difficile de trouver une solution. « Dieu merci les questions de l’excision ou de mariage d’enfants ne sont plus tabous dans notre pays. On peut en parler et ensemble dégager des stratégies pour y mettre fin. Ce qui explique l’abandon public et volontariste des deux pratiques dans beaucoup de villages», a conclu le ministre.
Mariam A. TRAORÉ
Source: essor