La décision des autorités de transition maliennes aura pris de court et la France et l’Union européenne. Bamako a annoncé, en effet, qu’à compter du 2 mai, les accords fixant le cadre juridique de la présence des forces étrangères engagée Barkhane (France) et Takuba(UE) sont rompus et «cessent de produire leur effet vis- à- vis du Mali. «Cela signifie, a ajouté le gouvernement malien, qu’ «à partir de cet instant, il n’y a plus de base légale pour la France d’opérer sur le sol malien».
Le communiqué a émané du MAE que conduit Abdoulaye Diop, souvent monté en première ligne durant ces derniers mois contre ce qu’il considère comme des «dérives» françaises. Plus que la présence de Barkhane et Takuba, la décision du Mali qui revêt une importance cruciale dans le contexte d’une insécurité permanente et aggravée depuis quelque temps concerne le traité de coopération militaire conclu avec la France en 2014.
C’est dire combien la mesure va opérer un profond bouleversement dans le dispositif militaire français déployé au Sahel et dont le Mali est devenu une véritable plaque tournante. Raison pour laquelle l’Union européenne a surenchéri en qualifiant de «regrettable» la position du Mali qui, affirme le porte-parole de l’UE, ne va pas «favoriser un climat apaisé et une coopération face au terrorisme».
Les dirigeants maliens de transition arguent, pour leur part, des nombreuses violations de l’espace aérien du pays par les avions militaires français, en dépit des mises en garde déjà exprimées depuis janvier dernier par Bamako.
Il faut dire que la goutte qui a fait déborder le vase est tombé, voici quelques jours, lorsque les soldats de Barkhane ont quitté la base de Gossi, où un charnier a été découvert.
Maliens et Français s’en rejettent la paternité, l’état-major de Barkhane brandissant une vidéo pour «prouver» que les auteurs de ces exécutions sont des éléments de la société russe Wagner dont la France et l’UE s’acharnent à affirmer la présence au Mali malgré les démentis catégoriques du gouvernement malien qui proteste de son droit et de sa souveraineté à recourir aux conseillers militaires russes, effectivement présents dans le cadre d’accords anciens entre Bamako et Moscou. Toujours est-il que la présence des corps expéditionnaires étrangers aussi bien dans le Mali que partout ailleurs dans le Sahel, depuis 2014, n’a pas véritablement empêché les violences terroristes de prendre une ampleur sans cesse croissante, au point de compromettre la stabilité et la sécurité à la fois des gouvernements et des peuples sahéliens concernés, et celles de la région dans son ensemble.
Les accords conclus à l’époque et dont certains courent jusqu’à fin mai 2024 montrent toutes les limites du dispositif et son étrange inefficience par rapport aux enjeux et aux périls réels, d’où la réaction légitime d’un pays comme le Mali où la menace a atteint le seuil d’alerte maximale.
Source: lexpressiondz