Au 51e sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenu dimanche à Monrovia, au Liberia, le représentant spécial du secrétaire général pour la région, Mohamed Ibn Chambas, a appelé les Etats membres de l’organisation régionale à rester mobilisés sur les questions de paix et de sécurité, sans négliger le développement et les droits de l’Homme.
En présence du président gambien Adama Barrow, le chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a salué la transition démocratique en Gambie qu’il a qualifiée de “triomphe des efforts collectifs”. Il a également félicité la Côte d’Ivoire pour son élection en tant que membre du Conseil de sécurité.
“Même si nous célébrons nos réussites, nous devons reconnaître que les sources de préoccupation subsistent”, a toutefois prévenu M. Chambas.
“Nous devons inverser l’état de non-droit qui affecte une grande partie du Sahel, créant des zones entièrement ingouvernables où la présence de l’Etat peut difficilement être ressentie”, a-t-il dit, soulignant que malgré la vigilance, le crime organisé, les prédicateurs de haine et les trafiquants de stupéfiants, de personnes et d’armes continuent de traverser les frontières.
Le représentant spécial a rappelé que le vide sécuritaire à travers le Sahel a produit deux forces qui s’opposent : d’une part, les extrémistes violents et les réseaux criminels sont en concurrence pour combler le vide ; d’autre part, cela a conduit les communautés locales à s’armer pour protéger leurs familles, leurs terres et leurs biens, y compris leur bétail.
“Face à de telles lacunes, les gens se tournent vers les liens primordiaux de la langue et de la lignée pour rechercher la protection au sein des groupes, même s’ils ne sont pas d’accord avec leurs idéologies extrémistes qui menacent de déchirer les communautés”, a expliqué M. Chambas. “Nous devons continuer de faire tout notre possible pour éviter, à tout prix, que la quête de la sécurité ne se transforme en conflit et en davantage de violence criminelle”, a-t-il insisité.
Pour lui, la question d’un développement juste est cruciale pour consolider les gains en termes de paix et de sécurité. “Ne pas fournir des services de base et des possibilités de moyens de subsistance viables dans les zones touchées risque de réduire nos succès récents contre Boko Haram”, a-t-il prévenu. Selon lui, alors que les extrémistes continuent de sévir, “nous devons redoubler d’efforts pour travailler ensemble et partager le renseignement, renforcer la coopération transfrontalière et gagner la confiance des communautés”.
Le représentant spécial a salué les mesures prises par le Niger, le Mali et le Burkina Faso pour renforcer leur collaboration et s’est dit impressionné par leurs efforts, avec le Tchad et la Mauritanie, pour mettre en place la Force commune G5-Sahel pour combattre leurs ennemis communs.
M. Chambas a souligné que les Nations Unies restaient “résolues à travailler avec les pays du G5-Sahel dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel autour de ses piliers de gouvernance, de sécurité, de résilience et de développement”.