Il y a deux mois, les voisins du Nigeria engagés dans la lutte contre Boko Haram avaient accueilli l’élection de Muhammadu Buhari par des réactions dépassant et de loin les félicitations d’usage.
Pour le Tchad, le Niger et le Cameroun, il ne s’agissait pas alors de saluer la vitalité de la démocratie nigériane, mais de tourner la page des années Goodluck Jonathan, un chef d’Etat qu’ils vouaient aux gémonies pour son manque de détermination à combattre les insurgés islamistes. Moins d’une semaine après son investiture, vendredi 29 mai, où il a rappelé sa volonté de venir à bout de ce « groupe de gens fous et sans Dieu », le nouveau président nigérian a réservé ses premières visites à l’étranger au Niger et au Tchad, les deux voisins qui ont déployé au cours de l’année leurs soldats à l’intérieur des frontières de son pays.
Ces voyages à Niamey, mercredi 3 juin, puis à N’Djamena, jeudi, ont la force d’une démonstration : celle d’une volonté affichée de renforcer la coopération régionale dans la guerre contre Boko Haram. « Avec la nouvelle administration au Nigeria, nous allons pouvoir rendre opérationnelle la force multinationale avec l’ensemble des pays du lac Tchad » – Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad, auxquels s’est ajouté le Bénin –, avait ainsi déclaré plein d’espoir le président nigérien, Mahamadou Issoufou, à l’issue d’un entretien, mardi, avec François Hollande. Du côté du Tchadien Idriss Déby, l’autre partenaire privilégié de la France dans la lutte contre les groupes djihadistes dans la bande sahélienne, les attentes sont similaires.
Source: Le Monde