Leur propagande nauséabonde leur donne le beau rôle : Les croyants ; fidèles serviteurs d’Allah. Ils se revendiquent des mujahidins (moudjahids ou mujāhids ou encore moudjahidins ou moudjahiddines) qui se battent pour la foi. Et nous nous sommes des cafres, des mécréants, des païens, des athées… qu’ils ont décidé de transformer en chaire à canon comme ces pauvres élèves gendarmes. Mais, au nom de quelle démoniaque cause doit-on endoctriner des gosses qui ont à peine quitté les landaus de leurs mamans pour ôter la vie à des humains ?
Comment peut-on oser croire qu’on est brave en s’attaquant à des jeunes désarmés à peine réveillés de leur sommeil ? Comment peut-on avoir le toupet de commettre de tels actes ignobles et inhumains au nom de l’Islam au lendemain de la fête du Maouloud (naissance du Prophète Muhammad) célébrée avec ferveur dans un pays qui se réclame à grande majorité musulman ? Qui est le véritable dieu de ces obscurantistes qui n’hésitent pas à enrôler et endoctriner des enfants pour les envoyer se faire tuer au nom d’une cause dont ils ignorent tout ?
Des innocents obnubilés par la promesse du paradis (comme si ces criminels en puissance étaient les gardiens du paradis) et surtout des récompenses financières. Dans ce cas d’espère, les morts et les survivants devaient se partager 2 milliards CFA comme primes d’opération. «On nous a promis 2 milliards de francs CFA après l’attaque. Que nous mourrons ou pas, cette somme sera partagée entre tous les membres du groupe qui ont participé à la mission», a en effet laissé entendre l’un des bambins arrêtés par les FDS en possession d’une Kalachnikov lors de l’attaque. Et bien sûr que c’est juste une promesse.
Comme l’a rappelé l’Imam Ibrahim Kontao, vice-président Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) le lendemain de l’attaque (18 septembre 2024), ces attaques criminelles ont été posées par des terroristes qui combattent l’État en posant des actes qui ne sont pas partagées par les musulmans. Elles sont donc condamnées avec la dernière énergie par les membres du bureau du HCIM. Mieux, le leader religieux l’a dit à qui veut l’entendre que l’acte posé est condamné par l’Islam qui ne se reconnaît nullement dans la violence du genre. «Nous rappelons à tous les Maliens que ces actes ne sont pas posés par des musulmans. La vision de l’Islam, c’est de protéger les personnes et leurs biens. Tout acte qui va à l’encontre de cette vision est condamné par l’Islam», a déclaré l’Imam Kontao.
Dans une vidéo de propagande publiée le même jour, les obscurantistes promettent (dans un piteux français avec des propos virulents et obscènes à l’égard des dirigeants du pays) de remettre cela et surtout de faire plus mal, donc plus de victimes. D’où l’urgence de tirer les enseignements de la tragédie du 17 septembre 2024.
Même si les Forces armées maliennes (FAMa) ont promptement et efficacement réagi, ces attaques suscitent beaucoup de questions par rapport aux dispositifs de sécurisation de la capitale et de ses infrastructures militaires et sécuritaires. Ces attaques n’ont rien d’actions improvisées. Elles ont donc été soigneusement planifiées avec des éléments infiltrés. Comment cela a-t-il pu échapper à nos services de renseignements ? Nos autorités militaires devaient pourtant être sur leur garde d’autant plus que, après les événements de Tinzawaten en juillet dernier, le groupe d’Iyad Ag Ghali a clairement indiqué que sa cible était surtout la capitale malienne. Et, visiblement, il a soigneusement préparé cette opération complexe qui a mobilisé plusieurs combattants et des moyens importants.
Et il était évident que l’attaque de l’Ecole de la gendarmerie était une diversion. Comment n’a-t-on pas systématiquement pensé à renforcer le dispositif sécuritaire autour des dépôts de Office National des Produits Pétroliers (ONAP) et surtout de l’aéroport international, notamment la «Base 101» qui abrite les vecteurs aériens qui ont fait que la peur à changer de camp ? Comment les terroristes ont-ils pu avoir si facilement accès à cette base stratégique pour y commettre tant de dégâts ? Comment peut-on investir tant dans les vecteurs aériens d’une telle importance sans prendre des mesures draconiennes pour les protéger ? Par ailleurs, cela nous donne malheureusement raison quand nous déplorions tout le tapage médiatique autour de nos acquisitions militaires. Dans une guerre de ce type, la discrétion est une redoutable arme.
Il est en tout cas clair que le dispositif sécuritaire de la capitale et de ses infrastructures stratégiques est entièrement à revoir parce que nous ne parvenons pas à comprendre que ces criminels soient parvenus à facilement s’introduire à la «Base 101» comme dans une boutique du Dabanani pour porter ce coup fatal aux symboles de notre souveraineté aérienne. Ce lieu doit être une forteresse imprenable compte tenu de son importance stratégique dans la montée en puissance de nos FDS dans cette lutte implacable contre le terrorisme.
Comme l’a si pertinemment écrit un chroniqueur politique de la place, «plus rien ne doit être comme avant». Et cela d’autant plus que «la gravité de la situation impose des changements structurels majeurs dans nos comportements quotidiens et dans le fonctionnement même de l’appareil d’Etat à plusieurs niveaux». Elle pose en premier lieu la nécessité de «sécuriser le processus décisionnel en restreignant le nombre de personnes impliquées pour considérablement réduire les fuites et faciliter l’identification des personnes responsables de ces forfaitures».
Une consoeur et amie a aussi pertinemment souligné, «on préfère généralement fermer les yeux sur ce qui est pourtant évident. Les vérités sont parfois troublantes et peuvent nous plonger dans le désespoir. Toutefois, choisissons d’ouvrir les yeux pour notre paix intérieure» ! Pour notre sécurité, creuset de la sécurité du pays voire du Sahel !
Moussa Bolly