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Aphrodisiaques : L’illusion d’une périlleuse virilité

Faire durer le plaisir, rallonger ou grossir le pénis ; lubrifiants vaginaux, produits miraculeux contre l’impuissance sexuelle, l’éjaculation précoce… Les réseaux sociaux sont devenus ces derniers temps de vrais sex-shops avec souvent des propositions aussi fantaisistes les unes que les autres. Cela va des produits industriels aux solutions traditionnelles le plus souvent faussement certifiés bio. En dehors d’une efficacité le plus souvent douteuse, la consommation ou l’abus de ces produits n’ont-ils pas d’effets pervers sur notre santé ?

 

Autant la virginité est bafouée, sacrifiée ; autant la virilité se cultive à souhait pour être brandie comme une arme de séduction, un facteur de pouvoir… Sur ce plan, notre société n’a pas encore beaucoup évolué. L’impuissance sexuelle se nourrit ainsi de complexes, de préjugés et de fausses croyances empêchant les victimes de s’ouvrir  à des proches ou à de vrais praticiens pour trouver des solutions idoines. Ils sont ainsi nombreux à se rabattre de nos jours sur des produits démesurément vantés (publicité mensongère) sur les réseaux sociaux. Les amateurs ne manquent donc pas dans une société où les facteurs (sociaux, financiers, psychologiques…) pouvant affecter la vie sexuelle d’un individu ne manquent pas.

La virilité et la fertilité sont ainsi devenues de juteux fonds de commerce pour beaucoup de charlatans. En effet, la recherche de la performance sexuelle fait que les produits aphrodisiaques à base des plantes et racines naturelles sont de plus en plus consommés en Afrique. Les vendeurs et consommateurs vantent des vertus qui rendraient très performants les hommes pendant l’activité sexuelle.

La maca, le fenugrec, le bois bandé, le ginseng asiatique, cyclone et le jus de petits cola (qui se vendent de jours comme des cacahuètes dans nos boutiques de quartier), le septième ciel… Tous ces produits sont aujourd’hui accessibles sur le marché et vendus comme des petits pains. Si dans le temps ces produits étaient prisés par des consommateurs d’un certain âge, de nos jours les adeptes se comptent parmi les jeunes et même des ados en quête d’une première expérience sexuelle. Il s’agit généralement de produits traditionnels qui ne sont pas fabriqués par des laboratoires ni soumis au contrôle médical et utilisés par des gens pour des traitements traditionnels sans l’avis d’un médecin.

«Leurs prix très abordables et leur accessibilité expliquent leur popularité croissante», explique un sociologue. Les consommateurs reconnaissent l’utilité et le fonctionnement des produits. «Cela me permet d’être en érection plusieurs fois. Je crois que c’est tout ce que les filles apprécient chez les garçons», confesse un jeune consommateur. Ce qui fait que les vendeurs y trouvent leur compte. «Avec ce commerce, je nourris très bien ma famille», avoue un vendeur qui exerce dans la parfaite clandestinité comme la grande majorité de ses collègues

Le revers de la médaille peut ainsi ressembler à un saut dans l’enfer avec des ennuis sanitaires à ne pas en finir. En effet, des spécialistes mettent en garde contre leur consommation abusive dont les conséquences peuvent être graves pour la santé. Ils sont malheureusement nombreux à se vanter des effets de ces produits sur leur performance sexuelle sans se préoccuper des effets de leur consommation abusive. Des produits dont on connaît rarement la composition chimique voire leur dosage réel (produits traditionnels).

«Ces produits peuvent entraîner la mort subite pendant la relation sexuelle sans épargner aussi les troubles des reins et problèmes cardiaques», souligne un cardiologue. «Ces substances transitent par les reins. La consommation abusive de produits aphrodisiaques peut nuire aux reins. C’est d’ailleurs l’une des causes aujourd’hui de la multiplication des maladies rénales», rappelle un autre spécialiste. «La consommation de ces produits souvent frelatés ou surdosés peut entraîner des maux de tête et des vertiges. Chez les patients hypertendus ou présentant des risques cardiovasculaires, des AVC, des crises cardiaques voire la mort subite peuvent intervenir», ajoute-t-il.

Les femmes figurent aussi dans le lot de consommateurs des produits aphrodisiaques. Mais pas forcément pour le même usage. «Les femmes en font beaucoup plus d’usage que les hommes surtout en état de grossesse. Certaines dames utilisent des aphrodisiaques pour faciliter ou déclencher le travail de l’accouchement», explique une sage-femme. Sauf que, généralement, c’est l’effet contraire qui se produit. «Ces produits peuvent malheureusement aggraver les contractions avec des risques de déchirures cervicales, de ruptures utérines…», indique-t-elle.

Du 7e ciel à l’enfer, le risque est réel. Mais, sans doute qu’ils sont nombreux à le braver juste pour une fausse virilité ou quelques instants de… plaisir !

Hamady Tamba

 

L’éternelle quête du 7e ciel !

Qui n’a pas entendu dire que les chocolats, les fraises et les huîtres pouvaient avoir un effet aussi puissant ? Historiquement, les aphrodisiaques ont même inclus des aliments très particuliers, comme la cantharide toxique ou mouche espagnole, la corne de rhinocéros broyée et des extraits de plantes rares. Nommés d’après Aphrodite, la Déesse grecque de l’amour et de la passion, les aphrodisiaques sont des produits censés augmenter la libido, la puissance et le plaisir sexuel.

En fait, au cours de ses recherches pour son livre Intercourses sur les aliments aphrodisiaques, Martha Hopkins Martha Hopkins Struever (1931–2017/ marchande d’art amérindienne, une auteure et spécialiste de premier plan de la poterie indienne…) a découvert que presque tous les aliments ont été un moment considérés comme aphrodisiaques. Selon divers experts, les aphrodisiaques sont des substances (aliments, plantes ou médicaments) qui augmentent les niveaux de stimulation, le désir sexuel, le comportement et le plaisir après consommation.

Tout au long de l’histoire de l’humanité, diverses cultures ont recherché des aliments susceptibles de séduire leurs amants ou d’améliorer leurs performances sexuelles. Nombre d’entre eux sont des mets rares ou de luxe. D’autres ressemblent étrangement à des organes sexuels ou à des odeurs qui éveillent les sens. Dans la Rome antique, par exemple, une herbe compacte appelée «Silphium» était appréciée pour sa sève odorante et son jus était utilisé comme aphrodisiaque.

Et cela bien qu’il ait pu également être utilisé comme moyen de contrôle des naissances. Aujourd’hui, le chocolat, les figues et les huîtres font partie d’une longue liste d’aliments connus pour leurs propriétés aphrodisiaques supposées. Mais, il en existe d’autres qui sont bizarres et très chers, comme un mollusque de forme phallique connu sous le nom de palourde géante ou de panope.

H.T

Source : Le Matin
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